Lestido, Adriana, Antártida negra, Buenos Aires, Capital Intelectual, 2017
→Díaz, Gabriel, Travnik, Juan (dir.), Adriana Lestido: Lo que se ve, cat. expo., Centro Cultural Recoleta, Buenos Aires (11 mars – 20 avril 2008), Buenos Aires, Centro Cultural Recoleta, 2008
→Facio Sara, Dollon, Marta (dir.), Adriana Lestido: Madres e hijas, Buenos Aires, La Azotea editorial, 2003
Adriana Lestido. Antártida negra, Fundación Fortabat, Buenos Aires, 25 octobre 2017 – 21 février 2018
→Adriana Lestido. Fotografías 1979/2007, Museo Nacional de Bellas Artes, Buenos Aires, 14 mai – 28 juin 2013
→Adriana Lestido: Lo que se ve, Centro Cultural Recoleta, Buenos Aires, 11 mars – 20 avril 2008
Photographe argentine.
L’enfance d’Adriana Lestido est marquée par l’absence de son père, emprisonné entre 1961 et 1966. En 1972, elle commence ses études à la faculté d’ingénierie de l’université de Buenos Aires, où elle rejoint le groupe Tupac, branche étudiante de Vanguardia Comunista (le parti communiste argentin). Elle y rencontre le militant Guillermo Enrique « Willy » Moralli, son futur mari, qui disparut en 1978, enlevé par la dictature. En 1979, A. Lestido se forme à l’Escuela de Cine y Técnicas Audiovisuales de la ville d’Avellaneda. Après avoir suivi un cours d’introduction à la photographie, elle décide de passer de l’audiovisuel à la photographie.
À partir de 1981, A. Lestido travaille comme photographe indépendante pendant environ deux ans. En 1982, alors qu’elle est en dernière année de formation, elle réalise sa première mission de photojournalisme en couvrant une inondation à la Villa Albertina. La même année, elle commence à collaborer avec le journal de gauche La Voz, pour lequel elle documente des événements importants, tels qu’« El Lanusazo » – manifestation populaire violemment réprimée – et, plus tard, la marche des Mères de la place de Mai à Avellaneda. C’est à ce moment-là qu’elle photographie Madre e hija de Plaza de Mayo [Mère et fille de la place de Mai, 1982], image emblématique de la manifestation contre les disparus de la dictature argentine, qui saisit le cri des manifestantes « con vida los llevaron, con vida los queremos » [vivants, ils les ont pris, vivants, nous les voulons].
En 1985, elle rejoint l’agence Diarios y Noticias (DyN), où elle est la première femme de l’équipe. Elle travaille également pour le journal Página 12. En 1991, elle obtient une bourse de la fondation Hasselblad qui lui permet de réaliser son essai photographique Mujeres presas [Femmes prisonnières, 1991-1993]. En 1995, elle s’éloigne définitivement du photojournalisme et commence à animer des ateliers.
La séparation et l’absence sont des thèmes essentiels dans la vie et l’œuvre d’A. Lestido : l’absence de son père et de son mari, ainsi que le fait d’avoir grandi autour des disparitions forcées pendant la dictature militaire argentine entre 1976 et 1983. Les essais photographiques Hospital Infanto Juvenil [Hôpital jeunesse enfance, 1986-1988], Madres adolescentes [Mères adolescentes, 1988-1989], Madres e hijas [Mères et filles, 1995-1999] et Antártida negra [Antarctide noir, 2012] sont des séries en noir et blanc traversées par ces thèmes fondateurs. Par l’absence de couleur, A. Lestido recherche des images crues permettant des lectures et des résonances multiples. À partir de la fin des années 1980, elle commence à réaliser des essais photographiques, s’éloignant de la logique du photojournalisme. Elle décide de prendre son temps pour les réaliser, se consacrant à la fusion avec ce qu’elle voit afin de le saisir. Pour faire sa série Mujeres presas, elle passe un jour par semaine pendant toute une année avec des femmes de la prison no 8 de La Plata, réalisant ainsi des portraits extrêmement intimes de leur vie quotidienne.
A. Lestido est une figure clef de la photographie argentine contemporaine, reconnue pour son fort engagement social et politique. Elle a reçu plusieurs prix, dont la bourse Guggenheim en 1995, ayant été la première photographe argentine à l’obtenir. Ses œuvres figurent dans les collections de musées nationaux et internationaux, tels que le Museo Nacional de Bellas Artes à Buenos Aires et le Museum of Fine Arts à Houston, ainsi que dans des collections privées.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
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