Kishimoto, Sayako, I am Sora Tobu Akaneko daa, Gaka Kishimoto Sayako [Je suis un chat rouge volant ! La peintre Kishimoto], Tokyo, Bijutsu Shuppansha, 2009
→Josei to Art Project. Neodada kara 21seikigata majo e Kishimoto Sayako no Hito to Sakuhin [Du Néo-Dada au sorcières du XXIe siècle: vie et travail de Sayako Kishimoto], Yokohama, Josei to Art Project, 1997
→Sayako Kishimoto, 1939–1988, Nagoya, Kishimoto Sayako Isakuten Junbi Iinkai, 1990
Sayako Kishimoto: The Messenger, musée d’Art de la préfecture d’Aichi, Nagoya, 1er novembre – 15 décembre 2009
→Sayako Kishimoto Revived, musée d’Art Miyagi, Sendai, 12 janvier – 27 mars 2001
→Sayako Kishimoto Posthumous Exhibition, Denki Bunka Kaikan, Nagoya, 24-29 avril 1990
Artiste visuelle japonaise.
Née à Nagoya, Sayako Kishimoto est la deuxième fille de Ken’ichi Kishimoto, psychopathologue et professeur à la faculté de médecine de l’université municipale de Nagoya, et de son épouse Natsuko. Elle se fait d’abord connaître, dans les années 1960, pour son travail d’avant-garde. Après une parenthèse d’une dizaine d’années, elle reprend une activité artistique originale autour des années 1980, s’exprimant dans un triple registre de peinture, de performance et d’écriture.
Enfant, S. Kishimoto a suivi des cours de dessin auprès de Kenkichi Chihara (1904-1998) et de Masao Yabuno (1907-1990). C’est à partir de 1955 qu’elle se consacre pleinement à la maîtrise des techniques, quand elle intègre la filière des beaux-arts du lycée départemental Asahigaoka d’Aichi. Son professeur, Masayoshi Nakamura (1924-1977), peintre nihonga, joue un rôle majeur dans sa formation tout comme certains élèves qui l’ont précédée dans ce même établissement, tels que Genpei Akasegawa (1937-2014), Shūsaku Arakawa (1936-2010) ou Shin’ichi Iwata (1935-2017).
Après ses études secondaires, elle prépare pendant un an le concours des Beaux-Arts, où elle est admise en 1959 dans la section de nihonga de l’Université des beaux-arts de Tama, dont elle sort diplômée en 1963. Cependant, insatisfaite par des cours à l’approche conservatrice, elle exprime très tôt sa volonté de rejoindre le groupe Neo Dadaism Organizer ou de participer aux expositions des indépendants organisées par le quotidien Yomiuri. On la présente souvent comme « la seule femme néo-dada », mais ce serait réducteur et inadapté de résumer son œuvre à son appartenance à un collectif d’artistes qui ne fut actif que pendant six mois, entre mars et octobre 1960. À ce propos, alors que le qualificatif « néo-dada » renvoie généralement au mouvement américain qui compte des artistes comme Jasper Johns (1930-) et Robert Rauschenberg (1925-2008), le groupe en question, composé uniquement d’artistes japonais, en était totalement distinct.
La Naiqua Gallery, à Tokyo, accueille en 1964 sa première exposition personnelle, marquant ainsi le début de sa présence dynamique dans des expositions monographiques ou collectives. À cette époque, S. Kishimoto cherche à remplir tout l’espace avec ses créations dans des présentations s’approchant progressivement d’un dispositif d’installations. Dans les années 1970, elle abandonne un temps ses activités d’artiste indépendante pour tenter de gagner sa vie dans la gestion de projets ou dans des groupes de réflexion. Elle reprend sa carrière d’artiste en 1977 avec une nouvelle exposition personnelle à la galerie Meiji.
De retour à Nagoya en 1979 pour être opérée d’un cancer du sein, S. Kishimoto ne reste pas pour autant inactive, multipliant les projets : performances Jigoku no shisha [Le messager de l’enfer] en pleine rue, cours sur l’art, organisation de colloques sur la culture et les arts… Dans ces années-là, elle peint sur d’immenses toiles de format horizontal rappelant les rouleaux illustrés emaki, sur lesquelles elle raconte des histoires démesurées, presque mégalomaniaques, selon un déroulement chronologique. Convaincue que nombre de problèmes, à commencer par les guerres, pourraient être résolus en remplaçant le système de pensée masculin fondé sur l’autorité, tel qu’il prédomine jusqu’au XXe siècle, par une conception féminine basée sur l’amour et la liberté, vers laquelle tend le XXIe siècle, S. Kishimoto interroge et sermonne le monde dans ses textes. À l’image de sa rhétorique féministe, loin d’être facile à saisir, son expression picturale évolue vers des allégories qui changent selon le sujet, dans des œuvres monumentales où le sujet principal n’est plus l’humain mais l’animal.
En 1983, S. Kishimoto se présente aux élections sénatoriales, mais elle échoue. Dans les émissions politiques de sa campagne, elle critique la soif de pouvoir et les ambitions d’ascension sociale qui prévalent dans nos sociétés et fait preuve de clairvoyance en revendiquant le respect des droits des minorités sexuelles. Elle meurt en 1988, emportée par le cancer.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « Artistes femmes au Japon : XIXe-XXIe siècle »
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