Kazės Zimblytės abstrakcijos: tarp nuotaikų ir pasaulio [L’Abstraction de Kazė Zimblytė : entre humeurs et monde], Lietuvos nacionalinis dailės muziejus (Pamario galerija) [Musée national d’art lituanien (Galerie Pamario)], Juodkrantė, 07 juin–29 septembre 2024
→Kazimiera Zimblytė (1933-1999). 7 dešimtmetis [Kazimiera Zimblytė (1933-1999). Années 1960], Nacionalinė dailės galerija [Galerie nationale des Beaux-Arts], Vilnius, 26 novembre 2014 – 29 mars 2015
→Kazimieros Zimblytės personalinė paroda [Exposition personnelle de Kazimiera Zimblytė], maison d’édition Vaga, Vilnius, 1968
Artiste multidisciplinaire lituanienne.
Kazimiera Zimblytė est l’une des premières artistes abstraites lituaniennes. Elle grandit au manoir de Lokinė (district d’Ukmergė) où travaille sa famille. Les propriétaires des lieux sont des aristocrates engagés dans l’éducation de leurs employés : la jeune K. Zimblytė y lit des livres et apprend le polonais ainsi que le français. Les années 1950 en Lituanie sous occupation soviétique sont dominées par des valeurs patriarcales : l’illustration, la céramique et l’art textile sont des disciplines considérées comme « féminines », alors que la peinture et la sculpture restent un privilège masculin. La candidature de K. Zimblytė l’Institut national de l’art de la République socialiste soviétique de Lituanie (actuellement l’académie des arts de Vilnius) pour étudier la peinture est, comme pour beaucoup d’autres étudiantes, rejetée, elle y poursuit donc un cursus d’études textiles de 1952 à 1959.
Après ses études, elle participe à un grand nombre d’expositions nationales et internationales d’arts appliqués réunissant des artistes femmes des républiques socialistes soviétiques. Ce domaine ne lui apportant toutefois pas la liberté d’expression à laquelle elle aspire, K. Zimblytė se tourne vers un mode d’expression interdit par l’idéologie soviétique, l’abstraction, considéré comme un art « bourgeois », issu de l’influence néfaste de la culture occidentale. Sa première exposition abstraite, organisée dans les locaux de la maison d’édition Vaga (1968), fait scandale et est démontée le lendemain du vernissage. Faisant fi des interdictions, K. Zimblytė se fait connaître dans les milieux culturels clandestins, non seulement en Lituanie, mais aussi à Moscou. C’est seulement après la chute de l’Union soviétique que les artistes abstraits présentent leurs œuvres au grand public. La première exposition personnelle de K. Zimblytė a lieu en 1988, alors que la Lituanie reconquiert son indépendance.
Les traits figuratifs, proches des arts premiers, de ses œuvres des années 1960 évoluent rapidement vers l’abstraction. Dans les années 1970 et 1980, elle travaille essentiellement avec des nuances bleues et vertes, puis, vers la fin des années 1990, elle passe à des palettes monochromes noires, brunes et blanches. Elle utilise différents matériaux, jouant avec la superposition des couches et les textures.
L’artiste s’intéresse au pouvoir évocateur des couleurs et à leurs effets sur les émotions, aux interactions du plan et de la profondeur et à la tension qu’ils entretiennent. Son langage graphique se limite à des moyens d’expression minimalistes : la couleur, le rythme, la surface, la profondeur. Dans Erdvė [Espace, 1991], l’artiste produit une impression d’espace à travers le collage. Au centre d’un aplat blanc s’ouvre un autre espace en profondeur, comme une porte sur l’inconnu. Ses œuvres abstraites comportent des successions de figures géométriques, donnant une impression de mouvement et représentant le flux des émotions, comme dans la série In memoriam (1980-1988).
Ces travaux contribuent à la modernisation de la peinture en Lituanie pendant la seconde moitié du xxe siècle. Même si l’art abstrait retrouve finalement tous ses droits et que K. Zimblytė organise quelques expositions personnelles, son succès reste modeste, et c’est dans la misère et la solitude qu’elle s’éteint. Ses œuvres sont conservées au Musée national d’art de Lituanie, au MO muziejus et dans des collections privées.
Une notice produite en partenariat avec Artnews.lt et Echo Gone Wrong dans le cadre de la Saison France-Lituanie 2024.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2024