Brown Neal, Tracey Emin, Londres, Tate, 2006
→Emin Tracey, Murray Damon, Sorrell Stephen, My photo album, Londres, FUEL Publishing, 2013
→Kool Carine, La broderie dans l’œuvre de Tracey Emin : piquer, percer, fixer, Jouissance filaire et art de l’intime, Rennes, Université Rennes 2, 2018
Tracey Emin, 20 years, Scottish National Gallery of Modern Art, Edinburgh, 2 août – 9 novembre 2008 ; Centro de Arte Contemporaneo, Malaga, 28 novembre 2008 – 22 février 2009 ; Kunstmuseum, Bern, 10 mars – 21 juin 2009
→Tracey Emin, Love is What you Want, Hayward Gallery, Londres, 18 mai – 29 août 2011
→La peur d’aimer. Orsay vu par Tracey Emin, musée d’Orsay, Paris, 25 juin – 29 septembre 2019
Plasticienne, artiste visuelle et multimédia britannique.
Issue d’une famille d’origine chypriote turque, Tracey Emin est diplômée du Maidstone College of Art et de la Royal Academy of Art. Cette artiste polyvalente exprime son art sur des supports et par des formes extrêmement divers : dessin, vidéo, sculpture, broderie, livre, peinture, néons, photographie. Elle s’expose elle-même, utilisant des événements de sa vie et exprimant crûment ses humiliations, ses blessures, ses succès. Ses œuvres évoquent des histoires d’amour vécues dans un mélange de déchirures, de déception et de jouissance. Si un féminisme s’exprime dans son œuvre, c’est uniquement par le biais d’une réalité autobiographique et intime. Sa première exposition personnelle a lieu en 1993 dans la galerie londonienne White Cube, alors composée d’une salle blanche de quatre mètres de côté, espace expérimental dirigé par Jay Jopling, qui se veut le plus petit espace d’exposition possible dans lequel peut s’exprimer un jeune artiste qui n’y serait pas représenté une seconde fois. Son exposition, qui porte le sous-titre ironique de My Major Retrospective [Ma rétrospective majeure], consiste en un entassement de toutes sortes de pièces et d’images réalisées entre 1983 et 1993. Elle met ensuite en œuvre le projet du Tracey Emin Museum. Ne disposant pas d’atelier, elle loue une boutique sur Waterloo Road puis émet des titres, les Emin Bonds, qu’elle vend pour 50 ou 500 livres, sous forme de gravures sur bois dont elle garantit le doublement de la cote sur une année ou le remboursement. Leur succès lui permet de louer le local et d’acheter du matériel.
Au cours des années 1990, elle fait partie des Young British Artists (comme Sarah Lucas, les frères Chapman ou Marc Quinn), mouvement lancé et soutenu par le galeriste et collectionneur Charles Saatchi et l’artiste Damien Hirst. À ce titre, elle participe, en 1997, à l’exposition Sensation, à la Royal Academy of Art, qui connaît un fort succès à parfum de scandale. En 1999, elle se trouve parmi les quatre artistes retenus et exposés pour le très prestigieux Turner Prize – qui récompense un artiste britannique de moins de 50 ans. Elle provoque un esclandre en proposant My Bed : son propre lit défait, laissé tel quel après sa séparation d’avec son amant, couvert de préservatifs usagés, de sous-vêtements souillés de sang et de cadavres de bouteilles. Ses œuvres ressassent de manière obsessionnelle le viol qu’elle a subi dans son adolescence, ses fausses couches, son rapport au sexe. Ainsi, l’une des plus célèbres, Everyone I Ever Slept With, 1963-1995 [Tous ceux avec lesquels j’ai dormi], se compose d’une petite tente dont l’intérieur est assemblé selon la technique de l’appliqué (assemblage de pièces de tissus) et tapissé des noms des personnes avec lesquelles elle a « dormi ». En 1996, elle se fait enfermer pendant deux semaines dans une pièce aménagée dans une galerie, pourvue seulement de matériel de peinture, dans l’espoir d’exorciser ses démons picturaux. Des lentilles placées dans les murs permettent de l’observer peindre nue. Commençant dans un style et avec une imagerie proche des œuvres d’Egon Schiele, d’Edvard Munch ou d’Yves Klein, elle finit par trouver son style dans un déversement d’images autobiographiques. La pièce a été conservée dans son intégrité. À propos de son rapport provocateur avec le public, à qui elle demande d’agir comme voyeur, elle explique dans un entretien publié en 2007 par la revue Art Press : « Nous sommes le centre de nos rêves et […] nous créons tout dans le rêve, y compris les autres protagonistes. Dans le rêve je suis celle qui parle mais aussi les autres personnes qui interviennent, et je me regarde à travers elles. » Durant la même année, elle surprend le public par la retenue relative avec laquelle elle occupe le pavillon de la Grande-Bretagne lors de la LIIe Biennale de Venise. Elle présente des phrases écrites au néon, dans un graphisme évoquant l’écriture manuelle et exprimant la vivacité de « phrases dites ». Elle montre aussi une série d’aquarelles réalisées après son avortement. Élue membre à vie de la Royal Academy of Art en 2007, elle bénéficie l’année suivante d’une exposition personnelle à la galerie d’Art moderne d’Édimbourg.