Cimatti, Grégory, « Le Casino célèbre Germaine Hoffmann, l’art comme il vient », Le Quotidien, Luxembourg, 9 octobre 2020
→Portante, Jean, « La double déchirure », Estuaires n°18, Luxembourg, 1992, p. 20-24
→Germaine Hoffmann, cat. exp., Csepel Galéria, Budapest (1990), Budapest, Csepel Galéria, 1990
Die Zeit ist ein gieriger Hund, Casino Luxembourg – Forum d’art contemporain, Luxembourg, 3 mars – 29 novembre 2020
→Germaine Hoffmann, Csepel Galéria, Budapest, 1990
→Germaine Hoffmann, Galerie Simoncini, Luxembourg, 1986
Artiste peintre, collagiste et matériologue luxembourgeoise.
C’est à l’âge de 43 ans que Germaine Hoffmann, alors mère au foyer, débute sa carrière artistique. En 1973, elle s’inscrit à divers cours du soir et d’été à Luxembourg, qu’elle va poursuivre jusqu’en 1998, notamment à l’Académie européenne libre des beaux-arts (AELBA), au lycée technique des arts et métiers (LTAM) et au Cercle européen pour la propagation des arts (CEPA).
Dès ses premières créations, datant de la fin des années 1970, elle se consacre au collage. Elle puise son inspiration et son matériau dans la presse quotidienne et les magazines à sa disposition. À partir des pages qu’elle arrache, elle élabore des compositions figuratives ou abstraites, qui conservent leur format d’origine.
Manipuler esthétiquement des journaux ou des revues publicitaires permet à G. Hoffmann d’assimiler intellectuellement un contenu social et politique pour le restituer sous une forme sensible. Celle-ci s’inscrit, de plus, dans un cadre historique et littéraire dont attestent les titres des œuvres. Cette profondeur de champ lui sert à porter un regard élargi sur les égarements et la violence du monde contemporain, en même temps que sur la condition féminine de son époque.
G. Hoffmann présente son travail pour la première fois en 1984 au Théâtre de la Ville de Luxembourg, dans le cadre du salon organisé annuellement par le Cercle artistique de Luxembourg (CAL). En 1986, elle bénéficie de sa première exposition personnelle à la Galerie Simoncini, à Luxembourg.
Sa technique évolue et ses œuvres deviennent plus expérimentales. Celles exposées à la Cespel Galéria à Budapest en 1990 sont soit des paysages abstraits, des constructions formelles ou des silhouettes anthropomorphes. Si certaines sont de stricts collages, d’autres sont texturées et gagnent en relief. Les papiers déchirés sont alors rehaussés de couleurs, et au procédé de superposition répondent des gestes opérant par soustraction, comme le frottage ou le grattage.
L’exposition personnelle de l’artiste à la galerie d’art municipale d’Esch-sur-Alzette, en 1996, confirme le développement d’une matériologie dans son travail. Les œuvres présentées jouent de fondus, d’opacités et de transparences. Elles font appel à de nouveaux procédés : à l’emploi de la peinture s’ajoute celui du vernis, appliqué en plusieurs couches sur des panneaux de bois avant d’être poncé.
Son œuvre se fait également poétique et participative. En 1995, lors de l’année culturelle à Luxembourg, elle laisse les visiteur·ses s’exprimer à l’aide de feutres sur de grandes toiles cirées blanches ou noires. L’intérêt qu’elle porte au langage et à l’écriture ne cesse de se préciser. En 1997, elle expose au Centre culturel Marcel Noppeney à Differdange ses collages et ses panneaux de graffitis.
Au cours des décennies suivantes, tout en restant fidèle à l’esprit du collage-assemblage, G. Hoffmann poursuit son exploration des matériaux et des techniques. Elle travaille sur de nouveaux supports, dont la toile cirée, mais aussi des tissus d’ameublement, voire du mobilier. À ses compositions expressives, elle accole des mots, des phrases ou des griffonnages, parfois en employant de la peinture en bombe aérosol.
En 2020, le Casino Luxembourg organise une exposition rétrospective de son œuvre, en révélant la qualité expérimentale, la diversité et la cohérence. Par ailleurs, l’échelle du lieu permet à l’artiste de présenter son travail sous la forme d’installations, démontrant sa maîtrise autant des petits formats que des ensembles.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « AWARE x Luxembourg », en partenariat avec la Konschthal Esch et la Ville d’Esch-sur-Alzette
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