Chassey, Éric de, Marcia Hafif, la période romaine, 1961-1969, Genève, Mamco, 2010
→Lefebvre, Arnaud, Marcia Hafif, écrits et interviews, Paris, Galerie Arnaud Lefebvre, 1994
→Weckop-Conrads, Helga, Marcia Hafif, Red Paintings, Neuss, Galerie Conrads, 1990
Marcia Hafif, the invetory : painting, Laguna Art Museum, 28 juin – 27 septembre 2015
→Marcia Hafif : Films (1970-1999), Galerie Lenbachhaus und Kunstbau, Munich, 17 juillet – 30 septembre 2018
Peintre états-unienne.
C’est en 1961 que commence vraiment la carrière de Marcia Hafif. Après une jeunesse californienne, des études à Pomona College d’où elle sort en 1951, elle part en décembre 1961 pour l’Italie où elle vit jusqu’en 1969. C’est à Rome, côtoyant l’avant-garde italienne de l’époque (elle est notamment proche de Carla Accardi [1924-2014]), qu’elle crée plus de deux cents peintures qui resteront presque inconnues jusqu’aux années 1990. L’artiste qualifie de « pop minimal » cet ensemble d’œuvres majeur auquel appartiennent les deux toiles 84 et 123. Ligne hard-edge, jeu du positif et du négatif, couleurs vives et formes arrondies, parfois biomorphiques – avec de telles peintures, le possible symbolisme de l’idiome abstrait et l’abstraction d’une éventuelle figuration se confondent.
Rentrée en Californie, M. Hafif reprend des études à l’Université de Californie (Irvine) où enseignent Robert Irwin (1928-) et Craig Kauffman (1932-2010). Elle délaisse alors la peinture pour le film, la photographie et l’installation sonore. En 1971, elle part pour New York et entre à la Sonnabend Gallery en 1973. Sa peinture se fait alors monochromatique.
En 1978, elle publie dans Artforum un essai remarqué, intitulé « Beginning again », consacré à l’avenir de l’abstraction picturale, dans lequel elle témoigne d’un intérêt, rare à l’époque à New York, pour les expérimentations européennes, et notamment pour Supports/Surfaces. Olivier Mosset (1944-) se rapproche alors d’elle pour bientôt créer, avec quelques autres, un groupe qui entre dans l’histoire en 1984 grâce à l’exposition Radical Painting qu’organise Thomas Krens au Williams College (Massachusetts). Son œuvre est scandée par différentes séries qui déclinent les paramètres constitutifs de la peinture (matériau, couleur, technique d’application, notamment). En 1999 elle retourne en Californie. Le MAMCO de Genève organise en 2011 une exposition des œuvres de la période romaine. Et, en 2015, le Laguna Art Museum lui consacre une première rétrospective bien tardive, qui circulera en Suisse.
Revenant en 2010 sur sa carrière, M. Hafif confie : « Je n’ai pas imaginé un instant que je pourrais ne pas réussir dans la peinture pour la seule raison que j’étais une femme. Je ne me suis pas crue obligée non plus de chercher à faire une ‘peinture de femme’. […] Je ne voyais pas en quoi le fait d’être une femme m’aurait empêchée de travailler comme j’en avais envie. » Elle ajoute : « Il y avait quand même une part de naïveté dans cette attitude, qui m’a rendu service. »
Publication en partenariat avec le Centre Pompidou, dans le cadre de l’exposition Elles font l’abstraction présentée au Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Galerie 1, Paris, du 5 mai au 23 août 2021, sous le commissariat de Christine Macel et de Karolina Ziebinska-Lewandowska (pour la photographie), assistées de Laure Chauvelot. Notice tirée du catalogue de l’exposition publié par les éditions du Centre Pompidou ©Éditions du Centre Pompidou, 2021