Barbara Kruger

1945 | Newark, États-Unis
Informations
Barbara Kruger — AWARE Women artists / Femmes artistes

© Timothy Greenfield-Sanders

Plasticienne états-unienne.

Issue d’une famille de la classe moyenne du New Jersey, Barbara Kruger reçoit à partir de 1965 une formation à la Parsons School of Design à New York, où elle est influencée par les photographies de Diane Arbus et par Marvin Israel, graphiste de la revue Harper’s Bazaar. Elle travaille dans une agence de publicité, puis, pendant six années, pour le magazine de mode new-yorkais Mademoiselle, dirigé par Condé Nast (qui publie aussi Vogue). Elle y apprend les protocoles de construction des images destinées à la communication de masse et, notamment, à opérer les cadrages permettant le meilleur impact visuel – technique de saisie des regards, qu’elle réutilise ensuite dans ses premières pièces comme artiste en 1969. Sur de larges bannières, elle agrandit des images publicitaires issues de magazines et leur adjoint un slogan explicitement dirigé vers le public, qui questionne l’autorité, blanche et masculine, et les stéréotypes véhiculés par les médias. Ses photomontages, limités à trois couleurs (rouge, noir et blanc), évoquent l’agit-prop révolutionnaire ou les collages de John Heartfield, de Raoul Hausmann et de Hannah Höch. En 1979 a lieu sa première exposition marquante au centre d’art contemporain P.S. 1 (New York). Ses collages soulignent certains rapports sémantiques internes à l’image, grâce à des messages politiques au visuel caractéristique. L’agressivité des couleurs et des mises en pages renforce la brutalité des codes visuels, qui évoquent les stratégies de surveillance de nos sociétés.

Depuis les années 1980, les séries de l’artiste, qui combinent plus étroitement mots et images, abordent les thèmes de la violence, du pouvoir ou de la sexualité, véhiculés par les médias. Détournant le discours conservateur des années Reagan – celles de la réalisation de ces œuvres –, des montages utilisent des photographies des années 1940 et 1950 pour aborder la question douloureuse du sida et réaffirmer les droits à la contraception et à l’avortement. Son slogan « Your body is a battleground » (« Votre corps est un champ de bataille ») prend le contre-pied des campagnes anti-avortement qui ont lieu aux États-Unis. Réalisées sous l’influence des théoriciens français contemporains, dont l’artiste découvre les écrits par l’intermédiaire de la revue de cinéma Screen, d’autres œuvres traitent de la civilisation de la consommation et de ses signes. Elles empruntent leurs moyens de diffusion à la publicité : espaces publics et institutionnels, panneaux lumineux, installations murales, objets, livres, sacs de courses. En 1987, sa formule « I shop therefore I am » (« Je fais les magasins donc je suis ») ironise sur l’idéologie dominante. En 1996, elle utilise les espaces publicitaires des bus new-yorkais pour interpeller les passants avec un énorme œil animé et l’injonction « Don’t be a jerk » (« Ne sois pas un abruti »). Quelques années plus tard, elle inclut le son et réalise des films qui jouent sur les distorsions entre images et sens. En 2004, l’installation Twelve (« Douze ») retransmet sur plusieurs écrans les captations visuelles de conversations entre des personnes qui évoquent leurs relations (rapports familiaux, relations de couple ou autres), soulignant précisément les « chorégraphies » de ces échanges.

Fabienne Dumont

Extrait du Dictionnaire universel des créatrices
© 2013 Des femmes – Antoinette Fouque
Barbara Kruger — AWARE Women artists / Femmes artistes

Barbara Kruger, Untitled (We have received orders not to move), 1982, photographie, 177,17 x 120,65 cm, Susan Bay-Nimoy and Leonard Nimoy, Courtesy Mary Boone Gallery, New York © Barbara Kruger

Barbara Kruger — AWARE Women artists / Femmes artistes

Barbara Kruger, Untitled (Know nothing, Believe anything, Forget everything), 1987/2014, impression numérique sur vinyle, 274,32 x 342,05 cm, National Gallery of Art, Washington, © Barbara Kruger

Barbara Kruger — AWARE Women artists / Femmes artistes

Barbara Kruger, Untitled (We don’t need another hero), 1987, sérigraphie sur vinyle, total : 276,54 x 531,34 x 6,35 cm, Whitney Museum of American Art, New York, don de la collection Emily Fisher Landau, © Barbara Kruger

Barbara Kruger — AWARE Women artists / Femmes artistes

Barbara Kruger, Untitled (We don’t need another hero), 1987, photographie et typographie sur papier, total : 14,61 x 28,89 cm, encadré : 34,61 x 48,58 x 4,45 cm, Glenstone Museum, Potomac, Maryland, © Barbara Kruger

Barbara Kruger — AWARE Women artists / Femmes artistes

Barbara Kruger, Variety: 19th Annual Special Report: Independents in Entertainment, August 17, 1993, magazine, total : 36,83 x 27,62 cm, Mary Boone Gallery, New York, © Barbara Kruger

Barbara Kruger — AWARE Women artists / Femmes artistes

Barbara Kruger, Untitled (The future belongs to those who can see it), 1997, journal, plein format, total : 55,88 x 33,34 cm, Mary Boone Gallery, New York, © Barbara Kruger

Barbara Kruger — AWARE Women artists / Femmes artistes

Barbara Kruger, Untitled (The future belongs to those who can see it), 1997, sérigraphie sur vinyle, 215,9 x 152,4 cm, issu de la collection Chris and Dori Carter, © Barbara Kruger

Barbara Kruger — AWARE Women artists / Femmes artistes

Barbara Kruger, Dazed & Confused: The Freedom Issue: Know Your Rights, July 2006, magazine, 30,16 x 20,64 x 0,79 cm, Mary Boone Gallery, New York, © Barbara Kruger

Barbara Kruger — AWARE Women artists / Femmes artistes

Barbara Kruger, Untitled (Half Life), 2015, vinyle, Courtesy Barbara Kruger, © Barbara Kruger

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