Le Feuvre, Lisa (dir.), Esther Shalev-Gerz, (cat. expo.), Lyon/Paris, Fage/Jeu de paume, 2010
→Bowman, Jason E., Esther Shalev-Gerz: A Thread, Glasgow, Aye-Aye Books, 2008
→Bowman, Jason E., Esther Shalev-Gerz, The Contemporary Art of Trusting Uncertainties and Unfolding Dialogues, Göteborg, Valand Academy, Université de Göteborg et Art and Theory Publishings, 2013
Esther Shalev-Gerz : Irréparable, musée municipal de La Roche-sur-Yon, 9 février – 6 avril 1996
→Est-ce que ton image me regarde ?, Sprengel Museum, Hanovre, 26 mai – 22 septembre 2002
→Entre l’écoute et la parole, musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, 22 septembre 2012 – 13 janvier 2013
Vidéaste, photographe et plasticienne française.
Consacrée en 2010 en France à l’occasion de son exposition intitulée Ton image me regarde !? au Jeu de paume, Esther Shalev-Gerz réalise, depuis le milieu des années 1980, des installations ayant pour thèmes la mémoire active et l’histoire au travers du langage, dans son assertion la plus large. Son œuvre, essentiellement des vidéos qui incluent néanmoins très souvent un dispositif sculptural ou des photographies, constitue une succession de témoignages – recueils de récits individuels traités sous forme de portraits ou par le prisme d’objets –, comme dans MenschenDinge [L’aspect humain des choses], réalisé en 2004-2006 pour les mémoriaux de Buchenwald et de Mittelbau-Dora. L’artiste, qui a grandi en Israël, est diplômée de l’Académie d’art et de design de Bezalel à Jérusalem en 1979, puis séjourne à New York avant de s’installer à Paris en 1984. En 1986, elle réalise pour la ville d’Hambourg Monument contre le fascisme, une colonne haute de 12 mètres qui, à mesure qu’elle se couvre d’inscriptions des passants, s’enfonce pour disparaître dans le sol. Cette œuvre est emblématique des préoccupations qui animent son auteure, participant d’une part au débat sur l’espace public et l’implication du spectateur, évoquant d’autre part la Seconde Guerre mondiale sous l’angle du souvenir et de l’altérité.
En 1998, elle invite les spectateurs de trois théâtres berlinois à rejouer la pièce de Peter Weiss, L’Instruction (1965), relatant les témoignages des acteurs – juges, victimes ou bourreaux – des procès d’Auschwitz. L’événement est très médiatisé. La mémoire culturelle est un des sujets privilégiés de E. Shalev-Gerz, qui réalise plusieurs œuvres vidéo sur les manifestations du langage, filmant autant la parole que l’écoute, ou l’expression infime qui réside entre deux échanges. Son art se cristallise sous forme de résistance. Ainsi, elle, qui dit n’avoir eu que des professeurs masculins, conçoit en 2007 l’installation Echoes in Memory, où l’on voit notamment une série de 24 images photographiques, portraits à la manière de sculptures 3D, des femmes qui l’ont influencée, proches et artistes. Outre sa participation à de nombreux colloques, elle enseigne depuis 2003 à l’école des beaux-arts Valand, à l’université de Göteborg (Suède).