Implantate / Magnificatio, Cologne, Walter König, 2022
→Simone Decker: Point of View, exh. cat. Casino Luxembourg – Forum d’art contemporain, Luxembourg (9 October, 2004–02 January, 2005); Crédac – Centre d’art d’Ivry, Ivry (4 February–20 March, 2005), Ivry / Luxembourg, Crédac – Centre d’art d’Ivry / Casino Luxembourg, 2005
Clashtest, Centre d’art Dominique Lang, Dudelange, 22 septembre – 25 novembre 2018
→BASIC, Le LIFE, Saint-Nazaire, 24 juin – 28 août 2011
→Point of View, Casino Luxembourg – Forum d’art contemporain, Luxembourg, 9 octobre 2004 – 02 janvier 2005
Artiste pluridisciplinaire luxembourgeoise.
Simone Decker étudie à l’école supérieure des arts décoratifs et à l’université des sciences humaines de Strasbourg de 1988 à 1993, et une année à la Städelschule à Francfort, où elle s’installe à partir de 1995. De 2008 à 2015, elle enseigne à l’académie des beaux-arts de Nuremberg, et en 2025, elle intègre Kultur½lx – Arts Council Luxembourg.
Au début des années 1990, ses premiers travaux attestent déjà de son intérêt pour les matériaux insolites – résine synthétique, latex, épingles à tête colorée, bonbons… – et pour une occupation de l’espace déjouant toute attente, fruit d’une activité physique souvent longue et exténuante. Ses œuvres échappent aux catégorisations et sont, pour une large part, éphémères et réalisées in situ. Elles se nourrissent aussi des contextes dans lesquels elles s’insèrent et sont pétries de contrastes formels et d’oppositions conceptuelles : attraction-répulsion, meuble-immeuble, fini-infini, infime-immense.
Invitée à exposer dans une galerie privée, S. Decker réalise un moulage en latex rose de la salle qui lui est destinée : mis en abyme, l’espace d’exposition, plié et prêt à être transporté, devient une confiserie odorante et sans autorité (Untermieter, [Sous-locataire, 1996]). À la Biennale de Venise, elle montre une série de photographies de prodigieuses sculptures en chewing-gum qui envahissent les ruelles et les places de la Cité des Doges (Chewing in Venice, 1999), tandis qu’à la synagogue de Delme, elle crée un épatant labyrinthe avec près de 50 000 mètres de ruban adhésif qui plonge le spectateur dans un all-over tridimensionnel et bigarré.
Bien que généralement invisibles dans le résultat final, les différentes étapes de son travail véhiculent une partie du sens de sa démarche. Ainsi, pour Ghosts (2004), S. Decker recouvre d’un bandage médical des sculptures de l’espace public à Luxembourg avant d’en tirer un moulage en résine synthétique pigmentée de matière phosphorescente, puis expose ces copies en ordre de taille décroissante sur le toit de l’annexe du Casino Luxembourg : la nuit, elles reflètent la lumière emmagasinée le jour, interrogeant à la fois l’art dans l’espace public en général et leur propre existence.
Les défis d’ordre matériel et logistique sont inhérents aux projets de S. Decker et poussent souvent les institutions à dépasser leurs limites physiques et organisationnelles habituelles : au Mudam, elle empile les caisses des œuvres de la collection permanente pour construire une faramineuse tour de Babel qui ironise sur l’impossibilité pour l’institution de tout rendre visible et inverse le rapport de sacralité entre l’art et le spectateur (Second Life, 2010). Pour le Grand Café – Centre d’art de Saint-Nazaire, elle s’approprie l’immense espace de la base désaffectée des sous-marins de la Seconde Guerre mondiale en y insérant une maquette en mousse de polyuréthane qui reproduit à l’échelle 1:10 ce même inébranlable et démesuré bâtiment : les enfants et les adultes sont invités à l’utiliser comme terrain de jeu et même à en arracher des morceaux, dans l’idéal jusqu’à la faire disparaître (Le Grand Soufflé, 2011).
S. Decker a réalisé plusieurs projets dans des bâtiments publics, dont Implantate, 2019 (commissariat de police, Grevenmacher) et Magnificatio, 2021 (laboratoire national de santé, Luxembourg). Ses œuvres sont présentes dans les collections du Mudam Luxembourg, du Kunstmuseum Liechtenstein, du FRAC Paris et de plusieurs FRAC en France.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « AWARE x Luxembourg », en partenariat avec la Konschthal Esch et la Ville d’Esch-sur-Alzette
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