Rinko Kawauchi, as it is, Marseille, édition de Chose Commune, 2020
→Rinko Kawauchi, Ametsuchi, New York, édition de Aperture, 2013
→Rinko Kawauchi, UTATANE, Tokyo, édition de Lettle More, 2001
Rinko Kawauchi: M/E -On this sphere Endlessly interlinking, Tokyo Opera City Art Gallery, Tokyo, 8 octobre-18 décembre 2022/Shiga Museum of Art, 21 janvier-26 mars 2023
→KAWAUCHI Rinko: Illuminance, Ametsuchi, Seeing Shadow, Musée d’art photographique de Tokyo, 12 mai-16 juillet 2012
→Semear, Museu de Arte Moderna de São Paulo, 19 July–23 September, 2007
Photographe japonaise.
Diplômée de l’Institut supérieur Seian pour jeunes filles (aujourd’hui Université Seian d’art et de design), Rinko Kawauchi est récompensée en 2002 par le 37e prix Ihei Kimura pour Utatane [Somnolence] et Hanabi [Feu d’artifice], deux recueils de photographies publiés en 2001. Les clichés de Utatane sont représentatifs de son style, qui sait saisir la fugace, fragile et sublime beauté de l’instant, de la lumière et de la couleur dans un format carré. Ce ne sont pas des motifs sortant de l’ordinaire qui figurent dans ses photographies, mais plutôt une vue différente de la réalité, qui tend à passer inaperçue quand on se laisse entraîner dans le tumulte du quotidien. Les images se forment dans l’esprit de l’artiste quand elle entre en « somnolence » ; elle comprend alors que ces souvenirs visuels font partie d’elle-même, accumulés dans son inconscient au fil du temps.
Pour R. Kawauchi, le calme, la fragilité et l’angoisse sont autant de sources de beauté, qu’elle s’efforce de saisir dans ses photos. Le recueil Illuminance (2009) dévoile comment elle est capable de faire surgir en un laps de temps très court les images que son subconscient a amassées en les combinant à d’autres : l’éclipse de soleil de la première et de la dernière page de son ouvrage, qui n’a duré dans la réalité que trois minutes et demie, en est la plus belle illustration.
L’éternel recommencement de la vie et de la disparition qui se perpétue indéfiniment n’a cessé d’être le thème principal de l’œuvre de R. Kawauchi depuis ses débuts. Même si on constate un glissement dans les sujets traités, passant des paysages naturels qui nous entourent à des rites et festivals traditionnels japonais, notamment avec sa série Ametsuchi [Ciel et terre] (un album photo portant le même titre est paru en 2013), le thème sous-jacent n’a pas changé. R. Kawauchi commence à photographier le site d’Aso (département de Kumamoto) en 2007, et la première scène qu’elle immortalise alors est déjà un brûlis. En effet, au début du printemps, il est d’usage de brûler les champs d’Aso dans le cadre de l’entretien des prairies et des alentours des rivières. Quand R. Kawauchi pose le pied sur le sol d’Aso, elle ressent pour la première fois la réalité de cette terre sur laquelle elle vit.
Dans sa série Ametsuchi, elle livre aussi des images du « Shiromi Kagura » du département de Miyazaki. Le kagura est une danse rituelle qui se pratique dans tout l’archipel nippon à la fin de chaque année, au cours de laquelle des prières s’élèvent vers les divinités pour les remercier des abondantes récoltes. Ainsi le cycle de la nature s’accorde-t-il avec le cycle de la civilisation, les humains servant d’intermédiaires entre les deux. Alors que les lieux et les moments dont elle s’empare s’étoffent, R. Kawauchi s’intéresse progressivement à cette circularité naturelle de la naissance, de la disparition et de la renaissance.
D’après elle, sa vision est restée quasi inchangée, même après avoir donné la vie à l’âge de quarante-quatre ans : la notion de disparition est toujours présente dans sa lecture du temps qui passe. En revanche, au fur et à mesure que sa fille grandit, elle ressent de façon plus poignante la violence que représente cette inexorable progression vers la disparition. L’album qu’elle publie en 2020 combine des photos de sa fille jusqu’à l’âge de trois ans et des textes qui expriment le sentiment de la mère au fil des années qui passent.
En 2009, le Centre international de la photographie décerne à R. Kawauchi le prix Infinity, l’auréolant d’une reconnaissance internationale. En 2012, le musée de la photographie de la ville de Tokyo (TOP Museum) organise une exposition de ses œuvres, intitulée Illuminance, Ametsuchi, Seeing Shadow. Elle reçoit à cette occasion le prix d’encouragement des nouveaux artistes, remis par le ministre de l’Éducation, de la Culture, des Sports, des Sciences et de la Technologie.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « Artistes femmes au Japon : XIXème – XXIème siècle »
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