Julie Bessard. La peinture en éclats, cat. exp., Le François, Fondation Clément, 2019
→Entretien avec Louise Jean-Marie, « Julie Bessard, “Du fantastique, de l’onirique et de l’utopie” », dans Dominique Berthet (dir.), 40 entretiens d’artistes. Martinique, Guadeloupe, Paris, L’Harmattan, 2016
→Patrick Chamoiseau, « Incommencements. Méditations auprès de Julie Bessard », dans Christiane Falgayrettes-Leveau (dir.), Animal, Paris, Éditions Dapper, 2007
L’Inaugurale, Habitation La Salle, Sainte-Marie (Martinique), décembre 2023-février 2024
→La Peinture en éclats, Fondation Clément, Le François (Martinique), août-septembre 2019
→Ombres portées, musée Dapper, Paris, mars 2008
Peintre et sculptrice martiniquaise.
En 1971, Julie Bessard ouvre pour la première fois les yeux aux couleurs du monde. Elle vit ses premières années à Châtellerault, dans la Vienne, au cœur d’une famille de collectionneurs. Sa mère écrit une thèse sur Aimé Césaire tandis que son grand-père maternel est un bibliophile accompli. La future artiste s’installe en Martinique en 1976 avec sa famille pour un retour à la terre natale de son père. Sensible aux arts plastiques, J. Bessard rencontre le médium du pastel à tout juste dix-huit ans. Dès lors, elle expérimente : en véritable femme de l’eau, elle peint ses premières œuvres abstraites sur un support de Plexiglas lors de plongées en mer. Elle se forme à l’École régionale d’arts plastiques de Martinique, à Fort-de-France, et fait partie de l’une de ses premières promotions, dont elle sort diplômée en 1995, marquant alors l’aurore de son travail pictural.
Agrégée en 2008, J. Bessard devient inspectrice académique et pédagogique régionale pour les arts plastiques au sein des académies de Martinique, de Guadeloupe et de Guyane en 2014. Dans cette même période, elle développe des projets d’installation marquants tels qu’Ombres portées, présenté au Centre martiniquais d’animation culturelle – scène nationale en 2006 et au musée Dapper, à Paris, en 2008, ou L’Envol (2007), déployé parmi les foudres de la distillerie Clément, créant des jeux de mouvement et approfondissant la densité symbolique du patrimoine architectural du lieu. Parallèlement, l’artiste enseigne la couleur et coordonne la recherche au département des arts visuels du Campus caribéen des arts de Fort-de-France.
La rencontre tisse le parcours personnel de J. Bessard : tout d’abord celle de l’Autre, par le biais de son association, Sans Titre, active de 1995 à 2005, réunissant des plasticien·ne·s martiniquais·es comme Jacqueline Fabien (née en 1954) et Thierry Major (né en 1965) ; puis celle de l’Ailleurs. Tibet, Inde, Bhoutan, Laos, ascension au cœur de l’Himalaya : autant de lieux sillonnés par l’artiste, renforçant la puissance de son vocabulaire esthétique et son lien profond aux paysages naturels spectaculaires. C’est ainsi que son premier périple à Pondichéry en 1997 cristallise son choc face à la couleur, du déversement éclatant des saris à la violence magique des pigments. Dans ses compositions alchimiques et symphoniques, la fulgurance colorée du pastel perce un fond noir profond, qui fut auparavant rouge. S’il est possible d’y lire l’évidente influence du paysage chromatique martiniquais, J. Bessard revendique un processus intuitif logé dans la tension du geste et l’infinité des possibles. Cette expression imprégnée de vitalité est profondément influencée par la poésie, le cinéma et sa passion pour le surf, qu’elle pratique depuis la fin des années 1980.
En 2019, la Fondation Clément inaugure une exposition monographique de l’artiste, La Peinture en éclats, dévoilant une série importante de ses travaux récents. Elle y expose de nouveau en 2021 au sein de l’exposition collective De Feu et de Pluie avec l’œuvre monumentale Sismographie méga-poétique. En 2024, J. Bessard développe une pratique de mentorat pour les artistes femmes, et poursuit sa création prolifique entre l’Italie, la Corse et son atelier dans la commune de Schoelcher, en Martinique.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « The Origin of Others. Réécrire l’histoire de l’art des Amériques, du XIXe siècle à nos jours » en partenariat avec le Clark Art Institute.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2024