Critique

Jann Haworth à la galerie du Centre

20.09.2016 |

Jann Haworth, But Honey, will it go with the couch?, 2015, plastique et tissus cousus et peints, 92 x 77 cm

Alors que le nom de Warhol raisonne partout dès que l’on parle de Pop Art ; comme en témoignent les deux expositions de la rentrée 2015 à Paris1 et Metz2 ; un axe original et méconnu de cette période est abordé par certaines institutions : celui des artistes féminines longtemps méprisées et cantonnées dans des seconds rôles.

Jann Haworth à la galerie du Centre - AWARE Artistes femmes / women artists

Jann Haworth, Pom Pom Girl, 1963-1964 et 2005, tissu et carton, 183 x 152 x 8 cm

C’est le cas de la galerie du Centre à Paris, qui, tout comme les récentes expositions Pop Impact : Women Artists à Namur et The World Goes Pop à la Tate Modern de Londres3, s’attache à montrer une pratique féministe du Pop Art jusque là passée sous silence, en exposant l’œuvre de l’artiste américaine Jann Haworth (née en 1942 à Hollywood), pionnière de l’art pop britannique4.

De Lady Standard alors réalisée dans des matériaux dits « traditionnels » (peinture sur bois) et dénigrés, à la création de ses sculptures en tissu dites « molles » en 1962, en passant par la pochette de l’album Sergeant Pepper des Beatles et par les costumes réalisés pour l’opéra-rock des Who, l’exposition Œuvres de 1961 à aujourd’hui fait état de la production de l’artiste tout au long de sa vie.

Jann Haworth à la galerie du Centre - AWARE Artistes femmes / women artists

Jann Haworth, French Silver Charm Bracelet, 1997-2007, satin, tissus variés, et ouate, 2 x 2,50 m

Jann Haworth à la galerie du Centre - AWARE Artistes femmes / women artists

Jann Haworth, Who is afraid of uncle Walt, 2013, vinyle et acrylique sur toile, 125 x 80 cm

L’œuvre de Jann Haworth témoigne ainsi de l’inventivité plastique dont ont fait preuve les artistes femmes ; repoussées hors des domaines de la peinture et de la sculpture ; à travers l’utilisation de matériaux inattendus tels que le calicot, le satin, la fourrure synthétique, ou encore le plexiglas. Alors pionnière de l’art textile dès les années 1960, l’artiste a contribué par son travail à l’élargissement des métiers d’art à la création artistique et la suppression de la frontière entre beaux-arts et artisanat.

Cette confrontation entre les sculptures en tissu de ses débuts et des réalisations plus récentes – comme ses collages sur châssis ou encore ses assemblages de toiles – permet de rendre compte du renouvellement plastique dont l’artiste a fait preuve. Restant toujours toutefois très ironique, ses œuvres incarnent alors en quelque sorte le manifeste d’un discours féministe sur l’art.

1
Warhol Unlimited, Musée d’art moderne de la ville de Paris, du 2 octobre 2015 au 7 février 2016.

2
Warhol Underground, Centre Pompidou-Metz, du 1er juillet au 23 novembre 2015.

3
Voir en particulier dans le catalogue de l’exposition : Kalliopi Minioudaki, « Feminist Eruptions in pop, Beyond Borders ». En 2010, deux expositions de grande ampleur s’étaient déjà penchées sur le sujet : seductive Subversion : Women pop Artists 1958-1968 (Rosenfeld Wolf Gallery, University of the Arts, Philadelphia ; Brooklyn Museum of Art, New York) et Power Up : Female Pop Art (Kunsthalle, Vienne).

4
Jann Haworth part vivre à Londres en 1961, où elle décide de poursuivre ses études. Puis en 1996 elle reçoit le prix Robert Fraser qui lui attribue une bourse d’études à l’étranger, et retourne aux Etats-Unis, dans l’Utah, à Sundance et Salt Lake City.

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