Hussain, Marjorie, The Sun Blazes the Colours through my Window. Anna Molka Ahmed, Lahore, National College of Arts: Ferozsons, 2007
→Zeno (Mir Safdar), “Anna Molka: A thoughtful Painter”, Dawn News, Karachi, 3 juin 1987
→Habib, Mariam, Painter-Teacher Anna Molka, Lahore, Lahore Museum, 1984
Paintings of Anna Molka, Liaqat Memorial Hall, Rawalpindi, mai 1984
→Exhibition of Oil Paintings, Pastel Drawings and Sculpture Heads of Anna Molka, Lahore Museum, Lahore, 24 janvier – 5 février 1984
→Painting Exhibition, University of Punjab, Lahore, 12 – 22 février 1956
Peintre, sculptrice, enseignante d’art et médiatrice artistique britannico-pakistanaise.
Anna Molka Ahmed (née Molly Bridger) naît à Londres, de parents juif·ves immigré·es de Pologne et d’Azerbaïdjan. Elle commence sa formation artistique au Saint Martin’s College de Londres (1934-1936), puis étudie la peinture, la sculpture et le design à la Royal Academy of Arts, toujours à Londres (1936-1938). Elle est connue pour ses paysages et ses vues urbaines de grands formats, pour ses compositions figuratives religieuses originales et pour ses portraits authentiques, peints dans des couleurs vibrantes combinant les styles postimpressionnistes et expressionnistes.
À l’âge de 18 ans, A. M. Ahmed se convertit à l’islam et épouse l’artiste indien Sheikh Ahmed (1901-1986). En 1939, elle émigre avec son mari à Amritsar, en Inde britannique. L’année suivante, elle emménage à Lahore, où elle devient la première femme présidente du département des beaux-arts de l’University of Punjab – une institution fondée spécifiquement pour les femmes.
Après la partition de 1947, lorsque rouvre l’University of Punjab, seules six des 200 étudiantes initiales s’y réinscrivent. A. M. Ahmed entreprend de revivifier son département en y faisant venir des étudiantes de collèges et lycées pour jeunes filles de la région. Sa persévérance porte ses fruits et suscite l’intérêt d’étudiants masculins, qui rejoignent à partir de 1955 le département des beaux-arts. Sous la supervision de A. M. Ahmed, le département s’accroît et devient un centre où sont cultivés le goût et l’intérêt du public pour les beaux-arts. Artistes traditionnels et modernes sont réunis par ses soins lors d’expositions annuelles. Elle publie également des catalogues d’exposition, des articles et des monographies, et consacre des conférences radiophoniques à la créativité et à l’intention des artistes, afin de développer l’intérêt de son auditoire pour les méthodes d’apprentissage de l’art moderne. Elle remet des prix et des médailles aux participant·es à l’exposition annuelle de l’University of Punjab afin d’encourager leurs démarches.
Dans sa pratique picturale, elle fait usage de l’empâtement, technique européenne, tout en se concentrant sur les personnes vivant dans le Punjab et sur leur culture. A. M. Ahmed saisit avec talent la richesse des foules bigarrées de Lahore lorsqu’elle représente la diversité presque fantastique des occupations quotidiennes de la population. Sa palette vibrante est en adéquation avec ses sujets. Elle peint aussi nombre de tableaux aux thèmes religieux, dans lesquels elle saisit l’intensité des émotions des pèlerin·es dévot·es, dont The Taazia, commémorant le dixième jour de mouharram (premier mois du calendrier musulman) à Lahore. En s’orientant avec son bagage européen vers de nouveaux sujets, elle tire de la littérature européenne des thèmes féconds et les combine aux émotions profondes propres à son pays d’adoption, dans une société bourgeonnante, nouvellement indépendante, ainsi qu’aux pratiques politiques, sociales et religieuses en mutation de sa population. On le constate dans Worry (1970), Portrait of Colin David (1961) et Sans titre (Partition) (1970). Ce dernier tableau, traduction visuelle de la partition historique de 1947, est l’une des rares représentations de la migration meurtrière engendrée par la frontière érigée entre l’Inde et le Pakistan.
A. M. Ahmed enseigne à l’University of Punjab pendant cinq décennies. Elle est, indéniablement, l’une des premières peintres au Pakistan à inaugurer la vie dans les villages du Punjab comme sujet artistique. En reconnaissance de sa contribution au champ des beaux-arts, le gouvernement du Pakistan la récompense de prestigieux honneurs civils : Taghma-e-Imtaiz (1963), Pride of Performance (1969) et Quaid-i-Azam Award (1982).