Jirous Ivan, Naděžda Plíšková, Prague, Art Centrum, 1970
→Šmejkal František, Naděžda Plíšková. Graphic Prints – Drawings – Ex Libris, Prague, Malá galerie Československého spisovatele, 1981
→Placáková Marianna (dir.), I, Naděžda Plíšková, cat. exp., Museum Kampa, Prague (1er juin – 18 août 2019), Prague, Museum Kampa, 2019
Naděžda Plíšková. Graphiques – Objets 1968–1970, Václav Špála Gallery, Prague, 17 avril – 10 mai 1970
→Naděžda Plíšková. Graphiques – Dessins – Ex Libris, Malá galerie Československého spisovatele, Prague, 26 mai – 12 juin 1981
→I, Naděžda Plíšková, Museum Kampa, Prague, 1er juin – 18 août 2019
Graphiste et poète tchèque.
L’essentiel de l’œuvre de Naděžda Plíšková est constitué d’estampes, d’objets et de poèmes qui traitent des inégalités de genre sous le socialisme d’État. Elle entre à l’Académie des beaux-arts de Prague en 1954. Comme beaucoup d’artistes femmes tchèques de sa génération, elle se consacre à la gravure qui constitue, au côté de la poésie, son principal moyen d’expression. L’atmosphère politique de la fin des années 1960, caractérisée par une libéralisation progressive, représente pour elle une expérience déterminante. Impressionnée par les œuvres du néoréalisme et du Pop Art, qui intègrent peu à peu les expositions et les magazines tchèques, N. Plíšková se met à réaliser des estampes grand format et à aborder les thématiques du quotidien.
La question de l’inégalité homme-femme qu’elle introduit dans son œuvre reflète aussi l’intérêt qu’elle porte aux enjeux de la société contemporaine. Une expérience fondamentale pour elle est son adhésion au groupe d’art informel Křižovnická škola čistého humoru bez vtipu [École des croisés d’humour pur sans plaisanteries], qu’elle intègre au milieu des années 1960 avec son mari, le sculpteur Karel Nepraš (1932-2002). Ses amitiés constituées autour du groupe de rock The Plastic People of the Universe marquent également profondément son œuvre. Grâce à la libéralisation politique, elle étudie pendant un an à l’université de Stuttgart en 1968. L’année suivante, elle reçoit une bourse de la fondation Ford pour partir aux États-Unis, mais elle n’est pas autorisée à voyager à cause de l’évolution politique de la Tchécoslovaquie. Le durcissement du régime explique en partie pourquoi les présentations publiques de ses œuvres sont limitées à partir du début des années 1970, alors qu’elle exposera toute sa vie dans des expositions internationales de gravure. En 1982, N. Plíšková subit une grave lésion de la moelle épinière. En raison de ses problèmes de santé, elle se consacre davantage à la poésie et au commentaire politique, même après 1989.
« Prends vingt-quatre ans, achète-toi un livre de cuisine, apprends à cuisiner, à pardonner, mais surtout apprends à attendre, à attendre pour tout : pour un appartement, un homme, de l’argent, du charbon, un plombier, une instance en divorce… », écrit N. Plíšková en 1988 dans son poème « Jak se dělá manželství » [Une recette de mariage], caractéristique de son œuvre. Basé sur son expérience personnelle, ce poème aborde des questions d’ordre général telles que l’ordre des genres et les problématiques politico-économiques du socialisme d’État. Tout comme sa poésie, l’art graphique de N. Plíšková se caractérise par une simplification visuelle, un ton sarcastique et même une certaine littérarité, créant, par une distance ironique, une critique de ce qui est représenté. N. Plíšková commente les idéaux contemporains que sont la beauté et le traitement cosmétique du corps des femmes. En 1970, elle organise un happening lors du vernissage d’une exposition de la galerie Václav Špála à Prague : elle cuisine un goulasch, qu’elle sert aux visiteurs et visiteuses à l’aide d’une cuillère longue de deux mètres. Une constante de son œuvre est l’intérêt qu’elle porte à la nourriture et à la culture gastronomique tchèque, fondée sur la viande et la bière. Cet intérêt ne relève pas seulement d’une critique du consumérisme, mais également du regard critique qu’elle porte sur le travail reproductif qui va de la cuisine au soin des enfants en passant par le ménage. L’œuvre de N. Plíšková prend appuie sur un large panel de discours et dénonce normes sociales et systèmes dominants avec humour et légèreté.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
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