Wangwright, Amanda, The Golden Key: Modern Women Artists and Gender Negotiations in Republican China (1911-1949), Leyde, Brill, 2021
→Caschera, Martina, « Women in Cartoons – Liang Baibo and the Visual Representations of Women in Modern Sketch », International Journal of Comic Art, vol. 19, no 2, automne/hiver 2017
→Libao [Journal debout], Shanghai, 1935
Première exposition de la Storm Society, Société chinoise pour l’étude des arts [Zhonghua Xueyishe], Shanghai, octobre 1932
→Dernière exposition de la Storm Society, Société chinoise pour l’étude des arts [Zhonghua Xueyishe], Shanghai, octobre 1935
Bédéiste et peintre chinoise.
Liang Baibo est considérée comme l’une des premières autrices de bande dessinée de la République de Chine. Elle naît à Shanghai, où elle étudie à l’Académie des beaux-arts Xinhua et à l’Académie des beaux-arts du Zhejiang (aujourd’hui Académie des arts de Chine). C’est à Shanghai qu’elle rencontre un dessinateur renommé, Ye Qianyu (1907-1995), avec qui elle a une aventure. Ye est un pionnier de l’art du manhua [bande dessinée], cofondateur du magazine Shanghai manhua [Croquis de Shanghai], où Liang va publier quelques-unes de ses œuvres. Sous le pseudonyme de Zong Bai, elle dévoile sa bande dessinée la plus appréciée, Mìfēng xiǎojiě [Mademoiselle Abeille, 1935], avec l’aide de Ye. Mademoiselle Abeille témoigne de la conscience féminine grandissante pendant le mouvement de libération des femmes à Shanghai ; son personnage principal représente la « fille moderne » et la « femme nouvelle », qui sont alors les visages de la féminité contemporaine. Le militantisme de Liang dépasse largement les groupes qu’elle rejoint, comme la Storm Society [Juelanshe], la Société des deux mondes [Taimeng Huahui] et la Ligue de la jeunesse communiste, au sein desquels elle illustre de nombreuses couvertures de magazines, recueils de poèmes et livres pour enfants.
Des bandes dessinées comme Zeren junyun de jieshi [Une explication de l’égalité des responsabilités], publié en 1938, démontrent le rôle important joué par les femmes chinoises dans la Seconde Guerre sino-japonaise (1937-1945), au moment où leur engagement devient crucial pour remporter des batailles. Représentant les femmes en professeures, infirmières et soldates, Liang dépeint un sentiment d’unité et de camaraderie au sein du groupe. C’est un changement radical par rapport à son précédent personnage, Mademoiselle Abeille, au style sophistiqué : l’apparence relativement ordinaire des sujets en guerre matérialise ici les différentes perceptions que l’époque porte sur les femmes. Liang est le seul membre féminin du Corps de propagande par le dessin pour le salut national, dont la mission consiste, à la suite de l’invasion de la Chine par le Japon, à diffuser de la littérature et de l’art anti-japonais. À l’aide d’affiches et d’expositions de dessins et de peintures murales, le groupe promeut la fierté nationale pour remonter le moral du pays. Ses résultats s’avèrent particulièrement précieux dans les régions de Chine où le taux d’alphabétisation est faible et où la population a besoin d’images pour comprendre le propos.
En 1938, Liang n’appartient plus au groupe et sa carrière sombre dans l’oubli ; certaines de ses œuvres sont même attribuées à Ye. Vers la fin de sa vie, elle retourne à la peinture, au dessin et à l’aquarelle, mais peu d’œuvres de cette époque ont survécu jusqu’à nos jours. Liang épouse un pilote de la Force aérienne de la république de Chine et le couple s’installe au Tibet pendant la guerre, avant de revenir à Shanghai à la capitulation du Japon, en 1945. Cependant, lorsque le Parti communiste entame son ascension au pouvoir, Liang, son mari et leur jeune fils s’installent à Taïwan. On soupçonne qu’elle s’y soit suicidée à la fin des années 1960.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
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