Linker Kate, Love for Sale: The Words and Pictures of Barbara Kruger, New York, Harry N. Abrams, Inc., 1990
→Goldstein Ann, Barbara Kruger: Thinking of You, Museum of Contemporary Art, Los Angeles ; Whitney Museum of American Art, New York (1999-2000), Londres / Los Angeles, The MIT Press / The Museum of Contemporary Art, 1999
Barbara Kruger: Thinking of You, Museum of Contemporary Art, Los Angeles ; Whitney Museum of American Art, New York, 1999-2000
→Barbara Kruger: Desire Exists Where Pleasure is Absent, Kestnergesellschaft, Hanovre, 2006
→Barbara Kruger, Moderna museet, Stockholm, 8 mai – 11 septembre 2011
Plasticienne états-unienne.
Issue d’une famille de la classe moyenne du New Jersey, Barbara Kruger reçoit à partir de 1965 une formation à la Parsons School of Design à New York, où elle est influencée par les photographies de Diane Arbus et par Marvin Israel, graphiste de la revue Harper’s Bazaar. Elle travaille dans une agence de publicité, puis, pendant six années, pour le magazine de mode new-yorkais Mademoiselle, dirigé par Condé Nast (qui publie aussi Vogue). Elle y apprend les protocoles de construction des images destinées à la communication de masse et, notamment, à opérer les cadrages permettant le meilleur impact visuel – technique de saisie des regards, qu’elle réutilise ensuite dans ses premières pièces comme artiste en 1969. Sur de larges bannières, elle agrandit des images publicitaires issues de magazines et leur adjoint un slogan explicitement dirigé vers le public, qui questionne l’autorité, blanche et masculine, et les stéréotypes véhiculés par les médias. Ses photomontages, limités à trois couleurs (rouge, noir et blanc), évoquent l’agit-prop révolutionnaire ou les collages de John Heartfield, de Raoul Hausmann et de Hannah Höch. En 1979 a lieu sa première exposition marquante au centre d’art contemporain P.S. 1 (New York). Ses collages soulignent certains rapports sémantiques internes à l’image, grâce à des messages politiques au visuel caractéristique. L’agressivité des couleurs et des mises en pages renforce la brutalité des codes visuels, qui évoquent les stratégies de surveillance de nos sociétés.
Depuis les années 1980, les séries de l’artiste, qui combinent plus étroitement mots et images, abordent les thèmes de la violence, du pouvoir ou de la sexualité, véhiculés par les médias. Détournant le discours conservateur des années Reagan – celles de la réalisation de ces œuvres –, des montages utilisent des photographies des années 1940 et 1950 pour aborder la question douloureuse du sida et réaffirmer les droits à la contraception et à l’avortement. Son slogan « Your body is a battleground » (« Votre corps est un champ de bataille ») prend le contre-pied des campagnes anti-avortement qui ont lieu aux États-Unis. Réalisées sous l’influence des théoriciens français contemporains, dont l’artiste découvre les écrits par l’intermédiaire de la revue de cinéma Screen, d’autres œuvres traitent de la civilisation de la consommation et de ses signes. Elles empruntent leurs moyens de diffusion à la publicité : espaces publics et institutionnels, panneaux lumineux, installations murales, objets, livres, sacs de courses. En 1987, sa formule « I shop therefore I am » (« Je fais les magasins donc je suis ») ironise sur l’idéologie dominante. En 1996, elle utilise les espaces publicitaires des bus new-yorkais pour interpeller les passants avec un énorme œil animé et l’injonction « Don’t be a jerk » (« Ne sois pas un abruti »). Quelques années plus tard, elle inclut le son et réalise des films qui jouent sur les distorsions entre images et sens. En 2004, l’installation Twelve (« Douze ») retransmet sur plusieurs écrans les captations visuelles de conversations entre des personnes qui évoquent leurs relations (rapports familiaux, relations de couple ou autres), soulignant précisément les « chorégraphies » de ces échanges.