Scott, Chad, « Jean LaMarr’s Journey from Villain to Hero at Nevada Art Museum », Forbes, 30 janvier 2022
→Wolfe, Ann M., Jean LaMarr, Reno, Nevada Museum of Art, 2020
→LaMarr, Jean, « Interview with Jean LaMarr: Supporting Native pride; A Native American artist talks about her community art project for reservation and urban youth », Cultural Survival Quarterly, vol. 16, no 3, 31 juillet 1992, p. 30
The Art of Jean LaMarr, Nevada Museum of Art, Reno, 29 janvier – 29 mai 2022 ; Boise Art Museum, Boise, 28 janvier – 11 juin 2023
→Violently Volatile: Selected Mixed Media Works from 1974 to 1995, The C.N. Gorman Museum, Davis, 7 avril – 16 juin 1995
Artiste pluridisciplinaire états-unienne paiute du Nord (Pit River).
Jean LaMarr, ou Pahime Gutne (Fleur pourpre), est une artiste pluridisciplinaire connue principalement pour ses impressions, ses tableaux et ses fresques. Au cours de ses cinquante ans de carrière, elle a dépeint à travers son art la vie des communautés amérindiennes.
J. LaMarr naît à Susanville, en Californie, et, à l’âge adulte, déménage à San José. Son installation à la ville est financée par un programme de relogement américain dont l’objectif est d’intégrer les Amérindien·ne·s au sein de la société dominante en les transférant des réserves aux grands centres urbains du pays. J. LaMarr obtient une licence d’art au San Jose City College en 1973, puis un master d’art à l’université de Californie, à Berkeley, en 1976.
Pendant ses études, la scène artistique états-unienne est dominée par l’abstraction et le modernisme européens. L’artiste peint des paysages abstraits pour s’adapter au cadre scolaire, mais superpose par-dessus des images de sa famille et de ses amis. Elle évite cependant de montrer ces œuvres à ses professeur·e·s de peur qu’ils et elles ne les qualifient d’« art populaire ». J. LaMarr reproduira néanmoins ce style tout au long de sa carrière. Une œuvre telle que Going Back to the Rez (1974) fait ainsi à la fois usage de paysages abstraits et de portraits réalistes pour bâtir une réflexion sur la vie amérindienne contemporaine, tandis que Urban Indian Girls (1982), réalisé au crayon plutôt qu’à la peinture, aborde également les vécus amérindiens à la fin du XXe siècle tout en rejetant les stéréotypes raciaux. Plus tard dans sa carrière, J. LaMarr expérimente aussi le collage photographique. Pour Lena, 1922 and Now (1985), l’artiste a récupéré une photographie de sa grand-tante Lena prise par l’anthropologue Edward W. Gifford et censée démontrer son infériorité physique et raciale. Puis l’artiste a juxtaposé cette image avec un cliché issu de la collection personnelle de sa famille. Avec cette œuvre, J. LaMarr montre la sagesse et la vitalité de Lena en tant qu’ancienne de la tribu, la soustrayant ainsi à l’image d’origine, dans laquelle elle est réduite à un simple spécimen d’étude.
Pendant ses études universitaires, la jeune femme s’implique dans les mouvements naissants Chicanx et Red Power. Elle apprend la technique de la fresque auprès d’artistes chicano·a et s’intéresse de plus en plus aux usages politiques de l’art. Dès lors, J. LaMarr s’efforce de rendre son art accessible au plus grand nombre en créant des fresques, des impressions et des affiches. Elle offre ses services artistiques et son soutien au mouvement Indians of All Tribes lors de son occupation de l’île d’Alcatraz (1969-1971) et à la tribu de Pit River dans le cadre de ses luttes dans le comté de Shasta, en Californie (1970). Les œuvres qu’elle crée à cette époque comprennent des fresques et des affiches d’événements, comme Support Wounded Knee (1973).
En 1994, J. LaMarr fonde le Native American Graphic Workshop dans sa ville natale de Susanville. L’atelier a vocation à enseigner l’impression et d’autres techniques artistiques aux Amérindien·ne·s de tous âges. En 2022, le Nevada Art Museum lui consacre une rétrospective avec plus de cent tableaux, impressions et œuvres pluridisciplinaires datant des années 1970 à 2022. Ses œuvres ont été exposées à de nombreuses reprises et sont présentes dans plusieurs collections permanentes, dont celles du National Museum of the American Indian à Washington et du Crocker Art Museum à Sacramento.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring