Bulloch Angela, Angela Bulloch: Rule Book, Londres, Book Works, 2000
→Gad Amira, Schafhausen Nicolaus, Szewczyk Monika (dir.), Angela Bulloch, cat. expo., Witte De With, Center for Contemporary Art, Rotterdam (21 janvier – 9 avril 2012), Rotterdam, Witte De With, Center for Contemporary Art, 2012
→Kittelmann Udo & Parrino Steven, Angela Bulloch : information, manifesto, rules and other leaks, Berlin, The Green Box, 2011
TELE-Genic, Kunstmuseum Bonn, Bonn, 1 octobre 2015 – 17 janvier 2016
→Angela Bulloch, Le Consortium, Dijon, 9 avril – 13 août 2005
→Short Big Drama, Witte de With Center for Contemporary Art, Rotterdam, 21 janvier – 9 avril 2012
Plasticienne et artiste multimédia canadienne.
Aux côtés de Philippe Parreno, Liam Gillick ou Dominique Gonzalez-Foerster, Angela Bulloch est une des figures majeures de cette génération qui apparaît en Europe, au début des années 1990. Son travail contribue à relire, de manière critique, les procédures conceptuelles et minimalistes des années 1960, et interroge notre comportement vis-à-vis des objets : l’interaction potentielle, voire nécessaire, avec cet environnement ordinaire. Organisée en « familles » d’œuvres, sa démarche décline simultanément des installations « interactives » (où la présence et les gestes du spectateur interfèrent avec l’œuvre), des pièces textuelles (les Rules Series, sortes de règlements intérieurs commencés en 1993), des « machines à dessiner » (Earth Moving Pump Action, « pompe à terrassement », 1994), des œuvres lumineuses, mais aussi des vidéos, dont King of Comedy (1991), dispositif de projection reprenant une séquence du film éponyme de Martin Scorsese, qui montre comment l’artiste surligne les limites de l’interactivité réelle et place l’individu face à ses propres déterminismes. Cette installation, conçue comme un cul-de-sac, plonge le spectateur dans l’image arrêtée d’une foule qui attend d’applaudir un personnage absent.
Pour A. Bulloch, les temps ne sont plus à la glorification de personnages uniques et exemplaires, mais à la dissolution, à la fragmentation des sujets. Ses machines interactives ou pseudo-interactives produisent des limites et révèlent ainsi un environnement fait de contraintes et de perte d’autonomie du spectateur. Depuis quelques années, elle décline une série de Pixels Boxes, des petites boîtes lumineuses programmées selon un rythme précis, capables de générer 16 millions de couleurs différentes. Ces procédés sont mis en forme dans différentes compositions d’éléments arrangeables à l’infini, à l’instar de Hybrid Song Box (2008), œuvre constituée de quatre cubes sonores et lumineux, dont la surface en contreplaqué troué renvoie à la composition de cercles noirs sur un fond blanc de la peinture White Disks 1 (1964) de Bridget Riley. Les quatre cubes, qui évoquent également les formes minimales de Donald Judd, fonctionnent comme des haut-parleurs et diffusent une bande-son composée et jouée par David Grubbs. A. Bulloch déclare insister « sur le fait que les choix individuels sont tous plus ou moins insignifiants, l’œuvre elle-même ayant déjà défini les paramétrages du choix ». Cette apparente tyrannie n’est en fait que la réplique implacable d’une réalité où les options qui nous sont données ne seraient que les simulacres d’une liberté ordonnée.