Lutz Becker (dir.), The Estate of Maliheh Afnan, Londres, Rose Issa Projects publications, 2021
→Shabibi Lawrie (dir.), Maliheh Afnan (1935-2016), Tracing Memories, Dubaï, Art Dubai Modern, 2016
→Bruckstein Çoruh, A. S. (dir.), Maliheh Afnan, “Tonight The Door Towards Words Will be Opened”, Berlin, Galerie Kornfeld, 2014
Personnages, MAN-Museo d’arte Provincia di Nuoro, Nuoro, 15 mars – 9 juin 2019
→Maliheh Afnan: Speak Memory, Rose Issa Projects, Londres, 7 mars – 18 avril 2013
→Maliheh Afnan, galerie Cyrus, Paris, 1974
Peintre palestinienne.
Le parcours artistique de Maliheh Afnan est fortement empreint de l’histoire de la région où elle a grandi. Sa famille a dû fuir l’Iran en raison de sa foi bahá’íe et s’installer à Haïfa. Suite à la Nakba, ses parents quittent la Palestine pour trouver refuge au Liban en 1949. D’abord diplômée, en 1955, en sociologie et en psychologie de l’université américaine de Beyrouth, elle se rend avec son mari aux États-Unis pour étudier à la Corcoran School of the Arts and Design à Washington DC, où elle obtient une maîtrise en arts plastiques en 1962. Elle subit des déplacements successifs, déménageant au Koweït de 1963 à 1966, puis à Beyrouth jusqu’en 1974, ensuite à Paris pendant vingt-trois ans pour finalement s’installer à Londres à partir de 1997.
Dès l’enfance elle manifeste un fort intérêt pour les lettres et les chiffres et invente une écriture imaginaire à partir notamment de textes en hébreu, farsi, arabe et anglais qu’elle collectionne (courriers, factures, publicités). Dans ses premiers dessins, elle incorpore des mots, des fragments de lettres et poursuivra cette pratique d’inclusion graphique qui donnent à certains de ses travaux sur papier une ressemblance avec des rouleaux anciens ou des tablettes.
L’artiste américain Mark Tobey (1890-1976), dont elle découvre le travail à la Philips Collection, à Washington DC, va déterminer l’orientation profonde de son œuvre. Premier artiste à avoir utilisé les écritures abstraites dans l’art moderne, il devient pour un temps son mentor et la fait bénéficier en 1971 d’une exposition à la galerie Claire Brambach, à Bâle.
La plupart du temps à échelle réduite, en couleurs monochromes aux teintes sourdes, terreuses et parfois rouillées ou calcinées, ses œuvres semblent revêtues d’une patine en surface, obtenue grâce à l’application de couches successives de pigments et à l’accumulation de lignes et de textures. Sa biographe Fadia Antar distingue dans son œuvre cinq périodes successives, au long desquelles M. Afnan poursuit la même recherche sur le déplacement : Écritures ou Traces (années 1980-1990) Paysages ou Lieux (années 1980-1990), Personnages ou Visages (années 1990), Reliefs et Objets (années 1990-2000) et Voilées (2000-2009).
Elle crée un langage unique en s’appuyant sur son héritage culturel et sur les strates d’autres civilisations (miniatures persanes, manuscrits anciens). La mémoire, l’archéologie et les écrits sont les sources principales d’inspiration de ses peintures, qui portent également les traces des souffrances liées à l’exil, aux conflits, aux destructions, aux violences du Moyen-Orient. Ainsi Wartorn (1978), réalisé sur carton brulé, renvoie aux bombardements pendant la guerre du Liban. Enracinée dans les souvenirs, elle se réfère à des lieux, des écritures et des visages de son passé. Elle écrit les langues maternelles qu’elle a parlées, elle dessine les paysages, les géographies, les maisons où elle a habité.
Certaines œuvres au caractère quasi abstrait font penser à des visages qui émergeraient ou à des reliques qui auraient été retrouvées, notamment celles de la période Voilées (2000-2009), à encre et gaze sur papier népalais, réalisée dans les dernières années, qui s’attarde sur les voiles intérieurs (rassemblant émotions, sentiments, menaces voilés). L’artiste dit à propos de sa pratique qu’elle « écrit sa peinture ».
Une notice réalisée en collaboration avec le Musée d’Art Moderne de Paris et Zamân Books & Curating dans le dans le cadre du programme Role Models
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