Carroll, Amy Sara, “Lorena Wolffer’s ‘El Derecho de Réplica’”, in REMEX, Toward an Art History of the NAFTA Era, Austin, University of Texas Press, 2017
→Antivilo, Julia, Entre lo sagrado y lo profano se tejen rebeldías. Arte feminista nuestroamericano, Bogotá, Ediciones desde abajo, 2015
→Wolffer, Lorena, “Mexican Territory”, in Art Journal 56, n°4, 1997
Lorena Wolffer. Diarias global, Museo Universitario de Arte Contemporáneo, Mexico City, novembre 2020 – mars 2021
→Below the Underground: Renegade Art and Action in 1990’s Mexico, Armory Center for the Arts, Pasadena, octobre 2017 – janvier 2018
→Lorena Wolffer / Expuestas: registros públicos, Museo de Arte Moderno, Mexico City, juillet – octobre 2015
Artiste et activiste mexicaine.
Depuis les années 1990, Lorena Wolffer cherche à modifier l’environnement politique et social du Mexique à travers sa pratique de la performance. Son œuvre aborde des problématiques urgentes telles que l’explosion des violences genrées en remettant en question les modes de représentation et conditions sociales actuels et en militant pour leur transformation. Afin d’illustrer ces problématiques auprès du public, l’artiste utilise son propre corps en le mettant généralement en scène dans des situations pénibles ou apparentées à la torture.
Cette approche est notamment présente dans ses œuvres de jeunesse, comme Báñate [Prends un bain, 1992-1993], dans laquelle L. Wolffer se lave sensuellement à l’aide de sept seaux de sang de bœuf afin de défaire les associations automatiques de dégoût et de violence que provoque la substance et les remplacer par un questionnement sur ses propriétés potentiellement érotiques, nettoyantes et purificatrices. Elle utilise à nouveau du sang dans l’une de ses performances les plus connues, intitulée Territorio Mexicano/Mexican Territory [Territoire mexicain, 1995-1997], qu’elle présente à de nombreuses reprises dans des musées, des festivals et à la télévision. Dans cette œuvre, le corps nu de L. Wolffer, qui symbolise dans ce cas le corps national, le territoire mexicain, est soumis à la torture sous la forme d’une goutte de sang tombant sur son ventre pendant six heures. Par cette action, l’artiste critique la passivité de son pays lors des crises politiques de 1994 et la consommation voyeuriste du cirque politique et des traumatismes qui s’ensuivent.
L. Wolffer continue durant cette période à utiliser son corps et le moyen de la performance pour illustrer le lien entre nationalisme, violence genrée et féminicides au Mexique. Dans If She Is Mexico, Who Beat Her Up? [Si elle est le Mexique, qui donc l’a passée à tabac ?, 1997-2017], elle se présente sous l’apparence d’une top model vêtue de couleurs similaires à celles du drapeau mexicain et recouverte d’hématomes et de blessures, comme si elle avait été battue, comme une métaphore de l’état du pays. Mientras dormimos (El Caso Juárez) [Pendant que nous dormons (Le cas Juárez) 2002-2004] aborde également les violences faites aux femmes au Mexique en faisant directement référence aux centaines de femmes tuées à Ciudad Juárez depuis les années 1990.
Sa pratique prend également la forme d’actions artistiques dans l’espace public. C’est par exemple le cas de 14 de febrero [14 février, 2008], où elle illustre le vécu de « Fabiola », une victime de violence conjugale que son mari battra si elle ne vend pas suffisamment de chocolats dans la rue ce jour-là. Comme dans un acte de défi, l’artiste renverse la situation en distribuant aux passant·es des chocolats dont l’emballage comporte des extraits du témoignage de Fabiola.
L. Wolffer a exposé dans de nombreuses institutions culturelles au Mexique, notamment au Museo de Arte Moderno et au Museo de Arte Carrillo Gil. Elle est cofondatrice et directrice du centre culturel Ex-Teresa Arte Alternativo à Mexico (1994-1996) et coorganisatrice du Forum #MeTooMex (2019). Elle a également obtenu plusieurs bourses et prix, dont la médaille Omecíhuatl (Mexique, 2011), la bourse de la Ford Foundation (2015), l’Artraker Award for Social Impact (Royaume-Uni, 2014) et la médaille Hermila Galindo (Mexique, 2019). Elle enseigne au sein de plusieurs institutions culturelles et ses écrits ont été publiés dans de nombreuses revues, dont Art Journal, Arte al día et Reforma.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring