Nikēta Elenē S., Loukia Nicolaidou-Vasiliou 1909-1994, Nicosie, Politistiko Kentro Omilou Laikēs, 2002
Loukia Nicolaidou-Vassiliou, Hellenic Centre, Londres, 11 janvier – 9 février 2019
Peintre chypriote.
Première artiste féminine chypriote, Loukia Nicolaidou suit des cours à l’académie Colarossi en 1929, puis à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris (1930-1933), dans l’atelier de Lucien Simon. Si elle apprend auprès de lui l’importance de la composition, c’est la couleur qui devient son véritable « sujet », utilisée dans des tonalités chaudes, et appliquée en grands aplats. Elle cherche la simplification du trait dans le traitement des corps et l’expressivité des personnages qui dégagent souvent une imperceptible tristesse. Son thème de prédilection est la nature humaine. Elle n’a pas encore terminé ses études quand elle expose à Paris, notamment au Salon d’automne de 1932 ; à propos de son œuvre La Petite Normande, Maurice Raynal remarque déjà dans L’Intransigeant « des charmantes compositions qui posent ça et là des notes de fraîcheur ». Cette femme dynamique aurait peut-être suivi une autre trajectoire si elle était restée à Paris. Or elle retourne à Chypre, alors sous domination anglaise, et dont la situation économique est catastrophique, et le contexte artistique proche d’un désert.
La plupart des rares expositions organisées par l’occupant ne montrent que des artistes amateurs, souvent des étrangers de passage. Néanmoins, la peintre présente en 1934 la toute première exposition chypriote montrant de réelles recherches plastiques. S’il est vrai que peu de personnes éclairées apprécient son travail, elle suscite des critiques enthousiastes. Les deux années suivantes, elle expose ses nouvelles créations, avant de partir en 1937 en Angleterre, où sa soeur aînée est déjà installée ; elle y présente de nouveau ses œuvres dans une manifestation collective, et bénéficie également de bonnes critiques (voir Times, 17-5-1939). Son mariage avec un riche armateur grec l’éloigne petit à petit de la scène artistique. L. Nicolaidou continue pourtant de travailler jusqu’à la fin des années 1950, mais sans exposer. Son œuvre est restée méconnue et inexplorée jusqu’en 1992, un an avant sa mort, date à laquelle une grande exposition rétrospective est organisée par Eleni S. Nikita et le département culturel du ministère de l’Éducation et de la Culture de Chypre. Elle a, depuis, trouvé sa place dans l’histoire de l’art chypriote.