Bouillon Jean-Paul, Félix Bracquemond, 1833-1914 : gravures, dessins, céramiques. Marie Bracquemond, 1841-1916 : tableaux, La Chaplle-Montligeon, Impr. De Montligeon, 1972
→Roche Marie-Dominique, Félix et Marie Bracquemond, mémoire à l’Ecole du Louvre soutenu en 1969 devant Roselin Bacou et Maurice Sérullaz
Peintures, aquarelles, dessins et eaux-fortes de Marie Bracquemond, Galerie Bernheim-Jeune, Paris, 1919
Peintre, décoratrice sur céramique, illustratrice et graveuse française.
Issue d’un milieu plutôt modeste, Marie Bracquemond, née Quivoron, est une artiste impressionniste qui s’illustre par la diversité de son œuvre. Elle se forme d’abord à Étampes dans les années 1850, avant de recevoir les conseils de Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867). Dans les années 1860, elle approfondit sa formation à Paris auprès des peintres Désiré François Laugée (1823-1896), Émile Signol (1804-1892) et Hugues Merle (1822-1881). Entre 1859 et 1875, elle entame une carrière de peintre et expose au Salon, d’abord sous le nom de sa mère, Pasquiou ou Pasquiou-Quivoron, des portraits et des scènes inspirées du Moyen Âge et de la littérature. Son travail est alors la source de revenus du foyer qu’elle forme avec sa mère et sa demi-sœur, grâce à la commande de copies puis à son poste de professeure de dessin pour la Ville de Paris.
En 1869, son mariage avec le graveur et céramiste Félix Bracquemond (1833-1914), rencontré au musée du Louvre, influe sur sa carrière. Entre 1872 et 1881, elle met à profit sa formation de peintre sous sa direction au sein de l’atelier d’Auteuil et renouvelle le décor sur céramique pour la manufacture Haviland. Pour l’Exposition universelle de 1878, elle réalise un panneau de céramique monumental sur un sujet allégorique, Les Muses des arts, aujourd’hui perdu. Elle introduit des motifs de la vie moderne sur des vases et des assiettes, sujets développés ensuite par le dessin de presse (pour la revue La Vie moderne, entre 1879 et 1886) et en peinture autour de la figure féminine en plein air. Limitée dans son accès aux modèles, l’artiste étudie en réalité les effets de lumière en représentant maintes fois sa sœur dans son jardin de Sèvres, comme dans La Dame en blanc.
En 1879, 1880 et 1886, M. Bracquemond participe aux expositions impressionnistes, certainement à l’invitation d’Edgar Degas (1834-1917). Elle montre alors la diversité de son art (cartons préparatoires pour Les Muses des arts, faïence, peintures, aquarelles), mais sans exposer les œuvres qui s’approchent le plus, par la technique et les couleurs, de celles d’artistes du groupe (Sur la terrasse, à Sèvres, 1880). Ainsi, en 1886, elle présente non pas l’huile sur toile mais les dessins préparatoires des Trois Grâces (vers 1880). F. Bracquemond s’opposerait alors aux évolutions stylistiques de son épouse.
M. Bracquemond, qui participe en 1881 à l’exposition Black and White de la Dudley Gallery à Londres, se tourne dans les années 1880 vers l’eau-forte originale. En 1890, elle expose avec la Société des peintres-graveurs français à la galerie Durand-Ruel. Son Autoportrait gravé est particulièrement remarqué par Henri Beraldi, écrivain spécialiste des estampes. En 1893, lors de sa dernière exposition, elle présente deux estampes au sein du Woman’s Building de l’Exposition universelle de Chicago. Elle interrompt brutalement sa carrière publique et ne pratique alors la peinture et l’aquarelle que dans un cadre privé.
En 1919, trois ans après la mort de M. Bracquemond, son fils unique, Pierre Bracquemond (1870-1926), réunit cent cinquante-sept de ses œuvres pour une exposition rétrospective à la galerie Bernheim-Jeune. Gustave Geffroy, qui en préface le catalogue, avait consacré un chapitre à l’artiste dès 1894 dans son Histoire de l’impressionnisme. Si M. Bracquemond est restée de son vivant dans l’ombre de son mari artiste, et tombée ensuite dans l’oubli, des études et des expositions valorisent depuis quelques décennies son œuvre. En 2019, le musée d’Orsay exposait des dessins et aquarelles de l’artiste au sein du parcours « Femmes, art et pouvoir ». D’autres collections publiques conservent une partie de ses œuvres, à Paris (Petit Palais, Bibliothèque nationale de France), dans d’autres villes françaises (musée des Beaux-Arts à Rouen, musée Adrien Dubouché à Limoges, musée Fabre à Montpellier) et même à l’étranger (Metropolitan Museum of Art à New York et Art Institute of Chicago, entre autres).
Publication réalisée en partenariat avec le musée d’Orsay.
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