Abu Shakra, Farid, The Identity of the Palestinian Artist: Tradition, Culture, Modernity and Globalization, Umm El Fahem, The Umm El Fahem Art Gallery, 2015
→Baruchi, Efrat, « Other » Expression Black Abjection, Landscape Writing and Conceptual Practices in the Artwork of Manar Zuabi, thèse, Ben-Gurion University of the Negev, The Faculty of Humanities and Social Sciences, Department of the Arts, 2014
→Altenberg, Theo, « Beyond the Frame: Painting as Performance in Recent Exhibitions », Frieze Magazine, no 153, mars 2013
Without and Roses, performance, Qalandiya International Biennale 3, Wadi Salib, Haïfa, 2018
→Rosa, performance – installation et danse, avec le chorégraphe et danseur Shaden Abulasal, théâtre Khashabeh de Haïfa et Université de Haïfa, 2016
→Berlin Performs, Podbielski Contemporary Gallery et Fries Museum, Berlin, 2015
Artiste pluridisciplinaire.
Manar Zuabi est une artiste spécialisée dans l’installation, la performance et la vidéo. Titulaire d’un master d’arts plastiques à l’université de Haïfa, elle est aussi commissaire d’expositions indépendante, éducatrice et militante. Elle occupe également un poste de conseillère auprès des étudiant·e·s de deuxième et troisième cycles à l’Académie Bezalel des arts et du design et de maîtresse de conférences à l’université de Haïfa. Elle est l’une des fondatrices de Masar, une école alternative et expérimentale à Nazareth. Depuis 2003, elle a bénéficié de quatorze expositions individuelles et a participé à plus de quinze expositions collectives. Parmi ses créations, citons notamment Humma [Fièvre], sa performance à la seconde biennale internationale Qalandiya (Haïfa, 2014) ; Berlin Performs (2015) ; On the Edge of White [À la limite du blanc], une performance couplée à une installation et une partie dansée en collaboration avec la chorégraphe et danseuse Shaden Abulasal, présentée au festival de danse contemporaine de Ramallah (2016) ; et la vidéo In Between [Entre-deux], présentée lors de l’exposition Bodyscapes [Paysages corporels] au musée d’Israël à Jérusalem (2020-2021).
En plus des questions d’identité, M. Zuabi aborde également des problématiques liées au quotidien, à la coopération politique et sociale, et à la culture arabe dans l’espace israélien. L’usage du corps féminin comme outil féministe, bien que l’artiste ne le définisse pas forcément ainsi, est clairement présent dans ses performances. Elle se sert de ces dernières, ainsi que du langage corporel, pour exprimer des messages qui transcendent le domaine personnel et l’élargissent aux thématiques de l’hégémonie et de la gouvernance au niveau social et politique. La présence physique de l’artiste dans l’espace de la performance est significative, particulièrement lorsqu’elle s’associe à d’autres participants, comme son mari, des danseurs ou une chorégraphe professionnelle, dans le processus de tissage de l’acte artistique.
L’œuvre de M. Zuabi se construit autour d’une combinaison de trois éléments fondamentaux : la matière, l’espace et la fugacité. Grâce à eux, elle parvient à créer un sentiment de cohésion dans un contexte plus large qui englobe l’infini, le mystique et l’existentiel, que l’artiste mêle au contexte de la culture arabe. Parfois, la langue est présente en fond sonore, tandis qu’à d’autres moments l’artiste puise des éléments dans les profondeurs d’une mémoire familiale ou de son héritage arabe. Dans certains cas, la musique apporte une harmonie nécessaire à l’œuvre. En tant que diplômée de l’institut Wingate (centre national israélien d’éducation physique et sportive), la danse et le mouvement du corps jouent un rôle essentiel dans l’œuvre de M. Zuabi.
Les matériaux qu’elle utilise principalement sont ceux que l’art féministe s’approprie depuis longtemps : bas en nylon, fil de laine et de métal, chapeaux ou épingles à cheveux. Ces matériaux véhiculent des messages complexes qui ne sont d’ailleurs pas nécessairement féministes. Dans son art, M. Zuabi aborde la fugacité de la vie à travers son utilisation d’objets éphémères issus d’un quotidien traditionnellement féminin. Il en va de même pour ses installations, qui sont montées et démontées en public au cours de l’exposition ou ultérieurement. Lors de ses performances, elle se livre à une analyse du mouvement corporel en montrant la faiblesse ou l’incapacité physique. Elle est également attachée à l’importance du mouvement, ainsi qu’à l’esthétique de la couleur grâce à l’usage de certaines teintes, notamment le noir et le blanc. Là où le noir traduit une idée de totalité, le choix de ces deux couleurs opposées symbolise l’absurdité de nos expériences de vie.
Les œuvres de M. Zuabi sont autant de réactions au monde actuel et à l’exclusion de la culture arabe palestinienne au sein de l’espace public israélien. À travers elles, l’artiste aborde sa volonté d’introduire la langue arabe dans cet espace. Dans d’autres productions, elle associe l’art et la danse en se servant du corps pour exprimer ses différents états émotionnels et physiques.
Partenariat avec Artis
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2022