Collectif, Pictural, Le François (Martinique), Fondation Clément, 2019.
→Toumson, Roger, Anthologie de la peinture en Guadeloupe des origines à nos jours, Paris, Hervé Chopin, 2009.
→John, Valérie, « Image-matière », Small Axe, no 30, octobre 2009.
Indigo, le cabinet de curiosités, Dakar, galerie B-Home, mai-juin 2022.
→Écriture(s) liminaire(s), au seuil d’une pratique artistique trans/locale, Le François (Martinique), Fondation Clément, 22 septembre – 12 décembre 2021.
Plasticienne, commissaire d’exposition et chercheuse en arts plastiques et sciences de l’art martiniquaise-française.
Valérie John quitte la Martinique à dix-sept ans pour poursuivre ses études à Paris, à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Alors qu’elle rédige son mémoire sur le pagne et qu’elle étudie les arts scénographiques, les arts plastiques et la sémiologie, on lui offre son premier pagne – geste qui sera décisif. Elle part pour le Sénégal en 1983 et s’intéresse, lors de ses multiples déplacements en Gambie, au Mali et en Mauritanie, au pagne bogolan, à la pratique des teinturières sarakolés (soninkés) et à la confection de l’indigo. Elle fait la rencontre au Sénégal de plusieurs artistes qui participent au Laboratoire Agit’art, lieu situé à Dakar et fondé en 1973. Après plusieurs années en Afrique, elle décide de retourner à la Martinique pour poursuivre sa pratique et commence son travail d’enseignante. Elle entame son œuvre en 1998, synthétise ses années de recherche autour du pagne et décide de dater toutes ses réalisations ultérieures à partir de cette date symbolique.
De retour sur l’île, V. John installe son « métier à métisser », expression qu’elle emprunte au poète haïtien René Depestre. Son œuvre est une plongée dans la mémoire du pays. Elle retrouve à la Martinique la couleur indigo, souvenir d’une Afrique rêvée. Le tissage fait d’elle une « marqueuse de paroles » et constitue pour elle une manière de monter, de mettre en rapport plusieurs histoires, plusieurs gestes dispersés par les transbordements et déplacements répétés des mémoires et des corps antillais. La tisseuse assemble, écrit, guérit, édite, et fait de l’oubli la matière fluide d’une mémoire qui se recompose sans cesse.
Le temps comme donnée est aussi très important pour V. John. Ses installations suspendues ou allongées, à l’image de Et si les griots… (1998-2021), évoluent au fil du temps, et l’or qu’elle appose sur ce qu’elle nomme ses « corps-palimpsestes » fait progressivement ressortir les complexités du noir indigo, signe de ce qui a résisté, en changeant, à l’expérience de la cale.
V. John a été pendant quatre ans la directrice du département Arts visuels du Campus caraïbéen des arts, à Fort-de-France. Elle enseigne depuis au lycée Victor-Anicet. Une exposition monographique lui est consacrée à la galerie B-Home dans le cadre de la Biennale de Dakar 2022. Elle a exposé dans différents lieux, dont la Fondation Clément à la Martinique, à la Grande Halle de la Villette à Paris, à l’UFC Art Gallery à Orlando.