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Entretien avec Anila Quayyum Agha : l’ornement est politique

30.06.2023 |

Anila Quayyum Agha, Liminal Space, 2021, acier laqué, lampes LED, 165,1 x 165,1 cm, vue d’installation, A Beautiful Despair, Amon Carter Museum of American Art, Forth Worth, 2021 © Courtesy Anila Quayyum Agha

Cet entretien s’est déroulé dans le cadre de l’exposition Re-Orientations : Europe and Islamic Art, from 1851 to Today, présentée à la Kunsthaus Zürich du 24 mars au 16 juillet 2023, qui mettait en lumière la manière dont l’héritage des arts islamiques a affecté les beaux-arts et les arts appliqués occidentaux ainsi que les interactions entre l’Europe et le Moyen-Orient1. Pour cette exposition, l’artiste Anila Quayyum Agha a créé une installation monumentale et immersive in situ, où interagissaient les motifs, l’ornement, la couleur et la lumière. Née à Lahore, au Pakistan, et installée aux États-Unis, elle exprime ici ses préoccupations liées à la notion d’artisanat, au genre et aux problèmes environnementaux, ainsi que sa vision des relations entre l’Orient et l’Occident.

Entretien avec Anila Quayyum Agha : l’ornement est politique - AWARE Artistes femmes / women artists

Anila Quayyum Agha, Antique Lace 1 (détail), 2016, technique mixte sur papier, motifs ornementaux découpés au laser sur papier avec mylar, broderie et perles, 76,2 x 55,88 cm © Courtesy Anila Quayyum Agha

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Anila Quayyum Agha, Winged Shadows, 2019, technique mixte sur papier, poussière d’acier, charbon de bois, cire, broderie, 160,02 x 149,86 cm © Courtesy Anila Quayyum Agha

Nadia Radwan : Comment le fait de grandir et de vous former à Lahore, au Pakistan, avant d’emménager aux États-Unis a-t-il influencé votre pratique artistique ?

Anila Quayyum Agha : Quand je vivais au Pakistan, je rêvais de devenir peintre, mais ma mère craignait que je ne puisse pas gagner ma vie en tant qu’artiste. Elle voulait que je sois indépendante au sein du système patriarcal pakistanais. J’ai donc étudié le design textile, ce qui m’a servi par la suite dans mes projets. J’ai développé une compréhension de l’ornement et une familiarité avec les systèmes décoratifs créés dans diverses régions d’Asie du Sud. Lorsque j’ai emménagé aux États-Unis et que je me suis inscrite à l’université, j’étais déjà rompue au travail avec le motif ornemental et avec la couleur. Mais au lieu d’être valorisées, mes compétences décoratives ont fait l’objet de critiques, car l’ornement était considéré comme quelque chose de féminin, d’artisanal et donc d’insignifiant. Il y avait un rejet constant du beau et, par conséquent, un rejet des cultures d’Orient, qui utilisent l’ornement comme un concept à part entière au sein des beaux-arts. J’ai été déconcertée par la connaissance limitée et par l’exotisation, de la part de l’Occident, de l’Orient, de ses influences ornementales hybrides et de l’histoire de l’art et de l’architecture du monde islamique.

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Anila Quayyum Agha, Black Tinted Flower, 2020, technique mixte sur papier, papier découpé, pastels, cire encaustique, broderie d’argent, 76,2 x 76,2 cm © Courtesy Anila Quayyum Agha

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Anila Quayyum Agha, My Secret Garden, 2023, acier inoxydable poli, découpé au laser, 121,92 x 121,92 cm, vue d’installation, New Worlds: Georgia Women to Watch, Atlanta Contemporary, Atlanta, 2023, photo : Kenyatta Stanchez © Courtesy Anila Quayyum Agha

NR : En dépit du fait que l’ornement était considéré comme quelque chose de féminin et lié à l’artisanat, vous avez continué à l’expérimenter aux États-Unis. Pourquoi ?

AQA : Je me suis donné pour mission de faire comprendre aux gens d’où je venais, car nombre de mes collègues critiquaient les aspects artisanaux du motif ornemental et de la couleur, du décor, des arrangements floraux et de la calligraphie. Je voulais rester fidèle à moi-même, et cela m’a amenée à penser à la manière dont je pouvais renforcer et promouvoir l’idée que le travail des femmes avait de la valeur. J’étais en désaccord avec l’idée reçue selon laquelle si un objet est trop beau, cela veut dire qu’il relève de l’artisanat et qu’il est donc insignifiant. Après l’obtention de mon diplôme, j’ai eu davantage de liberté et j’ai décidé de continuer à explorer les processus inspirés du textile en élevant l’ornement à son niveau le plus haut.

NR : Était-il difficile de poursuivre votre approche artistique des motifs ornementaux aux États-Unis ?

AQA : Je suis arrivée aux États-Unis en novembre 1999 et j’étais alors plutôt invisible. Mais après le 11 Septembre, je suis soudain devenue visible et j’ai réalisé à quel point j’étais étrangère. Cela m’a ramenée à l’inconfort que j’avais ressenti auparavant au Pakistan en tant que femme. Pour parcourir les espaces publics à Lahore, je m’étais créé un personnage androgyne ; je portais mes cheveux très courts pour éviter le harcèlement et j’avais trouvé une forme de refuge dans l’androgynie. Lors de mes débuts en tant qu’artiste professionnelle, à partir des années 2000, aux États-Unis, je me suis donné pour mission d’apporter aux gens la connaissance conceptuelle de mon identité à travers l’utilisation du motif, de l’ornement, de l’illumination et des ombres au sein de mon œuvre – cette identité n’était pas associée au terrorisme qui était alors perçu par la population.

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Anila Quayyum Agha, Captive Shadow 1, 2020, technique mixte sur papier, fusain, cire encaustique, broderie, papier découpé, 76,2 x 76,2 cm © Courtesy Anila Quayyum Agha

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Anila Quayyum Agha, Sound of Silence 1, 2020, technique mixte sur papier, papier découpé, perles, broderie, mylar, 63,5 x 74,93 cm © Courtesy Anila Quayyum Agha

NR : Votre travail exprime-t-il cette identité androgyne ?

AQA : Mon travail est duel, imprégné à la fois du féminin et du masculin. Je m’intéresse aux contradictions et je m’applique à les souligner dans ma pratique artistique. Lorsque j’étais adolescente, j’ai trouvé un refuge dans le fait d’être androgyne pour échapper au harcèlement que subissent les femmes. Aujourd’hui, en tant que femme adulte vivant aux États-Unis, je suis souvent l’étrangère qui porte un regard extérieur, donc j’apprécie la possibilité de traverser les frontières. Mes installations sculpturales monumentales utilisent la lumière et l’ombre, des peintures et des dessins brodés. En utilisant ces divers médiums qui demandent beaucoup de travail, j’explore les relations profondément enchevêtrées sur les plans politique et social entre le genre, la culture, la religion, le travail et le changement climatique. J’utilise souvent des processus et des méthodologies hérités du textile et de la sculpture pour révéler et pour questionner l’aspect genré du travail textile ainsi que le présupposé selon lequel le textile est par essence un artisanat domestique et ne peut donc pas être considéré comme une forme artistique. Dans mon œuvre, la lumière et l’ombre fonctionnent comme les métaphores des contradictions qui abondent dans le monde, faisant naître un dialogue sur l’idée d’illumination. Par exemple, la lumière se diffuse loin quand elle ne rencontre pas d’obstacle, tout en créant des ombres. Cette dualité me permet de subvertir à la fois les notions de féminin et de masculin en utilisant une échelle et un médium qui étaient historiquement ceux des artistes masculins.

NR : Vous considérez-vous comme féministe ?

AQA : Oui, je suis féministe. Je pense que chaque personne a une valeur intrinsèque. Dans notre monde, la valeur est souvent assignée au corps d’une personne en se fondant sur son genre, sa couleur, ses origines et sa situation géographique. Historiquement, une valeur moindre a été accordée aux corps noirs et de couleur, qui ont été utilisés pour le travail, rémunéré ou non, et pour le commerce. Je crois que les gens oublient l’histoire de l’humanité et, en tant qu’artiste et pédagogue, j’ai l’impression qu’il est de ma responsabilité non seulement d’éduquer à travers mon œuvre, mais aussi, à travers ma pratique artistique féministe, de revaloriser les femmes ainsi que les personnes non binaires et LGBTQ. D’une certaine manière, je suis une artiste pour les minorités, parce que j’ai longtemps fait partie d’une minorité.

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Anila Quayyum Agha, Intersections, 2022, acier laqué et ampoule halogène, 198,12 x 198,12 x 198,12 cm, vue d’installation, Mysterious Inner Worlds, The University of New Mexico Art Museum, Albuquerque, photo : Stefan Jennings Batista © Courtesy of University of New Mexico Art Museum et Anila Quayyum Agha

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Anila Quayyum Agha, The Greys in Between, 2018, installation in situ, MOCA Jacksonville, taille totale de la sculpture : 5,48 m, Walking With My Yesterdays (octaèdre), acier découpé au laser, ampoule, revêtement en poudre, mouvement motorisé, 3.04 x 1,52 m ; Flowers Once Yours (tétraèdre) acier découpé au laser, revêtement en poudre, ampoule, mouvement motorisé, 1,52 x 1,52 m, installation dans un espace de 10,66 x 6,09 m, avec les trois murs intérieurs peints en gris anthracite foncé, photo : Doug Eng © Courtesy Anila Quayyum Agha

NR : Que représentent les motifs ornementaux pour vous ? Tirez-vous votre inspiration de modèles spécifiques d’ornements traditionnels ?

AQA : Les motifs ornementaux représentent des manières de créer des hiérarchies et des structures métaphoriques dans nos sociétés contemporaines. Souvent, je vois la calligraphie, au regard des pleins et des déliés des mots écrits, comme des reflets créés par la lumière filtrant à travers des feuillages d’arbres. J’aime les jeux de densité et d’ouverture dans la calligraphie et dans les motifs floraux et végétaux. En visitant l’Alhambra, mais aussi des mosquées et des palais au Pakistan, en Inde, aux Émirats arabes unis et au Maroc, j’ai réalisé à quel point ces motifs culturels sont denses – chacun d’entre eux est différent et unique, mais le tout crée un environnement voluptueux, sensuel et infini. Je ne peux m’empêcher de penser aux artisan·e·s oublié·e·s, qui ont passé des heures à créer les stucs, les plâtres, les bois sculptés et les décors de marbre au prix de dur labeur et de créativité. Je m’identifie à ces artisan·e·s anonymes du passé, car je me suis aussi sentie sous-estimée en créant une œuvre considérée comme féminine ou relevant de l’artisanat. J’utilise également une large gamme de couleurs dans mes projets d’installations afin de souligner l’exotisation de « l’autre [au sens] culturel et genré ». D’une certaine manière, les motifs complexes et les couleurs vives que j’utilise font référence à la nature expansive du monde lorsqu’on le regarde depuis l’inversion subversive permise par un point de vue féministe.

NR : Concevez-vous vous-même tous les motifs ornementaux de vos installations ?

AQA : Oui. Je m’approprie des motifs ornementaux d’édifices, de textiles et d’œuvres d’art historiques, que j’infuse avec d’autres éléments et ma propre sensibilité esthétique. Au sein de mon œuvre, on peut trouver des fragments ou des bordures, mais pas la reprise complète de motifs ornementaux d’œuvres d’art, de textile ou d’architecture du passé. Dans mon travail, je combine une approche stratifiée à une approche fragmentée. Le processus de combinaison des éléments, dans une recherche d’équilibre, est important. Je travaille avec mon mari, Steve Prachyl [1961-], qui fabrique de grandes sculptures. Lors de la phase de dessin, il me fait part de ses impressions, informées par son bagage culturel euro-occidental, sur mes projets. Nos conversations suivent les mêmes fluctuations que celles des contradictions entre l’Est et l’Ouest. J’aime le flux, la densité, l’excitation suscitée par l’abondance, tandis qu’il aime l’ouverture et l’espace, ce qui aboutit à une combinaison de nos deux sensibilités, qui représentent conceptuellement l’Est et l’Ouest.

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Anila Quayyum Agha, This is NOT a Refuge! 2, 2019, aluminium découpé au laser et recouvert de résine, ampoule, 236,22 x 147,32 x 182,88 cm, vue d’installation, Let a Million Flowers Bloom, The Columbia Museum of Art, Columbia, 2022 © Courtesy Anila Quayyum Agha

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Anila Quayyum Agha, Refuge 1, 2019, technique mixte sur papier, découpe laser et mylar, 56,51 x 48,26 cm © Courtesy Anila Quayyum Agha

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Anila Quayyum Agha, Stealing Beauty (Steel Garden–After Durer’s A Great Piece of Turf), 2022, acier inoxydable miroir, 144,78 x 383,54 cm vue de l’installation, A Moment to Consider, Sundaram Tagore Gallery, New York, 2022, photo : Sundaram Tagore Gallery © Courtesy Anila Quayyum Agha

NR : De votre point de vue, l’ornement peut-il être politique ?

AQA : Oui, je pense que l’ornement est politique, en particulier au regard de son appropriation culturelle historique, visible dans l’art occidental, même si ce n’est pas quelque chose d’explicite mais plutôt quelque chose d’expansif et d’inclusif dans mon œuvre. Je veux attirer les gens dans mes œuvres en douceur afin de stimuler le dialogue.

NR : Est-ce la raison pour laquelle vos œuvres ont cette qualité immersive ?

AQA : J’essaye de créer un environnement dans lequel chacun et chacune, indépendamment de son ethnie, de sa couleur, de sa foi ou de son genre, se sente bienvenu·e et puisse faire l’expérience d’un espace à la fois mystérieux et intime au contact d’étrangers. Le fait de rendre visible la complexité d’un monde porteur de diversité en redonnant aux gens une capacité d’action et une valeur peut aider à la mise en place de politiques intersectionnelles globales.

NR : Dans This is Not a Refuge (2018, installation), vous abordez le problème de la migration. Est-ce un sujet récurrent dans votre œuvre ?

AQA : Au cours de la dernière décennie, j’ai pris conscience que les droits humains, les droits des femmes et les politiques environnementales sont intimement liés. L’érosion de notre environnement est très avancée, les ressources s’amenuisent, et cela affecte fondamentalement les femmes à travers le monde. Je pense aux femmes sur le terrain, qui traitent des problèmes qui touchent leurs corps, leurs enfants, leurs maisons et leurs revenus. Le personnel est politique, et mes opinions politiques personnelles sont devenues, au fil du temps, l’enveloppe de ma pratique artistique. Je pense que les politiques du genre et le changement climatique sont intimement liés. Ce sont exactement les mêmes personnes et les mêmes régions qui ont été colonisées pendant des siècles et qui se retrouvent aujourd’hui les plus affectées par le changement climatique. En tant qu’artiste, femme de couleur et personne qui s’est volontairement déplacée, je suis très préoccupée par la migration et par le changement climatique. Nous devons nous occuper collectivement des personnes réfugiées et déplacées, des ressources et des frontières, aujourd’hui et pour préparer l’avenir. L’idée de trouver refuge semble être un mirage face aux politiques internationales qui sont menées aujourd’hui.

NR : Pourriez-vous nous en dire plus au sujet de l’idée de « mirage » dans This is Not a Refuge ?

AQA : Cette œuvre est une réponse au fait que les États-Unis ont été un phare dans le passé et qu’ils peuvent l’être de nouveau ; un endroit où l’on pouvait trouver la liberté et parvenir à une mobilité ascendante, deux choses dont j’ai moi-même fait l’expérience ici. Mais le fait de voir récemment des personnes déplacées arriver à nos frontières et être rejetées m’a fait prendre conscience que trouver un refuge peut être un mirage pour beaucoup. Je pense que l’art peut rendre visibles des sujets tels que les politiques migratoires et le déplacement afin d’inciter au dialogue.

NR : Comment voyez-vous la relation entre Orient et Occident aujourd’hui ?

AQA : Pour communiquer à un niveau plus profond, on doit d’abord créer l’équité, l’harmonie, et favoriser l’échange de connaissances entre l’Est et l’Ouest. C’est en partie la raison pour laquelle je crée ces environnements inclusifs ; ils attirent les gens, mais ils montrent aussi que des cultures diverses peuvent s’apporter mutuellement de la valeur. Le monde n’est pas une île, mais les humains sont enclins à produire des catégorisations qui génèrent des politiques clivantes. En tant qu’humaniste et pédagogue, je crée des espaces de guérison où les gens peuvent communiquer et, je l’espère, s’élever et surmonter leurs différences.

Traduit de l'anglais par Delphine Wanes.

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Une version réduite de cet entretien a d’abord été publiée dans Re-Orientations : Europe and Islamic Art, from 1851 to Today, cat. exp., Zurich, Kunsthaus (24 mars – 16 juillet 2023), Zurich, Hirmer/Kunsthaus, 2023, p. 18-19.

Un article réalisé dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM international academic network: Teaching, E-learning, Agency and Mentoring.

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Pour citer cet article :
Nadia Radwan, « Entretien avec Anila Quayyum Agha : l’ornement est politique » in Archives of Women Artists, Research and Exhibitions magazine, [En ligne], mis en ligne le 30 juin 2023, consulté le 30 avril 2024. URL : https://awarewomenartists.com/magazine/entretien-avec-anila-quayyum-agha-lornement-est-politique/.

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