À l’heure où les titres d’exposition apparaissent comme le reflet de logiques commerciales globalisées, et où le déclaratif s’impose comme norme, l’exposition « Why not Judy Chicago? » au CAPC dépasse la dialectique de l’échelle de notoriété de l’artiste, pour invoquer la question de la (non-)reconnaissance des femmes artistes et plus particulièrement des artistes féministes au sein des institutions.
Judy Chicago, Birth Tear de la série The Birth Project, 1982, broderie sur soie 52,1 x 69,9 cm, réalisée par Jane Gaddie Thompson © Photo : Donald Woodman, © ADAGP, Paris
Fruit d’un partenariat noué entre le CAPC et l’Azkuna Zentroa de Bilbao, l’accrochage, pensé par le curateur Xabier Arakistain alias Arakis, commissaire de l’exposition « Kiss Kiss Bang Bang, 86 steps in 45 Years of Art and Feminism » (Museo de BBAA, Bilbao, 2007), ne cherche nullement à restituer le mythe de la personnalité créatrice de Judy Chicago. Documents à l’appui, il retrace, par petites touches, ses questionnements artistiques, ses réflexions pédagogiques, ses écrits, pour donner à voir une artiste aux multiples visages.
Judy Chicago, Mother Superette, 1963, acrylique sur papier, 49,5 x 66 cm, © Photo : Donald Woodman, © ADAGP, Paris
Le commissaire d’exposition Xabier Arakistain (Arakis) & Judy Chicago – rencontre organisée à l’auditorium du CAPC en marge de l’exposition « Why Not Judy Chicago? », le 11 mars 2016 © Milena Páez-Barbat
14 salles parcourent ces ramifications : performances (atmospheres, 1969-1974), installations et séances de l’exposition site-specific WOMANHOUSE en 1972, Autobiography of a Year (1993-1994), peintures minimalistes des débuts ou figuratives des derniers travaux, dont les médiums et techniques dynamitent l’ordre établi. Outre les œuvres sérielles ou la genèse de The Dinner Party (1974-1979), évoquant la force littéralement créatrice de la femme et de l’artiste, les œuvres des années 1980–1990 dévoilent une imagerie plus sombre, celle de la chute, ou encore du génocide juif, avec The Holocaust Project (1985-1993). L’exposition parvient à nous insuffler une réflexion autour de la technicité et la persistance d’iconographies ancrées dans l’inconscient collectif, mais transfigurées par l’art.
Au CAPC à Bordeaux du 10 mars 2016 au 4 septembre 2016