Christiane Dellac, Marie-Anne Collot (1748-1821). Une sculptrice française à la cour de Catherine II, Paris, L’Harmattan, 2005.
→Louis Réau, « Une femme sculpteur française au XVIIIe siècle, Marie-Anne Collot (1748-1821) », Bulletin de la Société de l’histoire de l’art français, 1924.
→Antony de Valabregue, Madame Falconet. Une artiste française en Russie (1776-1778), Paris, Rouam, 1898.
Catherine la Grande : un art pour l’empire, Toronto, musée des Beaux-Arts de l’Ontario, 1er octobre 2005-1er janvier 2006 ; Montréal, musée des Beaux-Arts, 2 février-7 mai 2006.
→Masterpieces from the Hermitage : The Legacy of Catherine the Great, Melbourne, National Gallery of Victoria, juillet-novembre 2005.
→Edele eenvoud : Neo-classicisme in Nederland, 1765-1800, Haarlem, Teylers Museum ; Haarlem, Frans Halsmuseum, septembre-novembre 1989.
Sculptrice française.
La sculptrice parisienne Marie-Anne Collot bénéficie d’une reconnaissance extraordinaire pour ses portraits en buste réalistes et expressifs. Ses œuvres ont été collectionnées par les élites et les royautés européennes, en particulier par l’impératrice de Russie Catherine II, dite Catherine la Grande. Son talent artistique se distingue nettement dans un portrait en buste qui lui a récemment été réattribué, celui d’une jeune fille, possiblement Marianne Golicyn à l’âge de douze ans, fille du couple princier russe formé par Dimitri Alexeïevitch Galitzine et Amélie von Schmettau. Cette sculpture immortalise l’innocence enfantine du modèle qui transparaît dans ses traits délicats et son sourire pudique. La technique réaliste de M.-A. Collot s’exprime dans l’attention qu’elle porte au détail, comme dans le ruban autour du cou de la jeune fille.
Le chemin de M.-A. Collot vers le succès n’est pas tout tracé. Elle perd ses parents alors qu’elle est encore enfant. Pour gagner sa vie, elle commence à travailler comme modèle pour le sculpteur Jean-Baptiste Lemoyne (1704-1778), à l’âge de quinze ans. Peu après, elle devient modèle pour Étienne Maurice Falconet (1716-1791), sculpteur renommé. Sous sa conduite, elle se lance dans le métier. Bien introduite dans le cercle d’E. M. Falconet, composé d’intellectuels de premier plan, dont le philosophe Voltaire, elle est rapidement reconnue pour son talent, ce qui lui permet d’obtenir de nombreuses commandes.
En 1766, M.-A. Collot voyage à Saint-Pétersbourg pour accompagner son professeur, commissionné par l’impératrice russe pour réaliser une statue du tsar Pierre le Grand. Peu après son arrivée, elle se fait une place en tant que sculptrice reconnue. Catherine II lui commande de nombreux portraits et lui octroie une pension à vie. En 1767, M.-A. Collot marque l’histoire en devenant la première femme membre de l’Académie impériale des beaux-arts de la ville. Lorsque E. M. Falconet rencontre des difficultés à concevoir la tête de sa statue, Catherine II confie cette tâche à la jeune artiste. La statue équestre qui en a résulté domine aujourd’hui encore la place du Sénat à Saint-Pétersbourg.
Après une année passée à étudier auprès du sculpteur parisien Jean-Antoine Houdon (1741-1828), M.-A. Collot retourne en 1777 à Saint-Pétersbourg, où elle épouse Pierre-Étienne Falconet, le fils de son professeur. Au bout d’un an, elle donne naissance à une petite fille et retourne à Paris. Cependant, seulement un an plus tard, le mariage prend fin de manière tumultueuse. M.-A. Collot embarque alors pour un voyage à La Haye, où elle reçoit des commandes du stadthouder (gouverneur général) et de son épouse ainsi que de plusieurs intellectuels néerlandais, dont le célèbre physicien Petrus Camper et le philosophe François Hemsterhuis.
M.-A. Collot retourne à Paris en 1780, mais elle met un terme à sa carrière artistique trois ans plus tard en choisissant de s’occuper de son beau-père, paralysé, et ce jusqu’à la mort de ce dernier en 1791. À ce moment, la Révolution a déjà déferlé sur Paris et elle est obligée de fuir sa ville natale en raison de son statut social privilégié et de ses liens étroits avec l’aristocratie européenne. Elle trouve refuge dans un château à Mariemont, en Lorraine, où elle vit avec sa fille et son beau-fils jusqu’à sa mort en 1821, laissant derrière elle un très impressionnant héritage qui continue d’être célébré de nos jours.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « Rééclairer le siècle des Lumières : Artistes femmes du XVIIIème siècle »
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