Rosa, María Laura, “The Female Body and Spirituality in Ilse Fusková’s El Zapallo (1982) Series”, in Iconic Works of Art by Feminists and Gender Activists – Mistress-Pieces, Londres, Routledge, 2021
→Rosa, María Laura, Ilse Fusková, Buenos Aires, waldengallery, 2019
→Rosa, María Laura, Novoa Donoso, Soledad, Compartir el mundo. La experiencia de las mujeres y el arte, Santiago du Chili, Metals Pesados, 2017
La imagen secuenciada, Tabakalera, Saint-Sébastien, juin – octobre 2021
→La libertad de pasear sola, waldengallery, Buenos Aires, août – septembre 2019
→La curiosidad de Felka: Ilse Fusková Fotógrafa (1950-1980), Centro Cultural de la Cooperación – Floreal Gorini, Buenos Aires, septembre – octobre 2018
Artiste, photographe et activiste lesbo-féministe argentine.
Ilse Fusková étudie à l’École nationale des beaux-arts Prilidiano-Pueyrredón et à l’École supérieure des beaux-arts de la nation Ernesto-de-la-Cárcova, avant de s’intéresser plus profondément à la photographie auprès d’Horacio Coppola (1906-2012) et de Grete Stern (1904-1999). Elle suit aussi une formation en journalisme à l’Institut grapho-technique de l’association de l’Œuvre Cardinal-Ferrari ; le métier de journaliste affermit son engagement photographique et la familiarise avec l’espace public de la rue.
Pendant les années 1940, I. Fusková travaille comme hôtesse de l’air chez Scandinavian Airlines et voyage dans le monde entier sur des avions de commerce à hélice. Elle expérimente ainsi le mode de vie caractéristique de la Neue Frau, idéal féministe fondé sur le modèle de la femme moderne, atypique, dont le comportement transgresse les limites ou les structures de la tradition et les contraintes auxquelles elle est soumise – et parcourt ainsi le monde comme une « flâneuse » urbaine.
En tant que photographe, elle dresse le portrait de la ville de Buenos Aires et de ses banlieues, associant un vaste répertoire de personnes humbles et marginales, comme dans l’une de ses premières séries, Niños de la Isla Maciel [Enfants de l’Isla Maciel, 1946-1955], et des personnes âgées, ouvrier·ère·s et travailleur·se·s, en vif contraste avec le langage visuel alors dominant de l’abstraction. Elle tire également le portrait de personnalités du monde de l’art et de la culture, souvent de ses amis et de ses connaissances de la bohème portègne.
Alors à leur apogée, les revues El hogar, Historium, Mundo argentino ou Para ti publient non seulement ses images mais aussi ses pensées et réflexions sur la question des femmes. Elle travaille également comme reporter et éditorialiste dans le magazine pour jeunes filles Chicas (1951-1954), sous le pseudonyme Felka.
Après quelques années consacrées à sa vie de famille, I. Fusková se rapproche du mouvement de libération féminine dans les années 1970 et pendant la dictature militaire argentine. Après une décennie de réflexion et de militantisme, elle réalise la série El zapallo [La courge, 1982], composée de vingt photographies où elle interroge la fécondité d’un point de vue physique et mental, en représentant la nudité du corps féminin, mais vu par une autre femme – œuvre pionnière et essentielle, qui remet en question et en débat le système patriarcal de l’histoire de l’art.
Au milieu des années 1980, elle participe au groupe Imagema, fondé par Horacio Coppola (1906-2012) et Juan José Guttero (1931-), et s’engage dans le militantisme lesbo-féministe. En 1992, elle rejoint Gays por los Derechos Civiles [Gays pour les droits civiques] en compagnie de Carlos Jáuregui. Ensemble, ils organisent la première marche de la fierté gay et lesbienne de Buenos Aires. À 50 ans, elle assume son homosexualité. Avec sa compagne Claudina Marek, qui partage son militantisme, elle publie en 1994 le livre Amor de mujeres. El lesbianismo en la Argentina, hoy [Amour de femmes. Le Lesbianisme en Argentine aujourd’hui], écrit en dialogue avec Silvia Schmid ; l’ouvrage est un témoignage sur ce que signifie être lesbienne en Argentine, un parcours à travers l’acceptation et la libération sexuelle, à une époque extrêmement agitée d’un point de vue social et politique. Toutes deux continuent par la suite de participer à des réunions féministes et de publier dans des livres et des revues de vulgarisation, de théorie ou militantes.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring