Mary Ellen Snodgrass, Women’s art of the British Empire, Lanham, Rowmans & Littlefield, 2020
I Am: Contemporary African Women Artists, National Museum of African Art, Smithsonian Institution, Washington, D.C., juin 2019 – juillet 2020
→Ladi Kwali, Uche Okeke : The Road to Kpaaza, Skoto Gallery, New York City, mars-mai 2017
Potière nigériane.
Ladi Kwali apprend la poterie avec sa tante dans un village aujourd’hui situé dans la zone de gouvernement local de Kwali, dans le territoire de la capitale fédérale du Nigeria. Son talent est remarqué très tôt par l’émir d’Abuja (à présent Suleja) Alhaji Suleiman Barau, qui collectionne ses pots et les expose dans son palais, où ils attirent l’attention du céramiste Michael Cardew (1901-1983) au cours d’une étude approfondie du développement de la poterie qu’il mène pour le gouvernement colonial nigérian. M. Cardew fonde le Pottery Training Centre (PTC) à Abuja en 1952 et L. Kwali en devient la première élève femme en 1954. Elle achève sa formation en janvier 1959 puis est employée au centre.
Bien que M. Cardew lui ait appris à travailler au tour, L. Kwali préfère utiliser le grès du PTC pour créer des pots en recourant à la technique traditionnelle du colombin, qu’elle maîtrise à la perfection. Elle les décore de bandes de motifs linéaires, entre lesquelles elle place des représentations schématiques de scorpions, de poissons, d’oiseaux, de serpents, de caméléons, de crocodiles et de lézards. Elle remplit les lignes profondément incisées d’argile à porcelaine qui contraste avec la teinte plus sombre de l’émail au céladon cuit à haute température. Avec de nouveaux matériaux et techniques de cuisson, elle réalise des pots plus lourds et plus résistants qui ne peuvent plus servir de récipients à eau fraîche ordinaires, et deviennent de ce fait des œuvres d’art. Les acheteurs et le public, friands de ces pots différents, changent également et s’étendent de l’échelle locale à l’échelle internationale. Ses œuvres relèvent d’une nouvelle forme d’art et font de L. Kwali la pionnière de la céramique moderne en Afrique.
L. Kwali acquiert une visibilité et une reconnaissance mondiales grâce aux expositions organisées principalement par M. Cardew, parmi lesquelles les événements aux Berkeley Galleries à Londres en 1958, 1959 et 1962. En 1962, L. Kwali propose des démonstrations de poterie dans les écoles d’art britanniques, notamment au Royal College de Londres, à la suite desquelles elle est faite membre de l’ordre de l’Empire britannique. L’année suivante, la manufacture allemande de porcelaine Rosenthal finance d’autres démonstrations à Rome et dans plusieurs villes d’Allemagne. Une présentation de poterie Abuja à Lagos en juillet 1960 attire l’attention de la Harmon Foundation, qui se met à collectionner ses œuvres et en montre une en 1965 lors de la Tenth International Exhibition of Ceramic Art à la Smithsonian Institution à Washington. Sa grande jarre à eau obtient la médaille d’argent et est désormais conservée dans les collections de cette institution.
En 1970, L. Kwali reçoit un doctorat honorifique de l’université Ahmadu-Bello à Zaria. En 1981, elle est faite officière de l’ordre du Niger (OON) et apparaît désormais sur le billet nigérian de 20 nairas. Après sa mort en 1984, le centre de poterie d’Abuja est rebaptisé « Dr. Ladi Kwali Pottery Centre ».
Publication réalisée dans le cadre de la Saison Africa2020.
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