Hermo, Carmen, María Magdalena Campos-Pons: Behold, cat. exp., J. Paul Getty Museum, Los Angeles ; Brooklyn Museum, New York (2023-2025), Los Angeles, J. Paul Getty Museum, 2023
→Hassan, Salah M., et Finley, Cheryl, Diaspora, Memory, Place: David Hammons, María Magdalena Campos-Pons, Pamela Z, cat. exp., Dak’art Biennial, Dakar (2008), Munich, Prestel, Prince Claus Fund Library, 2008
→Frieman, Lisa D., María Magdalena Campos-Pons: Everything is Separated by Water, cat. exp., Indianapolis Museum of Art, Indianapolis (2007-2008), Indianapolis, Indianapolis Museum of Art, 2007
María Magdalena Campos-Pons: Behold, Brooklyn Museum, New York, septembre 2023 – janvier 2024 ; Nasher Museum of Art at Duke University, Durham (Caroline du Nord), février – juin 2024 ; Frist Art Museum, Nashville (Tennessee), septembre 2024 – janvier 2025 ; J. Paul Getty Museum, Los Angeles (Californie), février – mai 2025
→Alchemy of the Soul, Elixir for the Spirits, avec Neil Leonard, Peabody Essex Museum, Salem (Massachusetts), janvier – avril 2016
→María Magdalena Campos-Pons: Everything is Separated by Water, Indianapolis Museum of Art, Indianapolis (Indiana), février – juin 2007; Bass Museum of Art, Miami (Floride), septembre – novembre 2007
Artiste de techniques mixtes cubaine.
L’artiste María Magdalena Campos-Pons explore les récits mêlés, à l’échelle mondiale, de l’esclavage et de l’indenture (servage), de la maternité et de la création, de la spiritualité et de la résilience. Son travail est enraciné dans les histoires et les traditions de sa famille cubaine, descendante de personnes originaires de l’actuel Nigéria, qui ont été déportées et esclavisées dans les Amériques pour travailler dans les plantations sucrières. L’esprit performatif de son œuvre multimédia est en grande partie inspiré par les rituels, les mythes et les processions de la santería, religion afro-caribéenne. Sa grand-mère, prêtresse initiée, et son père, herboriste, lui ont transmis une sensibilité profonde aux liens sacrés et sensoriels entre le corps et l’âme, l’humain et son environnement. Ces énergies traversent son travail, tout comme les thèmes de la migration, de la construction du foyer et des dynamiques de collaboration communautaire.
Née à Cuba en 1959, l’année où Fidel Castro arrive au pouvoir, M. Campos-Pons grandit dans une époque de liberté artistique, pleine de promesses ; où cependant la religion – et en particulier les pratiques spirituelles afrodescendantes – était proscrite par le gouvernement cubain. Elle est diplômée en 1980 de l’Escuelas Nacionales de Arte de La Havane et en 1985 de l’Universidad de las Artes, dans la même ville. Malgré ces restrictions, M. Campos-Pons, avec d’autres artistes, résiste au climat politique et social des années 1980, de plus en plus oppressif, exacerbé par l’embargo états-unien. À la fin des années 1980, elle quitte Cuba pour les États-Unis afin de poursuivre ses études et obtient un Master of Fine Arts du Massachusetts College of Art and Design en 1988. Elle emménage de façon permanente à Boston en 1993, où elle enseigne pendant trois décennies à la School of the Museum of Fine Arts, qui fait désormais partie de la Tufts University. En 2025, M. Campos-Pons est professeure (Cornelius Vanderbilt Endowed Chair of Fine Arts) à la Vanderbilt University, à Nashville. Elle y établit Engine for Art, Democracy, and Justice, une plateforme de débats artistiques et intellectuels.
Le travail de M. Campos-Pons ne se restreint pas à un seul médium : elle utilise la photographie, l’aquarelle, la peinture, l’installation multimédia, la vidéo, l’estampe et la performance. Elle crée de grands formats en plusieurs parties constitués de polaroïds – inspirés par la nature instantanée et performative de ce type d’appareil. Ces œuvres combinent l’autoportrait et l’accumulation sculpturale dans des compositions symboliques et poétiques, comme avec When I Am Not Here / Estoy Allá (1997), où l’orisha (divinité yoruba) Yemayá est invoquée dans un geste de protection envers les peuples afrodescendants. Sa trilogie d’installations multimédia A History of a People Who Were Not Heroes (1994), réalisée en collaboration avec le compositeur Neil Leonard (né en 1959), est créée en rassemblant, entre autres, les souvenirs des femmes de sa famille liés aux structures physiques et sociales de l’esclavage colonial. Spoken Softly with Mama (1998) est la deuxième œuvre de cette série, qui rend hommage au travail domestique invisible des femmes afro-cubaines. M. Campos-Pons y combine des planches à repasser emballées dans de la soie, des centaines de fers en verre moulé et des photographies anciennes de ses grands-mères et de ses tantes. Elle y ajoute, par le biais de projections vidéo, ses propres gestes performatifs liés au soin, à la fertilité, à l’ornement et à la spiritualité. Arrangée de manière à évoquer un autel dévotionnel de la santería, l’œuvre rend hommage à ces femmes et à leur histoire dans le contexte de l’Atlantique noir, ainsi qu’à l’exploration de la « matérialité de la mémoire », comme la décrit l’artiste.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « The Origin of Others. Réécrire l’histoire de l’art des Amériques, du XIXe siècle à nos jours » en partenariat avec le Clark Art Institute.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2025