Sutton, Elizabeth, Angel De Cora, Karen Thronson, and the Art of Place : How Two Midwestern Women Used Art to Negotiate Migration and Dispossession, Iowa City, University of Iowa Press, 2020
→Waggoner, Linda, Fire Light : The Life of Angel De Cora, Norman, University of Oklahoma Press, 2008
→Ruggles Gere, Anne, « An Art of Survivance : Angel DeCora at Carlisle », American Indian Quarterly, vol. 28, no 3/4, 2004, p. 649-684
→Hutchinson, Elizabeth, « Modern Native American Art : Angel DeCora’s Transcultural Aesthetics », The Art Bulletin, vol. 83, no 4, décembre 2001, p. 740-756.
Angel De Cora, Illustrator and Graphic Designer (1871-1919), Forbes Library, Northampton (États-Unis), octobre 2021
→Hearts of Our People : Native Women Artists, Minneapolis Institute of Art, Minneapolis (États-Unis), juin-août 2019
→Bureau of Indian Affairs (BIA) Exhibit at the Trans-Mississippi and International Exposition, Omaha (États-Unis), juin-novembre 1898
Peintre, designer et illustratrice autochtone états-unienne.
Membre de la tribu Ho-Chunk (Winnebago), Hinųk Mąxiwi Kerenąka (littéralement « femme retournant au ciel »), aussi connue sous le nom d’Angel De Cora, est la petite-fille du chef Little Decora et membre du clan du Tonnerre (Thunder). A. De Cora naît et passe les premières années de sa vie dans la réserve winnebago du Nebraska.
Enfant autochtone subissant la politique coloniale d’assimilation états-unienne, A. De Cora, comme six autres enfants de la réserve winnebago, est enlevée à sa famille en 1883 et envoyée au pensionnat du Hampton Normal and Agricultural Institute, à Hampton, en Virginie. Elle est finalement autorisée à rendre visite à ses proches au bout de cinq ans. La jeune femme sort diplômée de Hampton en 1891 et poursuit son éducation à l’occidentale à la Burnham Classical School for Girls, au Smith College, au Drexel Institute of Art, Science and Industry et à la Cowles Art School, avant d’étudier au Museum of Fine Arts de Boston. Au cours de sa formation, elle étudie avec de nombreux professeurs qui influencent son goût pour la peinture et l’illustration. À cette époque, ces derniers sont fascinés par le « primitif » et son travail ainsi que son identité ravissent un important public non autochtone. Percevant cette fascination, A. De Cora saisit bien la manière dont les artistes blanc·he·s se figurent les natif·ve·s américain·e·s et la manière dont les représentations de l’Ouest américain incluent des symboles génériques de l’identité autochtone. Au lieu de tout cela, elle-même représente dans son œuvre des éléments formels relevant de tribus spécifiques, car elle comprend que le public autochtone pourra ainsi reconnaître son application à rendre ses représentations aussi exactes que possible.
A. De Cora enseigne à la Carlisle Indian Industrial School de 1906 à 1915. Elle y encourage ses élèves à se renseigner sur les motifs traditionnels de la culture tribale dont ils et elles sont héritiers et à les incorporer à leurs œuvres d’art. Cet effort de préservation et de recréation du répertoire formel des Premières Nations est un acte décolonial durant cette période dévastatrice de l’histoire des peuples autochtones d’Amérique. Elle réfléchit à cette distinction entre l’art « américain » et l’art « natif américain » dans Red Man, un journal de Carlisle, en 1911 : « Il ne fait aucun doute que le jeune Amérindien a un talent pour l’art pictural, et la conception artistique de l’Amérindien mérite d’être reconnue, et les Amérindiens formés à Carlisle la développent en vue d’en faire sa contribution à l’art américain. » En encourageant les jeunes créateurs et créatrices autochtones à poursuivre leur pratique des formes artistiques héritées de leurs cultures, elle plaide pour inclure l’art autochtone à la définition institutionnelle de l’art « américain ».
Après son départ de Carlisle, A. De Cora réalise des illustrations pour divers projets, dont ceux de la Society of American Indians – la première organisation dirigée par des autochtones pour défendre leurs droits aux États-Unis –, où elle occupe des responsabilités et dont elle illustre la revue trimestrielle. Elle meurt en 1919 d’une pneumonie provoquée par la pandémie de grippe dite espagnole.
Étant l’une des artistes autochtones les plus largement connu·e·s de son temps, A. De Cora a utilisé sa position pour plaider en faveur de ces derniers et dernières, de la valeur de leurs productions et de leur contribution à l’art américain. Elle portait fréquemment des costumes traditionnels des Plaines lors de ses discours et de ses apparitions publiques, ce qui lui permettait de signaler son authenticité en tant que femme native américaine moderne et de déstabiliser les milieux artistiques et universitaires états-uniens, qui considéraient les autochtones comme relevant du passé. Alors qu’elle devait faire face au traumatisme lié à sa position d’étudiante puis d’enseignante au sein des pensionnats d’Amérique du Nord, dont l’histoire est terrible, elle a utilisé son éducation et sa position pour encourager les jeunes étudiant·e·s autochtones à continuer à développer les parts de leur identité qui ne pouvaient être balayées par ces pensionnats.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « The Origin of Others. Réécrire l’histoire de l’art des Amériques, du XIXe siècle à nos jours » en partenariat avec le Clark Art Institute.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2023