Feltens, Frank (ed.), Japan in the Age of Modernization: The Arts of Ōtagaki Rengetsu and Tomioka Tessai, Washington, Smithsonian Scholarly Press, 2023
→Fister, Patricia, Japanese Women Artists 1600-1900, Lawrence, Spencer Museum of Art, University of Kansas, 1988
→Tokuda, Kōen, Ōtagaki Rengetsu, Tokyo, Kodansha, 1982
Meeting Tessai: Modern Japanese Art from the Cowles Collection. National Museum of Asian Art, Smithsonian Institution, Washington, 13 August 2022–18 February 2024
→Her Brush: Japanese Women Artists from the Fong-Johnstone Collection, Denver Art Museum, Denver, 13 November 2022–16 July 2023
→Ōtagaki Rengetsu: Poetry and Artwork from a Rustic Hut [Ōtagaki Rengetsu-ni ten: Yūkyo no waka to sakuhin], Nomura Art Museum, Kyoto, 8 March–20 April 2014
Poétesse, calligraphe, céramiste et peintre japonaise.
La vie de Ōtagaki Rengetsu, nonne bouddhiste japonaise dont les quarante premières années ont été émaillées de douloureuses pertes familiales, est définie par la créativité face à l’adversité. D’abord nommée Nobu, elle serait la fille illégitime d’un seigneur et d’une courtisane ; elle est adoptée peu après sa naissance par la famille Ōtagaki à Chion-in, un temple bouddhiste de Kyoto affilié à l’école de la Terre pure, sans doute à la demande de son père biologique, dont on suppose qu’il était un membre du clan aristocratique Tōdō. La fillette est demoiselle de compagnie au château de Kameyama, aux portes de Kyoto, où son instruction recouvre la littérature, les arts martiaux, le jeu de go et d’autres activités propres aux couches supérieures de la société. On pense que sa vie y a été organisée d’un commun accord par son père biologique et sa famille adoptive, qui souhaitaient qu’elle reçoive une éducation digne d’une jeune femme de la noblesse.
Elle est ordonnée nonne bouddhiste après la mort de son second mari, à l’âge de trente-trois ans, et prend alors le nom de Rengetsu, « Lotus-lune ». À la suite du décès de son père et de ses derniers enfants, elle se réinvente en tant qu’artiste et se met rapidement à vendre des céramiques ornées de ses poèmes waka, comme Vase à suspendre en forme de courge d’Hechima (années 1800), pour gagner – modestement – sa vie. Elle réalise aussi souvent des œuvres sur papier où figurent ses poèmes, par exemple Lune, cerisier en fleur et poème (1867).
De son vivant, Ōtagaki R. est surtout connue pour sa poésie, sa calligraphie et ses céramiques. Elle apparaît aussi, à la fin des années 1830, dans de multiples éditions du Heian jinbutsu shi, le bottin mondain du vieux Kyoto, pour son waka et sa peinture. La fluidité de son style calligraphique s’inspire de l’écriture féminine de la période Heian (794-1185) et sa sensibilité poétique est influencée par les poètes Ozawa Roan et Kagawa Kageki. Ses écrits mêlent des motifs wakaséculaires à des réflexions simples et directes sur son expérience personnelle. Son choix de décorer ses céramiques avec sa propre poésie dans un japonais intelligible, plutôt qu’en chinois académique comme c’est alors courant, rencontre un franc succès. On dit que, au faîte de sa popularité, chaque foyer de Kyoto possédait au moins une pièce réalisée par Ōtagaki R.
Elle a influencé un grand nombre d’artistes, écrivain·es, intellectuel·les tout au long de sa vie, en particulier le peintre lettré Tomioka Tessai (1836/1837-1924), qui a été son assistant à demeure dans sa jeunesse, et le potier Kuroda Kōryō (1823-1895), qui a pris le titre de « Rengetsu deuxième du nom » à la mort d’Ōtagaki R. Elle a exercé une influence particulière sur les écrivaines et artistes femmes, qu’elles lui soient contemporaines, comme les peintres et poétesses Takabatake Shikibu (1785-1881) et Saisho Atsuko (1825-1900), ou qu’elles aient vécu au xxe siècle, comme la peintre Uemura Shōen (1875-1949), l’une de ses premières biographes. Ses œuvres et son style restent encore très appréciés et les imitations de sa calligraphie et de son style de céramique, si caractéristiques, sont monnaie courante aujourd’huicomme de son vivant.
En collaboration avec le Denver Art Museum dans le cadre d’AMIS : AWARE Museum Initiative and Support
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