L’objectif de ce colloque est d’explorer les relations à l’œuvre entre Louise Bourgeois et Alina Szapocznikow et, par ce biais, d’interroger les dynamiques de création des artistes femmes dans les lieux de production et d’exposition au cours des années 1960 et 1970 au regard de leurs interactions avec les problématiques sociales du processus mémoriel.
De la venue de Louise Bourgeois à Paris à l’occasion de l’accrochage de la Fée couturière dans les jardins du Musée Rodin pour le Salon de la Jeune Sculpture en 1965 au décès d’Alina Szapocznikow en 1973, les deux artistes ont entretenu des relations faites d’admiration et de compétition. Toutes deux revendiquent leur active indépendance construite au travers d’expérimentations créatives, de déplacements sur les lieux de production et d’exposition, d’entretien de réseaux de critiques et de galeristes. Considérant qu’elles puisent dans leurs vies une inspiration consciente ou inconsciente, le prisme biographique permet-il d’éclairer les tensions au sein de leurs œuvres ? Comment leur rencontre s’inscrit-elle dans l’histoire de l’affirmation des femmes dans le domaine de l’art contemporain d’après-guerre ? Permet-elle par ailleurs de renouveler le regard porté sur leurs œuvres ainsi que sur les possibles généalogies et circulations entre artistes femmes?
Au travers de cette relation le colloque propose d’interroger l’activité et le statut des artistes femmes dans la société au regard de ce qui structure les mondes de l’art : institutions, réseaux de diffusion, circuits de production, marché mais également dialogues entre artistes. Si les « cordées » faites d’émulation et de remises en cause de Pablo Picasso avec Georges Braque, Henri Matisse, Auguste Rodin ou Alberto Giacometti ont été largement étudiées et exposées, celles des artistes femmes restent largement inexplorées. La confrontation de Louise Bourgeois et d’Alina Szapocznikow pourrait-elle être un paradigme d’une nouvelle approche dynamique des œuvres des artistes femmes ?
L’analyse de leurs échanges au cours de cette période permet d’étudier plus en détail ce moment décisif de leurs carrières et de la sculpture d’après-guerre où, s’autorisant un regard vers un grand nombre de pratiques (surréalistes, biomorphiques, antiquisantes, abstraites, pop), les deux artistes femmes s’affranchissent des mouvements et développent des pratiques personnelles, parfois décalées, ironiques, humoristiques, toujours volontairement subjectives et critiques.
Le colloque aura lieu en français et en anglais en collaboration avec The Estate of Alina Szapoznikow / Piotr Stanislawski / Galerie Loevenbruck, Paris / Hauser & Wirth and The Easton Foundation
Vendredi 7 et samedi 8 octobre 2022, de 9h30 à 17h30
Institut National d’Histoire de l’Art
2 rue Vivienne, 75002 Paris
Auditorium Jacqueline Lichtenstein
Camille Morineau, heritage curator, founder of AWARE
Lara Conte (professeure, Università Roma Tre) –
Géographies de la sculpture dans les années soixante : présences, rencontres et échanges entre les sculptrices dans les ateliers du marbre de l’Henraux à Seravezza.
Hélène Gheysens (doctorante, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) – Psycho- politique de l’entre-deux : Alina Szapocznikow et Louise Bourgeois en Italie.
Anda Rottenberg (historienne de l’art, critique et commissaire d’exposition) – Adolescent Perspective.
Jo Applin (professeure, Courtauld Institute of Art) – Ageing Badly.
Guitemie Maldonado (professeure, Ecole des Beaux-arts de Paris, Ecole du Louvre)
Emilie Bouvard (conservatrice du patrimoine, Institut Giacometti ) – Louise Bourgeois, Alina Szapoznikow, les veines du marbre. Sources de l’imaginaire biomorphique chez Louise Bourgeois et Alina Szapokznikow.
Lea Vuong (professeure, Sydney University) – Sororal poetics: Metamorphoses in the works of Alina Szapocznikow and Louise Bourgeois.
Marie-Laure Bernadac (conservatrice honoraire et commissaire d’exposition) – Entretiens avec quatre artistes contemporaines dont Anne Rochette, Rachel Labastie, Jagna Ciuchta.
Valentin Gleyze (doctorant, Université Rennes 2) – Des « objets maladroits » de part et d’autre de l’Atlantique : Alina Szapocznikow, Louise Bourgeois, le « baroque » et l’héritage de l’objet surréaliste à la fin des années soixante.
Charlotte Matter(assistante scientifique, Université de Zurich) – Viscous, Erogenous, Awkward: Materiality and the Body in the Work of Alina Szapocznikow and Louise Bourgeois.
Daniel Belasco (directeur executif, Al Held Foundation) – Useless Mouths: The Fragmented Body Between Eroticism and Feminism.
Sarah Wilson (professeure, Courtauld Institute of Art) – Part Objects or The Story of the Psyche? How Should We Reconcile Approaches Towards Louise Bourgeois and Alina Szapocznikow?
Patricia Brignone (professeure, École nationale supérieure d’art de Dijon) – Rendre le réel habitable : Processus corporels créateurs chez Louise Bourgeois et Alina Szapocznikow.
Ewa Ziembińska et Alicja Gzowska (conservatrice en chef et conservatrice, Musée national de Varsovie) – Cet autre. Pourquoi l’histoire de l’art et la critique affectionnent tant les Jumeaux ?
Carolina Sprovieri (assistante de recherche, Ecole du Louvre, Columbia University) – Regard et perception : une évolution du concept d’érotisme chez Carol Rama et Louise Bourgeois.
Introduction : Matylda Taszycka (responsable des programmes scientifiques, AWARE)
Ariane Coulondre (conservatrice du patrimoine, Musée national d’art moderne – Centre Pompidou) – Germaine Richier, sculptrice de l’entre-deux.
Anne Horvath (chargée de recherche et d’exposition, Centre Pompidou Metz) – Eva Aeppli et Niki de Saint Phalle, la réflexion de mon âme.
Juliette Bessette (chercheuse postdoctorante, Centre André Chastel / Aix-Marseille Université) – Carla Accardi & Marta Lonzi. Transparences.
Hélène Gheysens – Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne, ED441, Laboratoire d’Histoire culturelle et sociale de l’art (HiCSA)
Valentin Gleyze – Université Rennes 2 – UR HCA : Histoire et critique des arts
Pascal Rousseau, Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne, ED 441, Laboratoire d’Histoire culturelle et sociale de l’art (HiCSA), Ecole des Beaux-arts de Paris
Jean-Pierre Criqui, Musée national d’art moderne, Centre Georges Pompidou
Camille Morineau, AWARE – Archives of Women Artists, Research and Exhibitions.