Meller-Yamguchi, Shir, Dalia Netzer-Tzafir (dir.), Existence Cell, cat. exp., musée Wilfrid Israël, Kibbutz Hazorea (mai-février 2021), Kibbutz Hazorea, Musée Wilfrid Israël, 2021
→Yonatan Amir, « States of Transitions: Transformation, Transgression and Traditionalism in the oeuvre of Etti Abergel » (en hébreu), Erev-Rav Magazine, 2020
→Etti Abergel, Journal d’installations (en hébreu), Jérusalem, autoédité, 2008
Etti Abergel: de-decodage, galerie Mezzanin, Genève, 13 septembre – 17 novembre 2019
→Etti Abergel: Sculpture, musée Negev, Beer-sheva, 27 février – 2 juin 2018
→Archaeology of Otherness, musée Bar-David d’art et d’art judaïque, Kibbutz Bar’am, 25 février – 31 octobre 2017
Artiste multidisciplinaire israélienne.
La carrière artistique d’Etti Abergel commence au début des années 1980 avec un bachelor en beaux-arts de l’académie des arts et du design Bezalel de Jérusalem. L’artiste se met à exposer ses œuvres une décennie plus tard, au milieu des années 1990. E. Abergel travaille avant tout à des installations, une pratique qu’elle élargit progressivement en développant les aspects sculpturaux, picturaux et architecturaux. Au fil des années, son œuvre aborde deux questions majeures et parallèles : d’une part, un dialogue avec l’art occidental du XXe siècle qui interroge le lien entre modernisme et postmodernisme dans la seconde moitié du siècle et, d’autre part, son identité en tant qu’artiste juive mizrahi, née dans une famille traditionnelle immigrée du Maroc et installée dans le nord d’Israël. Les deux thèmes sont pluriels : artistiques et biographiques, internationaux et locaux, contemporains, modernistes et historiques. E. Abergel développe et affronte ces deux questions par l’usage de grilles, de ready-made et du principe de « déqualification » (deskilling).
Les grilles ne sont pas seulement incarnées dans les œuvres d’E. Abergel, elles constituent aussi un motif dans des carrelages, des piliers ou des barrières. Comme on le voit clairement dans Cosmic Work [Œuvre cosmique, 2006] et Archeology of Otherness [Archéologie de l’altérité, 2017], elles apparaissent sous différentes formes : dressées ou sur le point de s’effondrer, ordonnées et méthodiques, mais en même temps chaotiques et démaillées. Dans les détails de Sculpture (2018), Two Moons [Deux lunes, 2014] et Other Objects [Autres objets, 2011], les ready-made et la déqualification confèrent aux installations leur caractère sculptural en intégrant des objets du quotidien, tels des stylos, des ustensiles de cuisine, des caisses, des bouteilles et du fil de fer, avec des interventions artistiques telles que des reliures grossières, de la peinture déversée sur des sculptures, du bris, des attaches, de l’emballage, du pliage ou encore de l’empilement.
De nombreuses installations d’E. Abergel sont réalisées à partir de paniers, de boîtes, de bouteilles et de cordages. Le geste artistique transforme ces marchandises bon marché, anonymes et industrielles en des objets personnels, porteurs de sens, grâce à des actions qui les déconstruisent presque, par exemple en les collant, en les nouant ou simplement en les emballant. E. Abergel utilise des techniques « déqualifiées » à la façon dadaïste. Cependant, plutôt que de remettre en cause, en tant qu’artiste moderniste, l’œuvre traditionnelle, elle adopte une approche quelque peu anarchiste du savoir-faire et de l’éducation académique, employant des méthodes contemporaines pour créer des pièces « surqualifiées ». Ses techniques, qui étaient à l’origine des anti-techniques, deviennent une expression de la virtuosité et de la sagesse incarnées dans les mains de l’artiste.
Dans sa démarche, E. Abergel adopte les techniques des modernistes du début du XXe siècle, mais aussi la critique les concernant dans la seconde moitié du siècle. Attentive, mais autonome vis-à-vis des traditions artistiques comme familiales, l’artiste réinterprète les fondements de ces tendances dans un dialogue. L’image de la grille, sortie de son espace calibré et placé dans celui de l’installation, crée des trop-pleins qui viennent saborder la sensation d’ordre et de stabilité que ce motif est censé procurer. L’expression artistique libérée résonne soudain dans le monde du travail à la chaîne, de l’emballage et de la manutention. L’objet qui déconstruisait l’identité devient celui qui la porte et la déqualification se change en requalification.
En 2003, la carrière d’E. Abergel reçoit une attention internationale significative lorsque le conservateur Francesco Bonami l’invite à participer à la Biennale de Venise. Depuis, l’artiste a pris part à de nombreuses expositions collectives et personnelles en Israël et à l’étranger.
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