Pia Arke, Humlebæk, Louisiana Museum of Modern Art, 2021
→von Harringa, Charissa, “Movement and the Living Surface: Greenlandic Modernism, Pia Arke, and the Decolonial Legacy of Women Artists in Greenland”, in Modern Women Artists in the Nordic Countries, 1900-1960, New York, Routledge, 2021
→Kuratorisk Aktion (Frederikke Hansen & Tone Olaf Nielsen), TUPILAKOSAURUS: An Incomplete(able) Survey of Pia Arke’s Artistic Work and Research, Copenhague, Kuratorisk Aktion, 2012
TUPILAKOSAURUS: Pia Arke’s Issue with Art, Ethnicity and Colonialism, 1981-2006, Den Frie Udstilling and the National Museum of Denmark, Copenhague, janvier – février 2010 ; Katuaq – Cultural Centre of Greenland and Greenland National Museum & Archives, Nuuk, mars – avril 2010 ; Bildmuseet, Umeå, juin – septembre 2010
→Stories from Scorebysund – In Retrospective, Møstings Hus, Frederiksberg, avril – may 2003
→Telegraphy, Gentofte Public Library, Copenhague, février – mars 1996
Plasticienne danoise.
Pia Gant naît dans le Nord-Est du Groenland, d’une mère groenlandaise et d’un père danois. Elle adopte le nom de famille Arke en 1983 en s’inspirant du nom de jeune fille de sa mère, Arqe. Elle passe sa jeunesse au Groenland avant de s’installer définitivement à Copenhague en 1987 pour étudier la peinture et la photographie à l’Académie royale des beaux-arts du Danemark. En 1995, elle obtient une maîtrise en beaux-arts au sein du département de Théorie et Communication avec son mémoire Etnoaestetik [« Ethno-esthétique », non traduit en français]. L’œuvre de P. Arke s’intéresse au silence qui entoure la relation entre le Groenland et le Danemark, silence qui l’a vue naître. Pour travailler le champ de ce rapport complexe, elle prend comme point de départ son propre corps et sa propre histoire. Elle s’intéresse au sens de la « petite histoire » en lien avec la « grande », comme elle l’explique elle-même en 2003 : « J’intègre l’histoire du colonialisme dans ma propre histoire de la seule manière que je connaisse, c’est-à-dire en le prenant personnellement. » Son mémoire Etnoaestetik a contribué à faire connaître le discours postcolonial au public scandinave, en remettant en question l’identité européenne du point de vue d’un sujet féminin métissé, qui ne reconnaît pas la distinction entre eux et nous, mais qui se penche sur ce qu’implique d’habiter cet entre-deux, dans une perspective simultanément interne et externe.
Encore étudiante à l’académie, P. Arke commence à présenter son œuvre dans différentes expositions collectives, travaillant surtout, dans les années 1970 et 1980, avec la peinture et les arts graphiques. Elle fabrique son premier sténopé en 1988 : à compter de ce jour, la photographie et le texte deviennent des aspects significatifs de son œuvre. S’appuyant sur les pratiques documentaires des processus coloniaux, elle utilise aussi ces médiums pour développer une méthode unique, combinant les ressources archivistiques publiques avec ses propres souvenirs et archives. Elle inaugure sa chambre noire à taille humaine à l’académie puis photographie la nature groenlandaise et danoise, qu’elle utilisera dans son œuvre future. Nuugaarsuk (1990) en est un exemple : son paysage sert de toile de fond à des autoportraits, tels que Untitled (Put your kamik on your head, so everyone can see where you come from) [Sans titre (Mets ta kamik sur ta tête, que tous puissent voir d’où tu viens), 1993], Selvportræt 2/10 [Autoportrait 2/10, 1992], ainsi que l’œuvre vidéo Arctic Hysteria [Hystérie arctique, 1996].
P. Arke réalise sa première exposition personnelle en 1996 (Telegrafi, à la Bibliothèque nationale de Gentofte, à Copenhague) et renouvelle l’expérience en 2003 à la Møstings Hus de Copenhague, après avoir publié son livre, Scorsebysundhistorier: Fotografier, kolonisering og kortlæggning [Histoires de Scorebysund : photographies, colonisation et cartographie, 2003, non traduit en français], qui présente simultanément une généalogie et une histoire globale. En 2010, trois ans après sa disparition, le collectif de conservateurs et conservatrices danois Kuratorisk Aktion présente la première rétrospective de son œuvre et de ses travaux, TUPILAKOSAURUS: Pia Arkes opgør med kunst, etnicitet og kolonihistorie, 1981-2006 [le problème de Pia Arke avec l’art, l’ethnicité et le colonialisme]. La rétrospective souligne la combinaison réfléchie de l’esthétique et de l’ethnologie par P. Arke et a été exposée dans des espaces artistiques comme dans des musées d’histoire culturelle. Wonderland, première exposition à lui être consacrée en Norvège, présente des œuvres photographiques et vidéo datant de la période 1990-2005 et s’est tenue à Trondheim en 2020.
En 2021, l’artiste fait l’objet d’une rétrospective au musée d’art moderne Louisiana, à Humlebæk ; son œuvre est également exposée dans le cadre de l’exposition Efter stilheden au SMK, le musée national danois.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring