Peintre, illustratrice et décoratrice russe.
Née dans la région de la Volga, dans une famille de propriétaires fonciers, Vera Mikhaïlovna Ermolaeva est victime, durant sa petite enfance, d’une chute de cheval qui la laisse paralysée des deux jambes et pour laquelle elle sera soignée en Europe. En 1911, à Saint-Pétersbourg, elle suit les cours de Mikhaïl Bernstein, introducteur de l’art français d’avant-garde en Russie, et se passionne pour le cubisme et le futurisme. En 1914, elle séjourne à Paris, où elle étudie les peintres contemporains comme Paul Cézanne, Pablo Picasso, Georges Braque ou André Derain. De retour, en 1918, à Petrograd, elle crée une « brigade » d’artistes, Segodnya (« Aujourd’hui »), qui, avec Nathan Altman ou Iouri Annenkov, fabrique, de façon artisanale, des livres illustrés pour le peuple, en particulier pour les enfants. Elle-même illustre, dans un style mêlant néoprimitivisme et futurisme, Pétoukh (« Le coq ») de Nathan Vengrov.
En 1919, le Narkompros (« commissariat à l’Instruction publique ») la nomme professeure à l’École d’art de Vitebsk, où enseignent des sommités comme Robert Falk ou Mstislav Doboujinski. Elle en devient la directrice en 1921, après la démission de Marc Chagall. Ayant invité Kazimir Malevitch à Vitebsk, elle s’implique, avec le maître et ses disciples, dans la création de l’Ounovis, le laboratoire artistique du suprématisme. En 1922, elle travaille au célèbre Ginkhouk de Petrograd (l’Institut national de la culture artistique), dont elle dirige le laboratoire sur la couleur. À partir de la fin des années 1920, revenant à l’illustration, elle collabore à des revues pour enfants, crée ses propres livres, puis étend son activité à la peinture, dans un style schématique et vivement coloré qui évoque le post-suprématisme. Les règles du réalisme socialiste scellent ensuite son destin : victime de la première vague de répression menée contre les artistes non « conformes », accusée, comme d’autres artistes de Leningrad, de « propager des idées antisoviétiques », elle est condamnée à cinq ans de goulag. Au Kazakhstan, où elle purge sa peine, elle est à nouveau jugée, puis condamnée – et fusillée.