Sireuil Jean, Christine Boumeester, Paris, Cercle d’art, 1988
→Carsten Christopher, Delay Nelly & Flocon Albert (eds.), Christine Boumeester, clandestine de l’art et de la vie, cat. expo., musée d’Histoire, Fonainte-de-Vaucluse (24 juin – 9 septembre 1993), Fontaine-de-Vaucluse, Musée d’Histoire, 1993
→Bioulès Vincent & Soulages Pierre (dir.), Christine Boumeester 1904-1971, cat. expo., galerie Hélène Trintignan, Montpellier (octobre 2011), Montpellier, Galerie Hélène Trintignan, 2011
Christine Boumeester, Institut néerlandais, Paris, 5 décembre – 23 décembre 1973
→Christine Boumeester, musée Pierre-André-Benoit, Alès, 1994
→Christine Boumeester, musée d’Art moderne de Troyes, Troyes, 2003
Peintre et graveuse française.
Passant d’un art fantastique proche des surréalistes à une abstraction lyrique, le travail de Christine Boumeester a toujours été très libre vis-à-vis des courants artistiques de son époque. Née dans une famille de colons, elle a dessiné très jeune, sans doute pour se distraire de la maladie – une furonculose faciale – qui la frappe alors. Elle obtient un diplôme de professeure de dessin à l’École des beaux-arts de La Haye en 1925, mais peu tentée par l’enseignement, elle prend un atelier et travaille sous la direction du peintre Reuter. Au fil de ses différents séjours à Domburg, petite station balnéaire du nord de la Hollande, sur l’île de Texel ou en Allemagne, elle peint des paysages et des portraits, parfois en miniature sur ivoire. Dans son cahier, elle note : « Quand je faisais des portraits, je voulais mettre dans le dessin le caractère de la personne, ce qu’il y a de plus beau, et ce n’est pas un réalisme que je voulais, mais la nostalgie de l’idéal qui était sur son chemin » (Le Cahier de Christine Boumeester, 1977, 1988). En 1935, la galerie Santee Landwer d’Amsterdam accueille sa première exposition personnelle. Inscrite à l’académie de la Grande Chaumière à Paris, elle y rencontre le peintre américain Henri Goetz, qu’elle épouse six mois plus tard. Elle expose dans différentes galeries parisiennes ainsi qu’au Salon des superindépendants, où elle présentera ses œuvres tous les ans jusqu’en 1938. En 1936, elle réalise ses premiers tableaux surréalistes, paysages à l’atmosphère fantastique, ainsi que des collages d’inspiration surréaliste, pratique qu’elle développera lorsque la guerre réduira considérablement ses moyens de création. En 1937, elle expose avec H. Goetz à la galerie Bonaparte.
Influencée par l’œuvre de son ami Hans Hartung, elle se tourne peu à peu vers la peinture abstraite. Durant ces quelques années, le couple fréquente les González et leurs amis surréalistes : les Bréa, Mary Low (1912-2007), Oscar Domínguez, André Breton. Lorsque la guerre est déclarée, dépourvu de papiers français, il se réfugie en Dordogne, où la peintre s’intéresse à la préhistoire, puis rejoint le groupe surréaliste belge à Carcassonne (Ubac, Magritte, Scutenaire). Dès l’entrée en guerre des États-Unis, les deux artistes passent dans la clandestinité et fabriquent des faux papiers pour la Résistance. En 1941, ils fondent avec Ubac et Dotremont la revue surréaliste clandestine La Main à plume. En 1942, ils exposent ensemble à la galerie parisienne Jeanne Bucher et illustrent le livre de Georges Hugnet, La Femme facile. Dénoncés comme résistants, ils vivent sous un nom d’emprunt ; puis aidés par la galeriste, ils partent dans le Midi, où ils retrouvent de Staël, Picabia, Arp et Magnelli. De retour à Paris en 1945, ils exposent régulièrement dans les salons et galeries. En 1946, Alain Resnais filme C. Boumeester au travail pour sa série de portraits d’artistes. C’est aussi le début de sa relation privilégiée avec Picabia, qui durera jusqu’à la mort de ce dernier en 1953, et dont elle restaurera la grande toile Udnie.
En 1949, le couple obtient la naturalisation française. Il fonde avec Flocon et Ubac le groupe Graphies, dont la première exposition a lieu à la galerie des Deux-Îles ; à cette occasion est publié un ouvrage collectif, À la gloire de la main, comprenant des gravures du couple, qui figurent aussi dans le livre de Max Clarac-Sérou, Inductives (1950) ; il est suivi, l’année suivante, d’une première étude consacrée au travail de C. Boumeester avec des textes de Gaston Bachelard, M. Clarac Serou, Noël Arnaud et Iaroslav Serpan. Les expositions se succèdent, ainsi que les travaux d’illustration. L’artiste traduit en français le livre Point, ligne et surface de Kandinsky. En 1963, elle s’installe avec son mari à Villefranche-sur-Mer, où ils fréquentent de nombreux artistes tels Picasso, H. Hartung, Vieira da Silva, Zao Wou-Ki. En 1968, elle tombe malade ; H. Goetz publie alors Christine Boumeester (1968), avec une introduction de Vercors. Après sa mort en 1971, il fera son possible pour montrer et diffuser le travail de son épouse. En 1983, à la suite de différentes donations, Villefranche-sur-Mer crée un musée où sont présentées les œuvres des deux artistes. De la figuration à l’abstraction, le travail de C. Boumeester est marqué par une forte poésie des formes et des couleurs, où sont réunis paysages d’Orient et d’Occident dans d’oniriques compositions aux multiples éclats.