Nirmala Dutt Shanmughalingam : The Making of an Artist as Social Commentator, cat. exp., Valentine Willie Fine Art, Singapoure [8-31 mars 1998], Valentine Willie Fine Art, 1998
Nirmala Dutt : Statements, ILHAM Gallery, Kuala Lumpur, 18 juillet – 24 décembre 2023
→Tsunami 2004-2005, Valentine Willie Fine Art, Kuala Lumpur, 15 décembre 2005 – 14 janvier 2006
→National Art Gallery, Kuala Lumpur, 1973
Plasticienne malaisienne.
Née à George Town dans l’État de Penang, Nirmala Dutt Shanmughalingam voit son talent reconnu alors qu’elle étudie avec Hoessein Enas (1924-1995), le fondateur du collectif Angkatan Pelukis Semenanjung. En 1966, elle intègre l’école d’art Corcoran de Washington, puis l’école d’art du musée Fogg à Boston (États-Unis). Elle reprend des études à temps plein fin 1975 et obtient un bachelor scientifique à l’école polytechnique d’Oxford (Royaume-Uni) avec une spécialité en communication de masse, art graphique et psychologie. De 1992 à 1995, elle étudie en master de philosophie à la faculté Goldsmiths, Université de Londres (Royaume-Uni).
À son retour des États-Unis, N. Shanmughalingam s’essaye à la représentation picturale de différents aspects du paysage malaisien. Ces tentatives l’amènent à observer la détérioration du paysage national en raison de la vaste urbanisation des années 1970. Ce constat lui inspire la série Statement, où elle emploie pour la première fois la photographie et le montage comme moyens d’expression. On y perçoit l’influence de l’expressionnisme abstrait et du pop art, qu’elle a découvert lors de ses études aux États-Unis. Statement 3 (1975-1979) et Pollution Piece (1973), par exemple, peuvent être envisagées comme une forme de « documentation photographique » structurée comme une présentation graphique. Parmi les différentes images, on trouve des photographies d’enfants frappantes, mises en valeur par des légendes explicatives.
Le recours à des photocopies d’images tirées de médias de masse revient aussi dans sa série Anak Asia (1983). Cette démarche laisse à penser que la reproduction incessante de telles images dans les médias peut finir par désensibiliser aux horreurs de la guerre. La texture rugueuse des clichés photocopiés accentue cette idée et montre la baisse de sensibilité portée par les images.
L’observation de la marche du monde et la critique qu’elle en fait conduit N. Shanmughalingam à réaliser Save the Seed That Will Save the Black People (1986). Cette œuvre exprime la position de l’artiste sur le rôle des États-Unis et de la Grande-Bretagne dans l’apartheid sud-africain : le portrait de Ronald Reagan et Margaret Thatcher est subitement retiré par le personnel de la Galerie d’art nationale de Malaisie peu avant le vernissage de l’exposition qui devait le présenter. L’incident est couvert par la presse et fait polémique. L’œuvre retrouve sa place lorsque N. Shanmughalingam reçoit le soutien du directeur de la Galerie d’art nationale et artiste Datuk Syed Ahmad Jamal (1929-2011).
Sans conteste l’une des artistes femmes les plus importantes d’Asie du Sud-Est, N. Shanmughalingam se sert de l’art pour éveiller les consciences. En 2005, elle produit toute la série Tsunami. L’exposition présente des tableaux abstraits qui expriment sa réponse artistique personnelle au tsunami dévastateur de 2004 dans l’océan Indien.
Ses œuvres ornent différentes expositions internationales, y compris dans des lieux aussi importants que la Galerie nationale de Thaïlande, le musée d’art Fukuoka au Japon, le Centre Barbican de Londres et le Musée d’art de Singapour. Après son décès, son travail est sélectionné pour l’exposition Awakenings : Art in Society in Asia 1960s–1990s (2019), qui met en vedette 150 artistes asiatiques.
Une notice réalisée dans le cadre du programme The Flow of History. Southeast Asian Women Artists, en collaboration avec Asia Art Archive
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