Kaoru Kojima, Josei zō ga utsusu Nippon: Awase kagami no jigazō [Le Japon figure par les images de femmes : Autoportrait dans des miroirs face-à-face]. Tokyo, Brücke, 2019
→Reiko Nakamura, « Les rakkan [signatures] sur les peintures d’Uemura Shoen », Bulletin of The National Museum of Modern Art, no 16, 2012, p. 6-29
→Harada Heisaku et Uchiyama Takeo, Shoen Uemura, 2 vol., Kyoto, The Kyoto Shimbun, 1989
Uemura Shoen, Kyoto City Museum of Art, Kyoto, 17 juillet – 12 septembre 2021
→Uemura Shoen, The National Museum of Modern Art, Tokyo, 7 septembre – 17 octobre 2010 ; The National Museum of Modern Art, Kyoto, 2 novembre – 12 décembre 2010
→Uemura Shoen: 100e anniversaire de sa naissance, Kyoto City Museum of Art, Kyoto, 1er-23 octobre 1974
Peintre japonaise.
Shōen Uemura est l’une des principales artistes femmes du Japon moderne. En 1948, elle est la première femme à être décorée de Bunka Kunshō [l’ordre de la Culture]. Elle est à ce jour, parmi les artistes de l’ère moderne, la seule femme dont les œuvres ont été désignées « juyo bunkazai » [biens culturels importants].
La majorité des toiles de S. Uemura figurent la silhouette féminine. S’inspirant de l’iconographie ukiyo-e ou de sujets des arts de la scène traditionnels comme le théâtre nō, elle peint ce qu’elle considère elle-même comme « l’image idéale de la femme ». Son travail commence à attirer les regards dès la fin de son adolescence et participe à l’apparition de nombreuses artistes femmes par la suite. Elle contribue également à la résurgence du genre bijinga (portraits de belles femmes) dans le monde de l’art. Sa technique et sa capacité à dépeindre la vie intérieure de femmes tout à fait indépendantes et spirituellement autonomes demeurent toutefois inégalées à son époque.
En 1887, S. Uemura s’inscrit à l’école préfectorale de peinture de Kyoto (aujourd’hui Kyoto City University of the Arts). Elle abandonne l’année suivante pour devenir l’élève de Shōnen Suzuki (1849-1918), son mentor à l’école. En 1890, elle expose le tableau Shiki bijinzu [Beautés aux quatre saisons, localisation inconnue] lors de la troisième Exposition industrielle nationale [Naikoku Kangyō Hakurankai]. L’œuvre est achetée par le prince Arthur, duc de Connaught et Strathearn, suscitant ainsi beaucoup d’attention. Souhaitant élargir sa connaissance de la peinture, S. Uemura commence à fréquenter à partir de 1893 l’école privée de peinture de Bairei Kōno (1844-1895), membre de l’école de peinture Maruyama-Shijō. Après la mort de ce dernier, elle continue à étudier sous la direction de son disciple, Seihō Takeuchi (1864-1942). En 1900, elle expose la peinture Hanazakari [Floraison, localisation inconnue] lors d’un événement organisé conjointement, à la fois neuvième exposition de l’Association japonaise de peinture [Nihon Kaiga Kyōkai] et quatrième de l’Institut d’art japonais [Nihon Bijutsuin]. Elle y remporte un prix, ce qui lui vaut une reconnaissance notable du monde de l’art.
En 1907, S. Uemura expose Nagayo [Longue nuit, Fukuda Art Museum] à la première édition de l’exposition Bunten, à laquelle elle participera régulièrement par la suite. Dans un monde de l’art observant une résurgence du genre bijinga, les œuvres réalisées dans ce style oscillent entre une grande popularité auprès du public et une condamnation par la critique, en ce qu’elles figureraient de façon vulgaire des silhouettes de femmes sans substance. Comme en réponse à ce phénomène, la production de S. Uemura de cette période – par exemple Hanagatami [Corbeille de fleurs, 1915], ou encore Honoo [Flamme, 1918] – semble se concentrer sur la vie intérieure des sujets, en contraste direct avec son travail antérieur. Par la suite, elle continue à expérimenter divers modes d’expression, comme dans Yang Guifei (1922) – l’une des quatre beautés de la Chine ancienne –, qui s’intéresse à la représentation minutieuse de détails personnels.
Concomitamment à ces choix artistiques, la position de S. Uemura dans le monde de l’art s’affirme. En 1924, elle rejoint le comité de l’exposition Teiten et obtient de plus en plus de commandes de la part de mécènes prestigieux, tels que la famille impériale ou des conglomérats d’entreprises.
En 1934, la mère de S. Uemura, qui l’avait élevée et encouragée à poursuivre une carrière de peintre, décède. On perçoit dès lors dans ses œuvres le souvenir chéri de sa mère, saisie dans des représentations de coutumes de son époque, à l’instar de Boshi [Mère et enfant, 1934]. Les années 1930 voient également se succéder de nombreux chefs-d’œuvre et peuvent être considérées comme l’apogée du travail de S. Uemura. C’est le cas de Jo-no-Mai [Danse exécutée dans les pièces de nō, 1936], qui figure de façon surprenante les coutumes contemporaines, ou encore Sōshi arai Komachi [Dame Komachi lavant un poème, 1937], qui matérialise la fascination de longue date de l’artiste pour le théâtre nō. Dans les années 1940, durant ses dernières années, S. Uemura commence à réaliser des œuvres de plus petit format mais tout aussi admirables, capturant la vie quotidienne des citadin·e·s d’une époque révolue, comme l’évoque Banshū [Fin d’automne, 1943].
Une notice réalisée dans le cadre du programme « Artistes femmes au Japon : XIXe-XXIe siècle »
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2023