Karin Luts, Muinasjutte (Le conte de fées), Tartus, Eesti Kirjastuse Kooperatiiv, 1937
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Burman Kristi & Spolander Roland, Dialogues on painting = Dialogid maalimisest : to Karin Luts, Université de Umeå, 2003
Karin Luts : une exposition d’œuvres de jeunesse, musée d’Art de Tartu, 1973
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Conflicts and confessions, musée d’Art de Tartu, 8 octobre 2004 – 1er mai 2005
Peintre et graveuse estonienne.
Karin Luts étudie les beaux-arts de 1922 à 1928 à l’école Pallas de Tartu, sous la direction de Konrad Mägi puis d’Ado Vabbe. En 1928-1929, une bourse lui permet de séjourner à Paris, où elle suit pendant quelque temps les cours de l’académie de la Grande-Chaumière. Elle s’installe à Tallinn en 1929 et se fait rapidement un nom dans la peinture estonienne des années 1930, alors dominée par les hommes. En 1944, à la veille de la seconde occupation soviétique de l’Estonie, elle s’exile en Suède, où elle poursuit sa formation et sa carrière. Elle devient alors membre de plusieurs organisations d’artistes, notamment de l’Union des femmes peintres et sculpteurs (Paris). K. Luts débute son œuvre dans la deuxième moitié moitié des années 1920 avec des compositions fortement influencées par le style de la Nouvelle Objectivité allemande : personnages stylisés souvent vus de profil, à-plats de couleurs, refus de la perspective (Maletajad, « Les joueurs d’échecs », 1927). Le naïvisme et le grotesque resteront des constantes de toute son œuvre. Dans les années 1930, sa peinture subit l’influence du postimpressionnisme.
Elle revient progressivement à la perspective et à des couleurs plus vibrantes. Elle peint des personnages aux visages typés, inquiétants, parfois distordus (Koridoris, « Dans le couloir », 1935), des natures mortes, ainsi que des autoportraits sans concessions. Dans la deuxième moitié des années 1940, elle commence à pratiquer abondamment la gravure. Sa peinture poursuit une évolution très éclectique : influencée un temps par Picasso et Massimo Campigli, elle se tourne à partir de la fin des années 1950, non sans hésitation, vers une abstraction dynamique et colorée, avant de réintroduire, dans les années 1970, des silhouettes ou des visages humains. Longtemps méconnue en Estonie, son œuvre postérieure à 1944 a été découverte dans les années 2000 grâce à un legs de plus de 3 000 œuvres au musée des Beaux-Arts de Tartu et à une grande exposition organisée par ce musée en 2004-2005. K. Luts est aujourd’hui reconnue comme l’une des artistes estoniennes les plus originales du XXe siècle.