Wessels, Joshka, Documenting Syria. Filmmaking, Video Activism and Revolution, London, I.B. Tauris, 2019
→Van de Peer, Stefanie, “Hala Alabdallah Yakoub: Documentary as Poetic Subjective Experience in Syria”, in S. Van de Peer, Negotiating Dissidence. The Pioneering Women of Arab Documentary, Edinburgh, Edinburgh University Press, 2018, p. 194-224
→Armes, Roy, New Voices in Arab Cinema, Indiana University Press, 2015
Présences arabes. Art moderne et décolonisation. Paris 1908-1988, Musée d’art moderne de Paris, Paris, 3 avril – 25 août 2024
→Doc Fortnight 2022. MoMA’s Festival of International Nonfiction Film and Media, MoMa, New York, 23 février – 10 mars 2022
→Cultural Resistance. Documentary Cinema and Contemporary Syria. Talks, Discussions, Screenings, Haus der Kulturen der Welt, Berlin, 8 décembre 2007 – 13 janvier 2008
Artiste, cinéaste et militante syrienne.
Hala Alabdalla allie la pratique du cinéma documentaire à celle de l’installation multimédia. Elle a grandi avec le Ciné-club de Damas, dans les années 1970, où elle rencontre ses pairs : Omar Amiralay (1944–2011) et Mohammad Malas (1945-), qui deviennent ses amis et forment avec elle un collectif de cinéastes et la plateforme de production Ramad Films, dont H. Alabdalla prendra la direction.
Engagée politiquement, elle est arrêtée une première fois à l’âge de 20 ans et passe 14 mois en prison, sous le régime obscurantiste de Hafez Al Assad qui emprisonne notamment les intellectuel·les, les cinéastes. Après une seconde détention, elle est libérée au début des années 1980, tout comme son compagnon, l’artiste syrien Youssef Abdelké (1951-), avec qui elle s’exile à Paris en 1981 – où H. Alabdalla étudie l’anthropologie du monde arabe à l’École des hautes études en sciences sociales et le cinéma à l’université Paris VIII.
Je suis celle qui porte les fleurs vers sa tombe (2006), sélectionné et primé au Festival international du film de Venise, est le film qui la révèle : une épopée existentielle à travers les destins, les rêves et les déceptions de femmes syriennes. Il incarne une révolution de la parole et anticipe les espoirs soulevés avec la révolution syrienne qui débute en 2011. Dans son prolongement, Hé ! N’oublie pas le cumin (2008) traite de l’exil, de la folie et de la mort à travers les récits tragiques de trois artistes.
Comme si nous attrapions un cobra (2012) est un film-enquête, réalisé entre la Syrie et l’Égypte, au contact de différent·es dessinateur·rices caricaturistes mobilisé·es lors des mouvements sociaux et insurrections de 2011. H. Alabdalla cherche à comprendre leurs modes d’expression, leur marge de manœuvre face à la censure et tout ce que leur art, digne de l’équilibrisme, dit des sociétés civiles arabes.
Un assiégé comme moi (2016) est un portrait atypique de l’éditeur syrien Farouk Mardam-Bey, qui a dédié sa vie à faire connaître la poésie et la pensée arabe contemporaine. Cette série de portraits, compte également Omar Amiralay : la douleur, le temps, le silence (2021), qui retrace l’engagement d’un cinéaste et Danse contre les loups (2021), sur un jeune artiste qui poursuit sa vie en France à l’école des beaux-arts de Bourges, après des années de prison en Syrie.
Les films de H. Alabdalla mêlent récits d’exil et témoignages militants, la poétique du temps et de l’espace, la nostalgie et l’urgence. Ils mettent le combat pour la liberté cinématographique au service des libertés individuelles.
Sa dernière installation multimédia Mon exil, ton exil, notre exil, montrée au musée d’Art moderne de Paris en 2024, se compose de bribes du film Je suis celle qui porte les fleurs vers sa tombe ; un remontage de souvenirs autobiographiques, augmenté des lettres d’amours échangées entre H. Alabdalla et Y. Abdelké en prison, écrites sur des petits papiers à cigarettes et cachées dans de minuscules sculptures en mie de pain.
H. Alabdalla œuvre dans la sauvegarde et la valorisation du cinéma syrien, aidant à la réalisation et la circulation des films d’autres réalisateur·rices – par le biais de festivals auxquels elle participe en tant que programmatrice, discutante et passeuse. Ses films et installations ont été projetés dans des musées comme le MoMA de New York ou la Haus der Kulturen der Welt de Berlin et dans des festivals internationaux.
Une notice réalisée en collaboration avec le Musée d’Art Moderne de Paris et Zamân Books & Curating dans le dans le cadre du programme Role Models
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2025