Strand, Clare. Girl Plays with Snake, Londres, MACK, 2016
→Strand, Clare. Starck, Philippe. Skirts, Londres, GOST, 2013
→Eskildsen, Ute. Schlüter, Maik. Chandler David. Strand, Clare. Clare Strand Monograph, Göttingen, Steidl and Photoworks 2009
The Colder the Weather the Warmer the Hearts, NOUA Gallery, Bodø, Norway, 29 septembrre – 10 octobre 2023
→The Discrete Channel with Noise, Centre Photographique d’Ile-de-France (CPIF) Paris, 8 avril – 8 juillet 2018
→Clare Strand Photographie Und Video, Museum Folkwang, Essen, Germany, 2009
Artiste britannique travaillant avec la photographie.
La pratique artistique de Clare Strand est nourrie par la photographie et par le statut changeant des images dans la société contemporaine. Ses œuvres, qui utilisent principalement la photographie mais aussi d’autres médiums tels que l’installation et même la peinture, questionnent le rôle des images dans la compréhension de soi-même, ainsi que la manière dont la technologie a transformé l’idée contemporaine de leur fabrication. Dans sa biographie, C. Strand, qui est diplômée d’un Master of Arts en photographie du Royal College of Art de Londres, revient sur sa formation, centrée sur ce médium, en se définissant comme « une artiste qui travaille avec mais principalement contre la photographie ». Ainsi, à travers son œuvre, elle met au défi, fait référence à, se fonde sur et étend l’histoire de la photographie, dans une perspective féministe et contemporaine bien distincte.
Dans son travail, C. Strand associe la photographie à une approche matérielle. Dans Snake (2017), elle utilise des images trouvées de femmes et de filles tenant des serpents (ou les regardant affectueusement) et y imprime des vers de poésie, créant une série étonnamment tendre. Dans son exposition de 2023, The Colder the Weather the Warmer the Hearts, à la galerie NŌUA de Bodø, en Norvège, l’artiste part d’images issues des archives du Nordland qu’elle imprime sur des vêtements. Elle met ensuite en scène un défilé de mode où des habitantes portent ces vêtements, réintroduisant ainsi l’histoire locale au sein de la communauté. Men Only Tower (2017) consiste en une sculpture faite à partir d’une boîte en verre placée sur un socle et renfermant soixante-huit numéros de Men Only, un magazine britannique qui déclarait sans honte ne pas avoir de lectrices féminines et ne pas en avoir besoin. Matérialisant cette histoire, Men Only Tower n’est pas une photographie en elle-même, mais dans un acte de subversion l’artiste a placé au cœur des magazines ses tirages scellées dans des enveloppes noires.
L’idée élargie de la photographie que C. Strand présente dans ses œuvres est soutenue par une conception ambitieuse de ce que ce médium pourrait être. Elle cherche à commenter la circulation et la distribution des images. Dans son livre d’artiste Negatives… for Fun with Clare Strand’s Photography (Multipress, 2019), elle met à disposition des lecteurs ses propres photographies sous forme de négatifs, afin qu’ils puissent en faire des tirages.
The Discrete Channel with Noise (2018) a valu à C. Strand d’être nommée pour le prix de la Deutsche Börse Photography Foundation en 2020, grâce à sa présentation à la Photographers Gallery de Londres la même année. Dans cette œuvre, réalisée lors d’une résidence à Paris, l’artiste peint des photographies existantes que son mari lui décrit par téléphone en réduisant l’image en une grille et en décrivant le niveau de gris de chaque carré. À l’autre bout du fil, C. Strand retranscrit cette description à l’acrylique sur des feuilles de grand format, comme un fax humain. Il n’est donc pas surprenant que les peintures résultant de ce travail soient des grilles en noir et blanc évoquant des pixels. La grande attention qu’elle porte à l’histoire de la photographie et à ses usages signifie que la plupart de ses œuvres sont tout sauf traditionnelles. En ce sens, elles font naître chez le spectateur le sentiment que les images sont ambiguës et perpétuellement changeantes, que les photographies ne sont pas des choses stables et que leurs significations évoluent – c’est-à-dire le sentiment que le monde n’est pas exactement ce qu’il semble être ou qu’il ne correspond pas à la représentation qui en est faite.
Les efforts de C. Strand pour élargir la conception et la définition de la photographie ont conduit à ce que son travail soit présenté dans des livres et des magazines de photographie à travers le monde, ainsi que dans la collection du Victoria and Albert Museum au Royaume-Uni, du Centre Pompidou de Paris, du MoMa de New York ainsi que dans des collections privées.
Une notice réalisée dans le cadre du programme +1.
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