Nelson, Andrea, The New Woman Behind The Camera, Washington, D.C., National Gallery of Art, 2020
→Ikegami, Tsukasa, Suzuki, Yoshiko, Eiko Yamazawa: What I Am Doing, Kyoto, Akaaka, 2019
→Yamazawa, Eiko, Far and Near, Tokyo, Miraisha, 1962
The New Woman Behind The Camera, The Metropolitan Museum of Art, New York, 2 juillet – 3 octobre 2021 ; The National Gallery of Art, Washington, D.C., 31 octobre 2021 – 30 janvier 2022
→What I Am Doing, The Third Gallery Aya, Osaka, 29 février – 21 mars 2020
→Eiko Yamazawa: What I Am Doing, Otani Memorial Art Museum, Nishinomiya, 25 mai – 28 juillet 2019 ; Tokyo Photographic Art Museum, Tokyo, 12 novembre 2019 – 26 janvier 2020
Photographe japonaise.
Eiko Yamazawa étudie la peinture japonaise traditionnelle (nihonga) à la Shiritsu Joshi Bijutsu Gakkou [École des arts pour jeunes filles] à Tokyo, dont elle sort diplômée en 1918. Avec l’aide de la YWCA [Association chrétienne de jeunes femmes] d’Osaka, elle emménage à San Francisco en 1926 afin d’étudier la peinture à l’huile à la California School of Fine Arts. Elle s’initie alors à la photographie en devenant l’assistante de l’artiste états-unienne Consuelo Kanaga (1894-1978), dont la conception de la photographie moderne a une influence considérable sur la carrière de la jeune artiste.
E. Yamazawa retourne à Osaka en 1929 et ouvre son propre studio, spécialisé dans le portrait, en 1931. Bien qu’elle ait rencontré un certain succès dans cette activité, la majeure partie de son travail de cette époque est perdue durant la Seconde Guerre mondiale. Son portrait de la célèbre actrice Yasue Yamamoto compte parmi le petit nombre d’épreuves originales datant d’avant la guerre qui ont survécu. En 1950, E. Yamazawa crée Yamazawa Shashin Kenkyu Kai, un groupe d’étude dédié à la photographie, afin de former et d’inspirer les jeunes femmes photographes. Au même moment, elle rouvre son studio et se lance dans une nouvelle activité de photographie commerciale.
Le succès de son entreprise lui laisse peu de temps à consacrer à son œuvre personnelle, mais un deuxième séjour aux États-Unis, en 1955, à l’invitation de sa conseillère C. Kanaga, marque un tournant dans sa carrière. Le but initial de son voyage est de faire des recherches sur la photographie commerciale, mais aussi de visiter l’exposition The Family of Man (24 janvier-8 mai 1955) au Museum of Modern Art, à New York, où sont présentées des œuvres de C. Kanaga et de ses camarades Imogen Cunningham (1883-1976), Edward Weston (1886-1958) et Ansel Adams (1902-1984). On peut aisément supposer que E. Yamazawa apprend alors beaucoup des œuvres de ces photographes, les plus éminent·es de l’époque. Après six mois passés à New York, son travail évolue progressivement du réalisme vers l’abstraction. Cette évolution stylistique est visible dans son premier livre de photographie, Far and Near, publié en 1962, avec des légendes en japonais et en anglais rédigées par l’artiste.
Dans les années 1960, E. Yamazawa ferme son entreprise et emménage à Kobe. Elle se consacre à la photographie abstraite et monte, dans les années 1970 et 1980, plusieurs expositions personnelles intitulées What I Am Doing. Cette série d’expositions présente des œuvres à forte dimension conceptuelle et autoréflexive, dans lesquelles elle immortalise son matériel photographique ainsi que ses œuvres passées. What I Am Doing No. 8 (1980) a par exemple pour sujet une page froissée de son propre livre de photographie, What I Am Doing No. 1 (1976). L’œuvre est doublement autoréférentielle car le sujet de l’œuvre originale était son matériel photographique : des filtres en verre de couleur et une boîte à lumière. L’artiste établit ce style distinctif grâce à d’incessantes expérimentations techniques et formelles entreprises dès le milieu des années 1950.
E. Yamazawa meurt en 1995, à l’âge de quatre-vingt-seize ans, dans une maison de retraite de la préfecture de Wakayama. En 1994, sa toute première exposition individuelle dans un musée se tient enfin au Itami City Museum of Art. À cette époque, une grande partie de ses archives, dont des films négatifs, des épreuves originales et sa correspondance, ont déjà été perdues, car E. Yamazawa les a jetées : pour l’artiste, ses séries de livres photographiques constituaient les véritables œuvres d’art, tout le reste était insignifiant. Bien que cela ait contribué à la faire tomber dans l’oubli par la suite, l’importance artistique et historique de son travail a été réévaluée grâce à la rétrospective qui s’est tenue au Otani Memorial Art Museum de Nishinomiya puis au Tokyo Photographic Art Museum en 2019 et en 2020. Aujourd’hui, son œuvre fait partie des collections de la National Gallery of Art à Washington, du J. Paul Getty Museum à Los Angeles, du Nakanoshima Museum of Art à Osaka et du Tokyo Photographic Art Museum.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « Artistes femmes au Japon : XIXème – XXIème siècle »
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2023