Meza Marroquín, Mariano, Zurián Ugarte, Tomás (dir.), Nahui Olin. La mirada infinita, cat. expo., Museo Nacional de Arte, Mexico City (15 juin – 9 septembre 2018), Mexico City, Instituto Nacional de Bellas Artes, Museo Nacional de Arte, 2018
→Poniatowska, Elena, « Nahui Olin: la que hizo olas » in Las siete cabritas, Mexico City, Era, 2000, p. 55-78
→Zurian, Tomás (dir.), Nahui Olin. Una mujer de los tiempos modernos, cat. expo., Museo Estudio Diego Rivera, Mexico City (1992), Mexico City, Instituto Nacional de Bellas Artes, 1992
Nahui Olin. La mirada infinita, Museo Nacional de Arte, Mexico, 15 juin – 9 septembre 2018
→Nahui Olin: A Woman Beyond Time, National Museum of Mexican Art, Chicago, 22 juin – 2 septembre 2007
→Nahui Olin. Una mujer de los tiempos modernos, Museo Estudio Diego Rivera, Mexico City, 1992
Poétesse, modèle et peintre mexicaine.
Nahui Olin, née María del Carmen Mondragón Valseca à Mexico, est le cinquième enfant d’une fratrie de huit issue d’une riche famille militaire. Elle commence à écrire de la poésie et de la prose à l’époque où sa famille vit en France, dès ses quatre ans et jusqu’à ses douze ans. En 1914, elle fréquente le milieu artistique parisien lorsqu’elle retourne vivre dans la capitale française après avoir épousé en 1913 le diplomate et peintre mexicain Manuel Rodríguez Lozano (1891-1971). Le couple revient au Mexique en 1921, y poursuivant une relation libre jusqu’à 1922. En 1921, C. Mondragón Valseca entame une longue relation avec le militant et peintre Gerardo Murillo (1875-1964), mieux connu sous le nom de Dr. Atl (« eau » en nahuatl). Inspirée à son tour par la volonté postrévolutionnaire d’affirmer des liens avec la culture et l’histoire autochtones, C. Mondragón Valseca se rebaptise Nahui Olin en 1922, en référence au concept nahuatl du renouveau et de la puissance solaire, créatrice du cycle céleste et symbole des tremblements de terre et du changement.
La relation qu’entretiennent N. Olin et Dr. Atl donne lieu à une période d’intense création pour les deux artistes et influence le style de la jeune artiste, qui privilégie désormais les portraits et les scènes de la vie quotidienne. Dans un autoportrait datant de 1927, elle se peint nue, le regard bleu intense, sur une terrasse en surplomb d’une vue colorée de Mexico. Son coup de pinceau ample, ses couleurs saturées et son sens du mouvement, de l’énergie et de la sensualité font écho à sa longue carrière de modèle. En effet, elle pose pour des dizaines de peintres et de photographes, dont Diego Rivera (1886-1957), Jean Charlot (1898-1979), Edward Weston (1886-1958) et Antonio Garduño (1882-1958). Le conservateur Mariano Meza décrit son activité de modèle comme faisant partie intégrante de sa pratique artistique, qualifiant celle-ci de « dessin avec son corps ».
Au cours des années 1920, la poésie de N. Olin prend un ton plus érotique. Elle publie quatre recueils de poésie : Óptica cerebral. Poemas dinámicos [Optique cérébrale. Poèmes dynamiques, 1922], Câlinement je suis dedans (1923), À dix ans sur mon pupitre (1924) et Energía cósmica [Énergie cosmique, 1932]. En 1933, elle tombe amoureuse du navigateur espagnol Eugenio Agacino, qui lui inspire certains de ses tableaux les plus vifs et explicites, comme Nahui y Agacino frente a la isla de Manhattan [Nahui et Agacino devant l’île de Manhattan, 1933]. Lorsque E. Agacino meurt soudainement un an plus tard, N. Olin entre dans une période d’isolement et se met en retrait de la vie publique et des cercles artistiques.
Plus tard dans sa vie, N. Olin donnera des cours de dessin aux enfants. Dans les années 1970, elle se réinstalle dans sa maison d’enfance et subvient à ses besoins en vendant à la sortie d’une station de métro des clichés datant de l’époque où elle était modèle. Dans sa vie et dans son art, N. Olin va à l’encontre de ce que le Mexique moderne attend des femmes et se positionne ainsi en marge de la société. On la considère désormais comme une icône des premières heures du féminisme, notamment grâce à des expositions telles que Nahui Olin. La mirada infinita au Museo Nacional de Arte en 2018 et Nahui Olin : A Woman Beyond Time au musée national d’Art mexicain en 2007.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
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