Herkenhoff Paulo, Beatriz Milhazes, Rio de Janeiro, Francisco Alves, 2006
→Paul Frédéric, Beatriz Milhazes : Meu Bem, Sao Paulo, Base7 Projetos Culturais, 2013
→Holzwarth Han Werner (dir.), Beatriz Milhazes, Köln, Taschen, 2017
Beatriz Milhazes, fondation Cartier, Paris, 4 avril – 21 juin 2009
→Beatriz Milhazes, Panamericano : pinturas 1999-2012, Malba – Fundación Costantini, Buenos Aires, 14 septembre – 19 novembre 2012
Peintre brésilienne.
À Rio, ville qui nourrit de manière essentielle et multiple son œuvre, Beatriz Milhazes étudie durant deux ans à l’école d’arts visuels du Parque Lage. Selon elle, par rapport à l’idée d’« anthropophagie » si chère au mouvement moderniste brésilien des années 1920, son travail est le résultat d’un processus de « digestion » d’une constellation d’éléments tels que l’arabesque matissienne, la structure de Piet Mondrian, l’architecture baroque brésilienne et le riche folklore musical et visuel de son pays. Si sa peinture est au premier regard essentiellement décorative en raison de son exubérance graphique et chromatique, l’artiste qui affirme s’intéresser avant tout à l’ordre et à la structure revendique le caractère géométrique de ses compositions qui regorgent néanmoins de motifs floraux et d’arabesques hypnotiques. Peintre, elle reste cependant étrangère au geste ancestral de se placer face à la toile, pinceau à la main : chaque motif, chaque couleur visible sur ses larges toiles y est reporté par transfert de ce qui a été préalablement peint sur des feuilles de papier-calque. La trace de la main est annulée ; la touche est inexistante. Si ce n’était pour les exceptionnels et petits accidents de transfert qui témoignent d’une démarche purement manuelle, on pourrait penser à un travail de graphisme sur ordinateur. Malgré les nombreuses superpositions, la matière picturale ne présente aucune épaisseur.
La claustrophobie labyrinthique qu’on éprouve – après une première impression de gaieté – provient d’un entassement d’idées, ou plus exactement de couleurs et de formes dématérialisées. La peintre, dont les œuvres pourraient se confondre avec des imprimés produits à la chaîne pour le simple agrément visuel, est en réalité une artiste sévère qui impose, non sans courage, ses choix anachroniques et risqués. Elle choisit de faire une peinture excessive, demandant une démarche très physique, dans un contexte contemporain où le conceptuel, le langage minimaliste et le recours aux nouveaux médias dominent. Elle affiche également son goût du « joli » – plus que du « beau ». En 2002, le Museum of Modern Art (MoMA) de New York a publié Coisa linda (« Jolie chose »), livre où elle intercale des planches de ses images dans des paroles de chansons populaires brésiliennes. Ses œuvres figurent dans plusieurs collections américaines, dont celles du musée Guggenheim à New York. Elle a aussi bénéficié d’expositions personnelles, notamment à la fondation Cartier en 2009.