Olga Viso et Rafael Diaz Casas, Loló Soldevilla : Constructing Her Universe, New York, Sean Kelly Gallery / Hatje Cantz, 2019
→Abigail McEwen, Revolutionary Horizons : Art and Polemics in 1950s Cuba, New Haven, Yale University Press, 2016
→Diálogos constructivistas en la vanguardia cubana : Amelia Peláez, Loló Soldevilla & Zilia Sánchez, cat. exp., New York, Galerie Lelong, 2016
Constructing Her Universe : Loló Soldevilla, Sean Kelly Gallery, New York, septembre-octobre 2019
→Op art, Pop art, la luna y yo, Galería de La Habana, Consejo Nacional de Cultura, La Havane, août-septembre 1966
→Loló : óleos, collages, relieves luminosos 1953-1956, Palacio de Bellas Artes, Instituto de Cultura, La Havane, janvier 1957
Artiste et pionnière cubaine de l’art concret.
Dolores Soldevilla Nieto, connue sous le nom de « Loló Soldevilla », s’engage dans la voie des arts plastiques à la fin des années 1940, après avoir travaillé comme musicienne et enseignante tout en étant activiste sociale et politique. En 1949, elle est nommée attachée culturelle à l’ambassade de Cuba en France. Peu après, elle emménage à Paris, où elle s’inscrit à l’Académie de la Grande Chaumière. En 1951, elle rejoint l’Atelier d’art abstrait, fondé par les peintres Jean Dewasne (1921-1999) et Edgard Pillet (1912-1996). L. Soldevilla s’immerge dans le milieu artistique et intellectuel parisien de l’après-guerre et fait de nombreux voyages. Ses échanges et ses collaborations avec des artistes avant-gardistes d’Europe et d’Amérique latine, comme Victor Vasarely (1906-1997), Jean Arp (1886-1966) et Jesús Rafael Soto (1923-2005), orientent sa pratique vers l’abstraction géométrique et vers un langage visuel fondé sur les principes d’universalité, de pureté et de simplicité formelle associés à l’art concret.
Au cours des années 1950, L. Soldevilla participe à des expositions individuelles et collectives en Europe, à Cuba et au Venezuela. Elle travaille dans des médiums variés – dont la peinture, la sculpture, le collage et les constructions en relief –, explorant la forme géométrique, la couleur et le mouvement. Ses recherches sur la lumière atteignent un point culminant avec les Relieves luminosos, qu’elle crée en 1955 avec Eusebio Sempere (1923-1985). Ces « reliefs lumineux » démontrent son intérêt affûté pour l’expérimentation et pour l’innovation formelle, tandis que ses mobiles, créés au milieu des années 1950, font partie des premiers exemples de sculpture cinétique à Cuba. Comme c’est le cas dans Sin título [Sans titre, vers 1957] de la série Cartas celestials [Lettres célestes], les cercles sont un motif récurrent de son œuvre. Des compositions abstraites comme celle-ci évoquent aussi sa passion pour la musique et sa fascination pour l’astrologie et le cosmos.
Après huit années passées à l’étranger, L. Soldevilla rentre à La Havane en 1956. L’année suivante, elle fonde avec l’artiste Pedro de Oraá (1931-2020) la Galería de Arte Color Luz (1957-1961). Malgré sa brève existence, cet espace consacré à l’art expérimental est au centre du développement et de la légitimation de l’abstraction géométrique à Cuba. Il a constitué un pôle important pour un groupe d’artistes surnommés « Los Diez Pintores Concretos » [Les Dix Peintres concrets, 1958-1961].
Alors que l’abstraction est de plus en plus reléguée au lendemain de la révolution cubaine de 1959, L. Soldevilla se désengage des arts plastiques pour d’autres activités créatives, dont l’écriture et le journalisme. En 1962, elle travaille comme conceptrice de jouets pour l’Institut national cubain du tourisme. Elle enseigne aussi à l’école d’architecture de l’université de La Havane jusqu’en 1964. La même année, elle fonde Espacio (1964-1972), un collectif multidisciplinaire d’artistes dont la notion de communauté et de collaboration rappelle la Galería de Arte Color Luz.
Après des décennies passées relativement dans l’ombre, l’œuvre de L. Soldevilla est le sujet de l’exposition Constructing Her Universe à la Sean Kelly Gallery, à New York, en 2019. Cette rétrospective met en lumière l’étendue de sa carrière artistique. Depuis, l’héritage de cette artiste visionnaire a reçu une attention critique de plus en plus forte, ce qui témoigne non seulement du rôle crucial qu’elle a joué dans le développement de l’art concret à Cuba, mais aussi de sa contribution à une histoire transnationale de l’abstraction au milieu du XXe siècle.
Une notice réalisée dans le cadre d’AMIS: AWARE Museum Initiative and Support, en partenariat avec le Pérez Art Museum Miami
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