Ulla von Brandenburg

1974 | Karlsruhe, Allemagne

Informations

Ulla von Brandenburg — AWARE Women artists / Femmes artistes

Portrait d’Ulla von Brandenburg, © Photo : Jan Northoff

Artiste plasticienne allemande.

Ulla von Brandenburg travaille en France depuis 2005. Formée d’abord, à Karlsruhe, à la scénographie, elle se tourne ensuite vers les arts plastiques, poursuivant ses études à la Hochschule für Bildende Künste de Hambourg. Cette double formation théâtrale et artistique marque l’ensemble de son œuvre, qui croise de nombreux médiums : vidéo, installation, performance, dessin, peinture murale, chant et sculpture. Chaque médium contribue à la création d’environnements complets et de « pièces de théâtre pénétrables », où les spectateurs et spectatrices sont plongé·e·s dans des récits visuels et sensoriels.
Parmi les œuvres marquantes d’U. von Brandenburg, Le milieu est bleu (2011) fusionne film-opéra et installation immersive. Le film, tourné dans le mythique Théâtre du Peuple de Bussang, dans les Vosges, met en scène une micro-société fictive engagée dans des rituels textiles. L’exposition immersive, en constante évolution, s’est déployée pour sa part dans l’espace du palais de Tokyo, à Paris, déroulant des séries de décors enchâssés et de larges pans de tissus colorés à traverser. It Has a Golden Sun and an Elderly Grey Moon (2016-2017) est une œuvre dansée dédiée à la couleur, où la danse et le textile se fondent en une expérience tactile et visuelle. Die Straße (La rue, 2013), un film en noir et blanc, suit un groupe évoluant dans une rue de théâtre aux façades blanches : si les personnages se livrent à des interactions mystérieuses, un autre, Marcello, étranger à la communauté, échoue à chaque tentative d’aider les habitant·e·s de ce décor.

Les vidéos de l’artiste, souvent filmées en plan-séquence, créent des atmosphères suspendues qui rappellent les tableaux vivants. Mutiques ou chorales, ces œuvres explorent les structures de pouvoir et les dynamiques de groupe, de contrôle ou de soumission au sein des communautés, en empruntant aux dispositifs du cinéma, de la danse, de la peinture et du théâtre. Quant au textile, il est un élément central dans la pratique d’U. von Brandenburg. Les tissus colorés, omniprésents dans ses films et ses installations, participent à la création de mondes à la fois autonomes et symboliques, à la construction d’« architectures molles », fluides, en mouvement et éphémères. Les œuvres, elles, circulent de films en expositions, changeant de statut – décor, figure, premier plan ou arrière-plan – dans une logique continue.
L’œuvre magistrale d’U. von Brandenburg se nourrit d’une densité de références à la modernité architecturale et artistique, aux traditions populaires, à la magie, à la fable, au conte, au carnaval ou au théâtre de marionnettes, avec des touches d’humour et une sensation de légèreté colorée. Sans jamais figer une forme, l’artiste laisse celle-ci évoluer au fil des invitations. Les films s’incarnent dans les expositions, les objets glissent dans les performances et l’apparente stabilité des formes architecturales ouvre à de subtiles inversions des valeurs.

U. von Brandenburg a participé à de nombreuses expositions internationales prestigieuses, notamment à la Biennale de Venise (2009), à la Whitechapel Gallery à Londres (2018) et au palais de Tokyo à Paris (2020). Ses œuvres font partie des collections permanentes du Centre Pompidou, du musée d’Art moderne de la Ville de Paris, de la Tate Modern à Londres, du MAMCO à Genève et du Mudam au Luxembourg. En 2016, elle est lauréate du prix Marcel-Duchamp, confirmant l’importance de son travail sur la scène artistique contemporaine.

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Ida Soulard

Une notice réalisée dans le cadre du programme +1.