Famille Rester. Étranger, Rester. Étranger, Montreuil, Éditions B42, coll. Sentiers, 2024
→France au revoir, revue en FLE écrite, composée et imprimée par la famille Rester. Étranger, avec des textes de Léonce Noah, Mohamed Bamba, Acauã El_Bandide Shereya, Nicole Koffi et Sandy Stessie Sinvilus, Ousmane Cissé, Barbara Manzetti, Caroline Sebilleau, depuis 2022
→Virginie Bobin et Barbara Manzetti, « Une inclinaison vers l’autre », Qalqalah, 2020
Drougnan tchèrèkor / La vie bonne, Drougnan ponkor / La vie mauvaise, AWARE – Villa Vassilieff, Paris, 2023
→Maison Rester. Étranger, Saint-Denis, exposition permanente habitée par la famille depuis mars 2019
→Mes amis m’adorent, La Terrasse, centre d’art de Nanterre, 2018
Famille recomposée d’artistes exilé·es dans la langue française.
Rester. Étranger naît en 2014, à Paris, d’une série de rencontres entre l’artiste Barbara Manzetti et une famille Rrom ; puis, en 2016, avec de jeunes demandeurs d’asile soudanais – Abdellah Ismail, Hussein Abdallah, Abdelaziz Abdelkarim, Masri Omar, Omar Haroune – dans le cadre des cours de français organisés par le Bureau d’accueil et d’accompagnement des migrants. En 2017, ces conversations se déplacent à la Ménagerie de Verre, où B. Manzetti tient avec Barbara Coffy et Tanguy Nédélec une permanence dans le hall, invitant chorégraphes, performeur·euses et auteur·rices à les rejoindre. Au gré d’expériences linguistiques qui éprouvent l’hospitalité de la langue française, une écriture chorale s’invente et se performe publiquement. Des relations se trament et débordent rapidement le cadre d’une expérience artistique ou militante, puisqu’elles iront jusqu’à l’adoption et l’habitat partagé. De nouveaux personnages entrent ou sortent, devenant ainsi co-auteur·rices de Rester. Étranger – nom choisi dès 2014 pour désigner à la fois les contributeur·rices et leur œuvre. Ce geste radical tente de rassembler sous une œuvre commune des personnes qui n’ont pas les mêmes droits : procédures de demande d’asile, menaces d’expulsion, précarité administrative et économique, racisme font partie intégrante de Rester. Étranger et séparent parfois brutalement les membres de ce qui se nomme, depuis 2017, famille.
En 2018 a lieu la première exposition de Rester. Étranger, à la Terrasse, espace d’art de Nanterre : la famille y établit sa permanence et recouvre les vitres de son écriture. Ce geste, qui brouille volontairement les frontières entre intérieur et extérieur, réapparaît régulièrement au gré des résidences et interventions de Rester. Étranger aux Laboratoires d’Aubervilliers (2018), à Bétonsalon (2021) ou chez AWARE – Villa Vassilieff (2021) ; mais aussi sur les murs et les fenêtres de la Maison Rester. Étranger, installée depuis 2020 à Saint-Denis – maison-cahier, maison-œuvre, maison d’édition, lieu de vie et résidence d’écriture (qui produit des contrats d’auteur·rice lorsqu’il faut appuyer une demande d’asile), jardin et studio d’enregistrement tout à la fois, où séjournent pour des durées plus ou moins longues Hassan Abdallaye, Sabrina Pennacchietti, Youssouf Hassan, Nicole Koffi, Mohamed Bamba, Barbara Coffy, Baris Yarsel, Kassim Koné, Bartolomeo Terrade, Caroline Sebilleau, Ismail Afghan, Ousmane Cissé, Izadine Yahia, Souleymane Soumah, Olivier Marbœuf, Léonce Noah, Acauã Shereya Aniruddha Biswas. Avec la maison, l’hospitalité défendue par Rester. Étranger s’ancre dans un espace et des gestes concrets, qui tentent quotidiennement de résister aux agressions extérieures de l’administration, aux frictions domestiques et aux normes de genre.
Rester. Étranger n’a cessé d’inventer ses lieux de travail et ses formes de publication : site Internet (aujourd’hui désactivé), antenne radiophonique sur la webradio r22 Tout-monde (2017-2022), tenue de la chaire d’excellence Labex Arts-H2H à l’université Paris 8 (et participation à l’occupation de l’université par des exilé·es et leurs soutiens) en 2018, carnet de recherche sur la plateforme Qalqalah (2020-2022) ou encore revue en « français langue étrangée » (France au revoir, depuis 2020). En 2020, Rester. Étranger reçoit le prix AWARE « La vie bonne », qui provoque l’acquisition par le Centre national des arts plastiques du fonds Rester. Étranger (2014-2021) et donne lieu à une exposition à la Villa Vassilieff (2023). En 2024 paraît aux éditions B42 le livre Rester. Étranger, dernière publication à ce jour d’une œuvre-famille en devenir.
Cette notice a été publiée dans le cadre du projet « La Vie Bonne » en partenariat avec le Cnap.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2025