Hauke Ohls, « Many-Valued Aesthetics : Interconnections in the Work of Mary Bauermeister », Bielefeld, Transcript, 2024
→Irene Noy (dir.), « Noise in Painting : Mary Bauermeister’s Early Practice and Collaboration with Karlheinz Stockhausen », dans Emergency Noises : Sound Art and Gender, New York, Peter Lang, 2017, p. 127-160
→Linda Muehlig, Mary Bauermeister. The New York Decade, cat. exp., Northampton, Smith College Museum of Art, 2014
1 + 1 = 3. The Art Worlds of Mary Bauermeister, Kunsthalle zu Kiel, Kiel, octobre 2022-mars 2023
→Mary Bauermeister. The New York Decade, Smith College Museum of Art, Northampton, janvier-mai 2015
→mary bauermeister schilderijen & karlheinz stockhausen electronische muziek [Peintures de Mary Bauermeister et musique électronique de Karlheinz Stockhausen], Stedelijk Museum, Amsterdam, 2-25 juin 1962
Sculptrice et peintre allemande.
Mary Bauermeister étudie dans deux écoles d’art au milieu des années 1950, mais les quitte rapidement toutes les deux : elle passe environ un an à la Hochschule für Gestaltung d’Ulm et à la Hochschule für Kunst und Handwerk de Sarrebruck. Parmi les œuvres de cette période, on trouve des peintures sur toile non figuratives, des reliefs et des dessins qui oscillent entre le constructivisme, l’art informel et le mouvement Zero, alors émergent. À la fin des années 1950, elle emménage à Cologne, où son atelier sous les toits devient un lieu de rencontre pour l’avant-garde. L’art, la musique, l’architecture et la poésie sont les bienvenus et des artistes tels que Nam June Paik (1932-2006), John Cage, Otto Piene (1928-2014), David Tudor et Karlheinz Stockhausen y présentent leurs expérimentations interdisciplinaires, intermédiales et performatives. Dans ce contexte, M. Bauermeister est généralement réduite au rôle d’hôtesse, car sa pratique artistique évolue dans une autre direction.
Vers 1960, M. Bauermeister commence ainsi à développer sa propre esthétique, celle de la polysémie (many-valuedness). C’est à partir de ce moment que son œuvre se diversifie de plus en plus en termes de médiums, de techniques et de matériaux. En résulte un système de références intrinsèques qui relie les œuvres d’art entre elles par le moyen de commentaires et d’allusions faits en usant de l’écriture, du dessin, des objets et des images. Avec ce concept de polysémie, l’artiste se réfère à la discipline philosophique de la logique : des déclarations contraires ont toutes la même valeur de vérité.
La reconnaissance institutionnelle se manifeste pour la première fois avec une exposition individuelle au Stedelijk Museum d’Amsterdam (1962), après laquelle M. Bauermeister emménage à New York, où elle reste presque dix ans et connaît ses plus grands succès. S’ensuivent des acquisitions par le Museum of Modern Art, le Whitney Museum of American Art, le Guggenheim Museum et le Hirshhorn Museum and Sculpture Garden. Son travail est présenté dans des expositions telles que la Whitney Annual Exhibition (1964, 1966, 1968) et la Pittsburgh International Exhibition (1967). Elle construit également un impressionnant réseau new-yorkais : Christo (1935-2020) et Jeanne-Claude (1935-2009), Carolee Schneemann (1939-2019), Jasper Johns (1930-) et Marcel Duchamp (1887-1968) font partie de ses ami·e·s et de ses pair·e·s.
L’esthétique polysémique se retrouve dans différents ensembles d’œuvres et les relie entre eux : M. Bauermeister crée des œuvres en pierre telles que Progressions (1963), des assemblages comme Howevercall (1964), des tissus de lumière dont Needless Needles (1963-1964) et des boîtes à lentilles telles que In Memory of Your Feelings or Hommage à Jasper Johns (1965) et I’m a Pacifist But War Pictures Are Too Beautiful (1966). Les boîtes à lentilles sont un hybride entre la sculpture et l’image en deux dimensions, où plusieurs couches de verre sont recouvertes de lentilles de verre et remplies de dessins, de matériaux et de parties écrites, tissant un système complexe d’interconnexions.
M. Bauermeister se retire quelque temps de la scène artistique dans les années 1970, lorsqu’elle retourne en Allemagne et fait construire une maison-atelier et un jardin de sculpture près de Cologne. Dans les années 1980-1990, en particulier, elle se consacre à la conception artistique des jardins et à l’éducation de ses quatre enfants. À partir des années 2000, elle entreprend de ranimer ses ensembles d’œuvres, rencontrant du succès dans le monde de l’art avec des expositions individuelles au Museum Ludwig de Cologne (2004), au Smith College Museum of Art de Northmapton (2015) et à la Kunsthalle zu Kiel (2022-2023).