Althaus Karin, Mühling Matthias, Schneider Sebastian, World receivers: Georgiana Houghton, Hilma af Klint, Emma Kunz, and John Whitney, James Whitney, Harry Smith, galerie municipal de la Lenbachhaus, Munich, 6 novembre 2018 – 10 mars 2019
Not without My Ghosts: The Artist as medium, the Drawing Room and Hayward Gallery Touring, Londres, 10 septembre – 1 novembre 2020
→Georgiana Houghton : Spirit Drawings, The Courtauld Gallery, Londres, 16 juin – 11 septembre 2016
Peintre médiumnique hispano-britannique.
Georgiana Houghton est une spirite et artiste médiumnique prolifique des années 1860 au début des années 1870 qui s’impose comme l’une des figures les plus en vue du mouvement. Elle s’intéresse pour la première fois au spiritisme en 1859 lorsque son cousin lui présente une personnalité médium spirite connue sous le nom de Mrs. Marshall. G. Houghton a reçu une éducation artistique (elle a peut-être étudié en France) et pratique la photographie depuis plusieurs années déjà mais elle est attirée par la pièce obscure préparée pour la séance. C’est là qu’elle exécute ses premiers dessins spirites, d’abord à l’aide d’une planchette puis à main levée. Très rapidement, sa main est guidée par divers esprits qu’elle surnomme ses « amis invisibles » et parmi lesquels se manifestent des membres de sa famille et des artistes de la Renaissance.
Ses dessins spirites consistent initialement en des compositions florales figuratives. G. Houghton ne tarde toutefois pas à développer un langage visuel propre, imaginant un système complexe de couleurs qui renvoient non seulement à des humeurs particulières mais, s’inspirant de ses convictions millénaristes profondes, font également référence à des symboles chrétiens dont une partie relève essentiellement de la sainte Trinité. Les œuvres qui en résultent vont de la représentation de figures émanant du monde des esprits à des « portraits » spirituels de ses amis. Ses dessins spirites, exécutés à l’aquarelle et à la gouache, sont souvent réalisés dans un état de demi-transe, sans dessin préparatoire, et requièrent pour certains jusqu’à six mois de travail.
L’œuvre de G. Houghton va considérablement évoluer au cours des trois décennies qui président à la création de ses dessins spirites. Alors que ses premiers travaux se distinguent par un style figuratif et floral, son langage visuel devient plus abstrait en apparence, plus complexe et sophistiqué à partir du milieu des années 1860 comme permet de l’observer un dessin intitulé The Spirit of Peace (1865) où sont déjà visibles les lignes sinueuses, les pointillés et les traits de gouache et d’aquarelle délicatement tracés qu’elle applique en couches successives caractéristiques. Parallèlement à ces dessins, G. Houghton exécute un certain nombre de « portraits » abstraits de ses contemporains. The Spiritual Crown of Annie Mary Howitt (1867) se compose d’une multitude de cercles gris foncé et blancs qui se superposent à un fond abstrait de formes et de lignes colorées. Il semblerait que G. Houghton ait expliqué que plus l’amitié qui la liait à son modèle était intime, plus les lignes de ses portraits étaient appuyées et denses. Les années passant, la palette de G. Houghton s’assombrit comme en témoigne un dessin tardif réalisé vers 1872 dans lequel elle crée une masse en forme de tête à l’aide d’une multitude d’entrelacs, de spirales et de volutes de gouache blanche qui émergent sur un fond recouvert de lignes épaisses déclinées dans des tons bruns.
Dans la lignée des artistes spirites de son temps, G. Houghton accorde une attention particulière à exprimer la connexion entre le monde matériel visible et le monde invisible des esprits dans l’au-delà. Elle mêle les motivations qui nourrissent ses ambitions spirites à sa volonté de se faire connaître en tant qu’artiste et les concrétisent dans une exposition qui regroupe 155 de ses œuvres à Londres en 1871. L’événement est largement commenté dans la presse nationale et spirite et reçoit même un accueil positif de la part de certains critiques. Ces faits se déroulent à une époque où les œuvres les plus radicales produites sur la scène londonienne sont les tableaux de la Tamise peints par Claude Monet (1940-1926) et la série des Nocturnes de James Abbott McNeill Whistler (1834-1903).
Publication en partenariat avec le Centre Pompidou, dans le cadre de l’exposition Elles font l’abstraction présentée au Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Galerie 1, Paris, du 5 mai au 23 août 2021, sous le commissariat de Christine Macel et de Karolina Ziebinska-Lewandowska (pour la photographie), assistées de Laure Chauvelot. Notice tirée du catalogue de l’exposition publié par les éditions du Centre Pompidou ©Éditions du Centre Pompidou, 2021