Rouquié Alain, Frérot Christine et Molina Cuesta, Juan Antonio, Marta María Pérez Bravo, Esprits de corps, Paris, Association pour la fondation France-Amérique latine, 2013
Algo mágico, Centro de la Imagen, Mexico, 1998
→Esprits de corps, Maison de l’Amérique latine, Paris, 2013
Photographe cubaine.
Marta María Pérez, photographe établie au Mexique, obtient en 1979 un premier diplôme de peinture à l’Academia Nacional de Bellas Artes San Alejandro et un second à l’Instituto Superior de Arte, tous deux à La Havane, en 1984. Depuis le milieu des années 1980, M. M. Pérez produit des séries de photographies en noir et blanc qui montrent généralement une partie de son corps (rarement son visage), et que la chercheuse Ana Belén Martín Sevillano a qualifiées de « performances statiques ». L’une des marques de fabrique des photographies posées de M. M. Pérez est la centralité de l’image entourée d’un halo en mise au point diffuse et contrastée sur fond blanc irisé. En associant des parties de son corps, dans des attitudes souvent non conventionnelles, à des objets tels que des rames ou des bougies, elle fait référence à certains aspects de la santería et du palo monte africains-cubains. Bien qu’elle ne soit pas initiée à ces religions, elle choisit néanmoins de faire appel aux mythologies africaines-cubaines pour exprimer la spiritualité féminine. Les titres qu’elle donne à ses photographies font office d’inscriptions rappelant les augures des croyances de la santería et du palo monte, tout en exprimant son vécu de la féminité. Par exemple, les séries Para Concebir [Pour concevoir, 1985-1986] et Macuto (1992) mettent en avant sa propre expérience de mère. Macuto présente la maternité comme une dévotion et montre M. M. Pérez protégeant ses jumelles, symbolisées par la breloque qu’elle tient contre son cœur. Certaines des œuvres de cette série transgressent toutefois les tabous liés à la maternité et à la féminité dans ces systèmes de croyances syncrétiques.
Son œuvre, comme celles de Juan Francisco Elso Padilla (1956-1988) et José Bedia (né en 1959), est paradigmatique d’une époque où les artistes cubains ont renouvelé leur vocabulaire esthétique tout en redécouvrant leurs racines non occidentales. En tant que femme et photographe, M. M. Pérez propose une approche unique en matière d’exploration des croyances africaines-cubaines vues à travers le prisme du genre. Ses œuvres ont figuré dans de nombreuses expositions internationales, parmi lesquelles la Biennale de La Havane (1989, 1991, 2006, 2009), la XXIe Biennale de São Paulo (1991) et la Ve Biennale d’Istanbul (1997). Ses photographies sont conservées, entre autres, dans les collections permanentes du Museum of Fine Arts de Houston, du Museo Nacional de Bellas Artes de La Havane, du Ludwig Forum für Internationale Kunst à Aachen, du Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía à Madrid et du Museo Extremeño e Iberoamericano de Arte Contemporáneo à Badajoz. M. M. Pérez vit et travaille à Mexico depuis le milieu des années 1990.
© Radical Women: Latin American Art, 1960-1985
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions